Les mercenaires russes de plus en plus absents du paysage malien

Le théatre malien a été jalonné d’accrochages fratricides entre le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim-Alqaïda) et l’Etat islamique au Sahel (Eis), notamment en profondeur de l’espace frontalier du Burkina Faso et du Niger. Les deux coalitions rivales continuent, sans coordination, à épuiser la résistance des troupes régulières en même temps qu’elles se rejettent l’anathème de l’hérésie, tandis que les mercenaires russses ont quasiment disparu du paysage

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Certains média, partisans des trois juntes s’enthousiasment déjà et applaudissent l’imminence d’un expédition conjointe contre l’ennemi, dans la zone hautement belligène du Liptako-Gourma. En revanche, pratiquement plus aucune source ne fait mention de l’engagement opérationnel de l’Africa corps. Presque sans bruit, les supplétifs russes des Forces armées maliennes (Fama) ont disparu de l’actualité. Plusieurs analystes cantonnent désormais leur implication à la sécurisation des mines d’or, en sus de la défense de Kidal, une emprise à présent isolée au cœur du désert.

Une ligne de front stable

La « guéquérilla » de la brousse patine, à coup d’embuscades, de pose d’engins explosifs, de raids aériens et d’opérations de ratissage, opposant les militaires, leurs milices d’appoint et les katibas de l’insurrection islamiste. Le rapport des forces factuel n’a pas évolué, en comparaison du début du mois, chacune des parties au conflit ayant démontré son incapacité d’affaiblir l’autre à un niveau suffisamment significatif pour rompre l’équilibre de la dissuasion. La capitale du Mali parvient à recevoir de nouveaux convois de carburant mais le harcèlement, le long des trajets, se poursuit, selon une fréquence erratique, avec son lot de citernes brûlées ou détournées, par les jihadistes à leur propre usage.

 La Syrie, la Libye, Irak ou l’Afghanistan attestent de leur détestation mutuelle et la surenchère sanglante n’est pas près de s’éteindre. La discorde exportée en Afrique comporte un avantage résiduel au profit de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes) dont la dynamique de mutualisation prend forme, depuis le 3 novembre, après la nomination du Commandant de sa Force unifiée, le Colonel Burkinabé Eric Diabiré. Annoncée au début de l’année 2025, elle tarde à voir le jour. Le dispositif devrait compter 5000 hommes soit un peu moins que l’estimation du nombre des insurgés du Gsim, de l’Eis et du Front de libération de l’Azawad (Fla). Là, aussi, à défaut d’une mesure documentée des effectifs, les chiffres pèchent, encore, par approximation.

 

Références

Carte Sahel : https://t.me/veillesah/568

1 vidéo Force unifiée Aes : https://youtu.be/Nzj01Q5Ju_Q?si=eODmZ5WRiCLoGk7N

Mali

1 communiqué Fama, 10 novembre, Soribougou, région de Kita : https://t.me/veillesah/569

3 photos Gsim, butin Soumpi, cercle de Niafunké, région de Toumbouctou 7 novembre : https://t.me/veillesah/570

1 Reportage Fama, Soumpi 7 et 8 novembre, visite de terrain : https://t.me/veillesah/573

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)