Les juges suisses ne condamnent l’appel à la disparition d’Israël 

Two states flags of Switzerland and Palestine. High quality business background. 3d illustration

Décision locale de justice, mais avec des répercussions internationales, les magistrats genevois considèrent que le slogan « De la rivière à la mer » concernant la Palestine, ne peut être interprété comme un appel à la disparition de l’État Israël.  

Par Ian Hamel, à Genève

La chambre administrative de la Cour de Justice de Genève  (CADCJ) vient de se montrer audacieuse en donnant raison à la Conférence universitaire des associations d’étudiants (CUAE), le syndicat des étudiants de l’université de Genève, et en désavouant l’université de la Cité de Calvin. Celle-ci avait interdit la distribution de l’agenda-guide 2024-2025 de l’association des étudiants en raison du slogan « From the river to the sea » (De la rivière à la mer), suivant  « Palestine libre ! ». Et qui rappelait le triple détournement d’avions de Zarka en 1970, perpétré par le Front populaire de libération de la Palestine. Pour l’université de Genève, la charte d’éthique de l’établissement avait été violée, tout comme les limites à la liberté d’expression.  

Ce n’est pas le sentiment de la Chambre administrative de la Cour de justice de Genève. Elle estime que le slogan « From river [le Jourdain] to the sea [la Méditerranée] » n’est pas discriminatoire et précise que l’agenda du syndicat des étudiants genevois « ne porte pas atteinte à la personnalité des membres de la communauté universitaire ». La justice genevoise considère que le slogan « From the river to the sea » est politique et vise « à critiquer les actions du gouvernement israélien et n’a pas comme vocation à nuire ou à traiter différemment des personnes en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse ». 

Soutien de La Tribune de Genève    

Par ailleurs, la justice suisse estime que l’antisionisme, « soit la légitime opposition à une idéologie politique et [n’a] pas à un trait inhérent à un individu ». En clair, ce slogan n’est ni un appel à la haine, ni à l’éradication de l’État d’Israël. La Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) a réagi, évoquant une « propagande sinistre et dangereuse », considérant que cette décision de justice est « aberrante et déplorable ». On peut logiquement s’attendre à ce que l’université de Genève face appel.

La Tribune de Genève a titré le 3 juillet  « De la rivière à la mer : le slogan pro palestinien gagne son procès », sans apporter de nuances à cette décision de justice qui risque de donner de multiples interprétations dans le monde entier. Le principal quotidien du canton a toujours gardé un œil bienveillant vis-à-vis des musulmans, ouvrant largement ses colonne à Hani Ramadan, le directeur du Centre islamique de Genève, et apportant son soutien, parfois sans nuances, à Tariq Ramadan, malgré ses poursuites pour viols, y compris en Suisse.