Le samedi 16 décembre, le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga a attaqué la junte au pouvoir dans un discours choc qui a suscité la colère des uns et l’adhésion des autres. Les commentateurs se perdent en supputations de toutes sortes. Mais que cache donc cette sortie tonitruante ?
Choguel est arrivé au grand centre de conférence de Bamako vêtu d’un treillis, manière de donner le ton de son « meeting de clarification » comme il l’avait lui-même nommé. Il a commencé son propos en commémorant la victoire de l’an I de la libération de Kidal : « le 14 novembre, une date mémorable qui marque son seulement la libération d’une localité du néocolonialisme et de ses suppôts traitres à la nation » Jamais avare d’une pique imagée, le Premier ministre en a profité pour évoquer la France comme : « une écharde dans la plaie ». Une petite musique très tendance et très appréciée dans la capitale malienne.
Choisis ton camp, camarade
Puis Choguel Maïga est entré dans le cœur du sujet : la fin de la transition et l’organisation de l’élection présidentielle. Selon lui, le Premier ministre est tenu à l’écart des décisions : « La transition est censée finir le 26 mars 2024. Mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du Gouvernement.» Et de poursuivre : « Aujourd’hui, il est temps que le peuple malien sache à quoi s’en tenir. Tout se passe dans une opacité totale, à l’insu du Premier ministre, j’ai le courage et l’honnêteté intellectuelle de le reconnaître tout en le déplorant vivement. »
En tenant ses propos, Choguel Maïga attaque directement la junte au pouvoir, au passage, il avoue également son impuissance. Pourquoi ces accusations graves qui ont provoqué un tollé parmi les soutiens de la junte, certains appelants même à la démission ? Est-ce qu’il se tire une balle dans le pied ? Est-ce le baroud d’honneur d’un Premier ministre qui se sait sur un siège éjectable ? Un homme politique malien donne une autre explication à Mondafrique : « Dans ce discours, c’est le président Président Assimi Goïta qui est visé. Choguel Maïga n’est pas fou, s’il agit ainsi c’est qu’il sait qu’il a des soutiens au sein de la junte qui est actuellement très divisée entre les pro-Assimi et les pro-Camara, le ministre de la Défense. » Le Premier ministre a choisi son camp…