Après des affrontements qui ont opposé des jeunes aux gendarmes de Bettié, une localité éloignée de 166 km d’Abidjan, et provoqué la destruction de la Brigade de gendarmerie locale, le gouvernement a décidé de frapper fort en arrêtant plusieurs dizaines d‘entre eux, histoire d’endiguer toute forme de violence à l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre prochain.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Le procureur de la République de la section du tribunal d’Abengourou a ouvert avec célérité une information judiciaire qui a abouti dès le mercredi 22 janvier, au lendemain des émeutes, à l’arrestation de 51 personnes pour leur participation supposée aux affrontements qui ont abouti au saccage puis à l’incendie de la brigade de gendarmerie de Bettié, une petite ville ivoirienne située à 166 km d’Abidjan.
Les renforts de gendarmes venus justement d’Abengourou n’avaient en effet rien pu faire, les émeutiers étant trop nombreux et ayant déjà investi, pour la plupart, la brigade. Mais après leur forfait, le gouvernement tente désormais de décourager toute récidive et, pour ce faire, la justice risque d’avoir la main particulièrement lourde.
Des manifestants armés
D’autant plus que selon le procureur, certains émeutiers détenaient des armes blanches, notamment des machettes, et d’un fusil de type calibre 12. A moins de dix mois de l’élection présidentielle, cet événement est un marqueur. La Côte d’Ivoire baigne en effet dans une espèce de tranquillité trompeuse presque déconnectée de la tension politique ambiante qui grandit chaque jour dans le pays.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le parti unique qui a monopolisé la vie politique nationale pendant près de quarante ans et qui est dans l’opposition depuis le renversement de son ex-président Konan Bédié en décembre 1999, a invité, le lundi 20 janvier dernier, l’ONU à s’impliquer dans le processus électoral ivoirien afin de forcer le gouvernement à ouvrir le dialogue avec l’opposition.
Outre l’audit de la liste électorale, les débats achoppent également sur la non inscription de plusieurs figures de la vie politique nationale dont l’ex-proche du président Ouattara, Guillaume Soro, l’ancien ministre de la jeunesse de Gbagbo, Charles Blé Goudé, blanchi en 2020 des crimes qui l’avaient envoyé devant la Cour pénale internationale ainsi que l’ex Président Laurent Gbagbo, l’ancien président sorti également blanchi de la CPI.