La Fondation Temimi pour la recherche scientifique et l’information met en lumière, pour la jeunesse maghrébine, une lecture approfondie et indépendante de leur histoire nationale. Ces universitaires de premier plan valorisent les personnalités politiques qui ont contribué à l’émancipation des peuples d’Afrique du Nord. Ahmed Taleb el Ibrahimmi, l’ancien ministre de Boumedienne et de Chadli, est un d’entre eux. Cette personnalité de premier plan a servi les gouvernements successifs en conservant une image forte et consensuelle dans l’opinion algérienne. Ce qui explique qu’il continue à jouer discrètement un rôle de conseiller influent auprès de la Présidence algérienne..
Une chronique de Djafar Amokrane
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Après le coup d’État de Boumedienne, il a été son ministre de l’éducation de 1965 à 1970, puis de l’information et de la culture de 1970 à 1977. Il a enchaîné en tant que ministre des affaires étrangères du président Chadli Bendjedid de 1982 à 1988. Il a tenté un come-back sur la scène politique lors de l’élection présidentielle anticipée, pourtant promis par le chef d’État major Mohamed LAMARI comme ouverte à tous, en tant que candidat libre. Il s’est retiré en compagnie des 5 candidats après le passage en force du candidat des casernes Abdelaziz Bouteflika à travers des fraudes avérées.
Cette personnalité politique de poids tente une candidature en 2004, sciemment disqualifié par la mascarade de Mohamed Bejaoui, président du conseil constitutionnel qui a évoqué « l’air marin » qui a endommagé les serrures des urnes où sont entreposés les formulaires utiles au scrutin. Taleb a compris que le pacte entre l’armée et Abdelaziz Bouteflika est scellé, Même l’agrément de son parti, « Wafa », n’a pas été accordé par le ministère de l’Intérieur de Bouteflika, sans doute jaloux de l’aura de ce grand serviteur de l’Algérie
Taleb, Habib Bouguiba et Ferhat Hachad
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Depuis sa création, en 1974, par l’historien tunisien Abdeljelil Temimi, et à travers sa « Revue d’histoire maghrébine », l’activité de la Fondation Temimi n’a cessé de marquer son espace académique dans le domaine relevant de l’histoire du Maghreb. Plusieurs congrès consacrés à des personnalités maghrébines, comme Bourguiba, « le premier Président de la Tunisie et Ferhat Hachad, ont été couronnés de succès permettant aux universitaires de constituer un corpus sur l’histoire contemporaine de l’Algérie.
Le 22 février 2025, la fondation organise une conférence consacré à Ahmed Taleb El Ibrahimi. Il est vrai que la conjoncture est propice, les relations entre l’Algérie et la Tunisie sont aux beau fixe,. des nombreux projets de développement entre les deux pays sont en cours. L’ancien ministre de Boumedienne et de Chadli a joué un rôle dans le renforcement des relations fraternelles entre les deux peuples.
Depuis son retrait de la vie politique, après l’élection présidentielle de 1999 et sa disqualification orchestrée de celle de 2004, il a consacré le reste de son temps à l’écriture de l’histoire. Il a produit plusieurs ouvrages relatant un pont important de l’histoire au sein du mouvement national. « Lettre de prison », « Mémoire d’un algérien rédigé en plusieurs tome » sont autant de témoignages dans un parcours de lutte pour la libération du pays et de la construction de État après l’indépendance. Les combats avortés d’intégration régionale au Maghreb sont relatés dans le derniers ouvrages. Ceux ci peuvent servir de cadre de réflexion pour de nouvelles perspectives de construction maghrébine.
La démarche de la fondation Temimi consolide les liens historiques entre la Tunisie et l’Algérie dans un contexte régional fragmenté. Une occasion pour rappeler les sacrifices partagés du massacre de Saquiet Sidi Youcef, commis par l’armée française le 8 février 1958, dont on célèbre le 67ème anniverssaire à cette occasion,
Un politique doublé d’un intellectuel
Il est pratiquement le seul homme politique qui a écrit ses mémoires en plusieurs volumes. Ses publications seront d’une grande utilité, pour les générations montantes dans la lecture mais aussi l’écriture de l’histoire. Il est connu du personnel politique algérien de quitter ce monde avec des secrets amenés dans leur tombe privant ainsi des générations de connaître des ponts de leur histoire.
Issu de famille de lettré, étant le fils de Cheikh El Bachir El Ibrahimi président de l’association des Oulémas algérien, il est le président de l’UGEMA (union générale des étudiants musulmans algériens) en France. Arrêté et incarcéré à la prison de la santé à Paris jusqu’au 19 mars 1962. Des cinq années passées dans les prisons françaises, il faut ajouter les 8 mois passés dans la prison du premier président de l’Algérie indépendante.
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