Une presse sénégalaise dans l’impasse, mal vue par le nouveau pouvoir, ne sait comment sortir de l’ornière dans laquelle elle se débat depuis plusieurs années. Depuis une semaine, les organisations professionnelles enchaînent les réunions.
Vendredi 9 août, c’était donc au tour des patrons des entreprises de presse de se retrouver et décider de la façon de procéder pour tenter d’alerter l’opinion nationale sur cette situation économique désastreuse des journaux sénégalais. D’ailleurs, à défaut de trouver les moyens de renflouer leurs caisses, les patrons de presse pourraient même se contenter de petits apports pouvant juste assurer leur survie. Mais il n’y a aucun moyen pour financer cette solution a minima parce que les éditeurs sénégalais se sentent bien seuls.
L’épidémie du Covid-19 a accentué la crise. « Nous avons tenté de nous maintenir bien qu’on observait des déficits et nous avions le projet de soumettre un plan de restructuration de la presse. Mais malheureusement, le nouveau régime est sourd pour toutes négociations ou toutes discussions », en désespère Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS).
Malaise avec les autorités
Les relations entre le nouveau pouvoir et la presse sont depuis plusieurs mois notoirement mauvaises. Le Premier ministre Ousmane Sonko accuse régulièrement les journaux sénégalais de ne pas être professionnels. En retour, ceux-ci ne manquent pas une occasion de relever l’ingratitude du nouveau pouvoir qui doit beaucoup à la presse sénégalaise. Les patrons de presse sont aussi convaincus que le gouvernement Sonko élabore des décisions politiques qualifiées d’hostiles, sur la fiscalité ou encore la publicité
« ous allons valider un plan d’actions qui va comporter des journées sans presse, mais ce sera aussi une presse avec des écrans noirs. On prévoit aussi des actions de sensibilisation de l’opinion publique nationale et internationale. Nous n’excluons aucune alternative pour vraiment montrer que la liberté de la presse est en danger au Sénégal », ont expliqué certains patrons.
Mais au-delà de ces actions coup de poing, les patrons de presse du Sénégal comptent surtout sur les lecteurs et plus largement sur tous les citoyens pour défendre la variété du paysage médiatique sénégalais. Avec l’espoir qu’ils pourront ainsi attirer l’attention du gouvernement et tenter de trouver une solution viable.