Trois journalistes de « Radio Plus » et le directeur de « Top FM », deux stations privées, ont saisi la police, le jeudi 10 novembre, affirment être en danger après la publication, sur Facebook, d’une « liste » de personnes que le gouvernement du Premier ministre Pravind Jugnauth « aimerait » arrêter pour trafic de drogue. Beaucoup de bruit pour rien? Certains routiers de la presse mauricienne le pensent.
Un article de Vel Moonien
Après les différents partis d’opposition, c’est au tour des journalistes de s’en prendre au gouvernement dirigé par le Premier ministre Pravind Jugnauth. Trois journalistes de Radio Plus, la radio privée la plus écoutée de l’île Maurice, et le directeur de Top FM, une radio pro-opposition, ont saisi la police jeudi, disant craindre pour leur « sécurité ». Ces hommes de presse se basent sur des posts partagés sur Facebook qui remettent en doute leur intégrité. Une hypothétique liste de cibles préparées par la police ordonnant en vue d’une arrestation a été également rendue publique par les réseaux sociaux qui comprend, outre des journalistes, l’activiste Bruneau Laurette qui a organisé, il y a deux ans, des manifestations dans l’île depuis le naufrage du minéralier MV Wakashio; la première marée noire dans l’histoire du pays. Son fils et lui-même ont été interpellés il y a plus d’une semaine, accusés de détenir stock de haschich. u
Un climat délétère
Nawaz Noorbux, directeur de l’information de Radio Plus, et Al-Khizr Ramdin, un journaliste sur cette même antenne, réclament une enquête approfondie sur ces trois pages Facebook censées être publiées par les partisans du Mouvement socialiste militant (MSM) danslesmains du clan Jugnauth, locomotive de l’alliance gouvernementale. .
Nawaz Noorbux affirme que des membres du gouvernement « incitent à la haine […] et à la violence » contre Al-Khizr Ramdin, Jean-Luc Émile – un autre membre de sa rédaction – et lui-même. » Les preuves, prétend-il, seront fabriquées contre lui ». « Rien n’est impossible dans ce pays, » avance-t-il, en disant craindre pour sa vie, notamment après le meurtre sordide de l’activiste du MSM Soopramanien Kistnen, mis en cause pour des contrats douteux octroyés par l’État en pleine crise de la Covid – en octobre 2020.
Balkrishna Caunhye, le directeur de Top FM – une radio privée qui chantait les louanges du MSM avant les élections générales de novembre 2019 – a saisi la police même s’il se dit conscient que l’authenticité de la liste a été démentie par celle-ci. Le nouveau parti de gauche, Linion Pep Morisien (LPM), accuse le gouvernement « de vouloir réduire des journalistes au silence ». « Ce climat de peur a été instillé par le Premier ministre qui a récemment menacé plusieurs journalistes dans ses discours publics et accusé des journalistes d’être mêlés au trafic de stupéfiants
La réalité des menaces
« Je préfère m’abstenir de commenter ce qui a été circulé sur les réseaux sociaux, car l’on ne peut vérifier son authenticité, » lance Jean-Claude de l’Estrac, un observateur politique respecté qui a été l’ancien rédacteur en chef du quotidien L’Express. « Ces plaintes représentent malheureusement une poussée de vedettariat au sein de la profession. Nous nous retrouvons face à un phénomène où des journalistes entendent se mettre en scène ! Les menaces ont toujours existé ».
« À la fin des années 70, la police vous attrapait dans la rue pour vous tondre et vous raser si vous aviez les cheveux longs et une barbe », déclare un autre journaliste qui possède quatre décennies d’expériences professionnelles..
Les journalistes mauriciens devront bientôt porter un gilet pare-balles »? On n’en est évidemment pas là, mais l’image d’une Ile Maurice, laboratoire résussi de la mondialisation, en prend un coup !
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