L’indulgence de la justice suisse pour les frasques du clan Khadafi

 Un ancien employé du Credit Suisse aurait dû dénoncer les comptes d’Ali Dabaiba, financier de Mouammar Kadhafi, dès 2011. Il est très gentiment sanctionné pour avoir un peu tardé de le faire…     

Cet ancien employé est incontestablement à plaindre. Non seulement sa banque, le Credit Suisse, a été avalée par l’UBS, le principal établissement helvétique, mais aux 2 000 francs suisses d’amende (2 120 euros), il doit également régler 370 francs (392 euros) de frais de justice. Comble de l’injustice, cet employé subalterne est sanctionné alors que tous ses supérieurs échappent au courroux du Département fédéral des finances… Rappelons que l’ancien dictateur libyen est mort en 2011 et que la sanction est tombée le 26 août 2024. Dorénavant, les employés de banque indélicats de la Confédération n’ont plus qu’à bien se tenir…  

Cette truculente affaire est racontée dans le détail par le site suisse Gotham City, qui raconte l’actualité des affaires par les sources judiciaires. Ali Ibrahim Dabaida, sa famille et l’un de ses proches possédaient des comptes au Credit Suisse depuis fort longtemps. Après la chute du Guide de la révolution, le financier, qui dirigeait l’Organisation libyenne pour le Développement des Centres Administratifs (ODAC) est accusé d’avoir détourné sept milliards de fonds publics. Le Credit Suisse aurait dû bloquer immédiatement tous les comptes et avertir le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS). 

L’établissement bancaire s’est contentée de fermer discrètement plusieurs comptes d’Ali Dabaiba et de ses deux fils, mais d’autres sont restés ouverts « jusqu’en 2014 et au-delà. Des dizaines de millions y ont transité », écrit Gotham City. Le site rappelle que le beau-frère de Dabaiba, l’homme d’affaires libyen Ahmed Lamium, possédait également des comptes au Credit Suisse. La banque ne l’a éjecté qu’en 2015.