L’annulation des accords de pêche entre l’Union Européenne et le Maroc

Les accords sur la pêche et l’agriculture signés par le Maroc avec l’UE sont annulés. Le Sahara occidental n’ayant pas été reconnu sur le plan international comme une partie intégrante du Maroc, ce dernier se voit contester le droit de recevoir des droits payants de la part des bateaux européens qui viennent pêcher au large du Sahara. Les tomates et melons qui poussent sur ces terresne peuvent plus être étiquetés « Maroc ».

Ian Hamel         

À Dakhla, la deuxième ville du Sahara occidental, à moins d’être un grand amateur de viande de chameau, il est difficile de refuser dans les restaurants le plat du jour, à base de poisson, à midi comme le soir. Au Talha Mar, gargote les pieds dans l’eau, la douzaine d’huitres est à moins de cinq euros et la langouste à huit. Cette longue bande côtière désertique de 230 000 km, coincée entre le Maroc au nord, l’Algérie à l’est et la Mauritanie au sud, possède les eaux parmi les plus poissonneuses du monde. Quand, dans les années soixante-dix, l’ancien colonisateur espagnol quitte le Sahara occidental, il n’oublie pas de signer un accord de pêche avec le Maroc, qui a pris possession du territoire. « Il fallait donner à manger aux grandes compagnies galiciennes qui, sans cela, auraient été obligées de mettre la clé sous la porte ». 

Sous la pression des Espagnols et des Français, grands amateurs du poisson pêché au large des côtes du Sahara occidental, les accords sur la pêche et l’agriculture ont été passés en 2019 pour quatre ans. Les Marocains touchent des millions d’euros, les pêcheurs européens prélèvent des centaines de milliers de tonnes de poisson dans les eaux sahraouis.

Seulement voilà, le Sahara occidental reste un territoire non autonome. Il n’appartient toujours pas au Maroc. En 2021, la Cour de justice de l’UE avait statué en faveur du Front Polisario, le parti indépendantiste, soutenu par l’Algérie, estimant que l’accord violait les droits des habitants du Sahara occidental. Pour Bruxelles, ce territoire est bien « séparé et distinct » de Royaume du Maroc. Une “broutille“ qui a sans doute échappée aux très compétents juristes à Bruxelles pendant des années.

En 2011, Carl Haglund, un élu finlandais, s’intéresse à ces 36 millions d’euros versés par l’UE au Maroc au titre de la « compensation pour accès aux eaux ». L’Europe ne soutient-il pas le processus onusien d’autodétermination du peuple sahraoui ? Le député demande donc de bloquer la prolongation du protocole. Ce qui vient d’êtreofficiellement acté par les autorités européennes

 

 

 

 

    

 

 

 

 

 

(*) Florence Autret, « Sahara occidental. L’Europe complice d’une colonisation illégale », 4 mars 2023.