Israel, un élu arabe israélien souligne l’intégration intellectuelle des arabes

La vidéo choc d’Ayman Odeh, député arabe israélien et anti sioniste convaincu, met en avant des chiffres vérifiés qui tendent à prouver que les Arabes sont nombreux à investir les univerités israéliennes ou à occuper des postes de cadres, notamment dans le domaine de la santé. 

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A l’heure où Israël est ciblé comme un Etat d’apartheid par les grandes organisations internationales et les grandes associations antiracistes (Amnesty, Human Rights Watch), une bien étrange vidéo circule sur les réseaux sociaux. Elle est en hébreu, sous-titrée en hébreu et (aussi en plus petit) en anglais. On y voit Ayman Odeh, député arabe israélien tenir un discours ébouriffant :

Que dit-il ?

« De ma fenêtre, je vois l’hôpital Rambam. 

31% des médecins de l’hôpital Rambam sont arabes ; huit des quinze chefs de service de l’hôpital Bnei Zion sont arabes. 

Je vois le Technion : 23% des étudiants du Technion sont arabes, et 35% des étudiantes sont arabes.

Je vois l’université de Haïfa :

46% des étudiants l’université de Haïfa sont arabes.

Au cours des cinq dernières années le nombre d’arabes dans le Hi-tech a augmenté de 1300%. »

Et de terminer cet extraordinaire constat par un retentissant :

« La communauté arabe est en plein essor. » 

À la tète de quinze députés

Très à gauche sur l’échiquier politique, Ayman Odeh est le chef de file du parti communiste Hadash, qui a obtenu cinq sièges aux élections de novembre 2022. Il avait auparavant pris la tête de l’éphémère Liste arabe unifiée qui regroupait quatre formations arabes et a obtenu quinze sièges en 2020 sur les 120 que compte la Knesset, devenant la troisième formation politique.

Quelle signification accorder aux propos d’Ayman Odeh ? Les chiffres qu’il cite sont vrais, mais ne doivent pas être analysés comme un éloge du sionisme, ni une béatification de la société multiculturelle israélienne. Ayman Odeh est un ennemi du sionisme. Il l’a toujours été.  Il est aussi un ennemi d’Israël en tant que patrie pour les Juifs. L’ éloge apparent qu’il fait de la société multiculturelle israélienne ne se comprend qu’avec la dernière phrase : « la communauté arabe est en plein essor ».

« Nous arabes », l’élite de demain

Cet essor est synonyme de conquête. Il signifie : nous arabes, allons battre la société israélienne juive avec ses propres armes, celle de l’éducation et de l’innovation scientifique. Nous Arabes, allons prendre le pouvoir à l’intérieur du système, et nous Arabes, deviendrons l’élite de demain, celle qui prendra le contrôle du pays.

Toutes les statistiques citées par Odeh sont vraies, mais elles ne sont pas prénoncées comme autant de preuves qu’Israel n’est pas un Etat d’apartheid. Elles doivent être  considérées et comprises comme une sortie de la victimisation des « pauvres Palestiniens opprimés par les méchants sionistes » et l’annonce d’une marche triomphale qui mènera un jour prochain ( proche)  à la victoire. Enfin !

 

 

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)