Cette Europe de la Défense qui allait sauver l’Ukraine

Des paroles aux actes, il y a un large fossé que l’Union Européenne ne pourra évidemment pas franchir malgré les bonnes paroles prononcées en faveur d’un soutien à l’Ukraine et d’une volonté de construire une Europe de la Défense. Autant de mots d’ordre répétés à l’envie depuis le début du conflit voici trois ans et demie entre l’Ukraine et la Russie sans que l’Europe ne parvienne à jour vraiment une seule et même partition comme le prouve de façon humiliante son absence au sommet qui vient d’avoir lieu en Alaska entre Trump et Poutine ce vendredi soir. 

Lors de la dernière de ces grands messes qui ne servent pas à pas grand chose, l’Union Européenne (UE) s’est dite prête, en mars dernier, à dépenser jusqu’à 800 milliards  d’euros pour renforcer une politique commune de défense. Une vaste réforme des règles budgétaires communes permettrait, nous dit-on, d’atteindre cet objectif. La plupart des États ne bouclent pas leurs fins de mois? Peu importe! C’est cela ou les chars russes place de la Concorde! L’effort de guerre face à l’ennemi désigné, Vladimir Poutine, serait financé par l’endettement, forcément, malgré toutes les déclarations alarmistes sur le chèque monumental déja tiré sur les générations futures.

Peu importe que l’UE ait été incapable, depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, de construire cette fameuse Europe de la Défense. Ces temps là, nous dit-on, sont révolus. Poutine n’a qu’à bien se tenir! Nos experts et autres spécialistes veulent croire qu’une Europe rassemblée se substituera à une Amérique défaillante qui a stoppé tout appui du renseignement américain à l’Ukraine et pourrait, demain, arrêter la livraison des armements. C’est ainsi que le Monde titrait voici quelque smois « l’UE ouvre la voie à un grand réarmement ».

Plus dure sera la chute 

Les Européens sont-ils vraiment prêts à mourir pour Kiev comme veut le croire Emmanuel Macron transformé, comme pour lors de la crise du Covid, en chef de guerre? Qui peut le croire dans cette course au déni? Comment les opinions publiques occidentales pourraient-elles se laisser convaincre  par des forces politiques elles mêmes démunies face au chaos mondial et au retournement des alliances? Pourquoi des électeurs soutiendraient un tel effort de guerre alors qu’ils assistent au bouclage laborieux des budgets nationaux? Rien de plus aisé désormais pour les mouvements politiques de la droite extrème et de la gauche radicale fascinés par Trump et par Poutine que d’exploiter ces contradictions et ces rodomontades.

Imaginons l’inimaginable, à savoir que l’UE débourse les 800 milliards d’euros. Pour autant, cette Europe où coexistent des Italiens pro Trump, des Hongrois pro Poutine, des Français gesticulant et des Allemands pragmatiques, aura quelque peine à unir ses efforts en matière de défense. De toute façon, ce réarmement s’il se produisait ne porterait ses fruits que d’ici plusieurs années, alors que le revirement américain sur son soutien à l’Ukraine depuis l’arrivée au pouvoir de Trump supposerait un soutien européen quasiment immédiat. 

 « Il y a eu un avachissement » de la classe politique française face aux enjeux internationaux, constatait récemment François Hollande. On ne peut pas lui donner tort.