Le peuple malgache, grand perdant de la Présidentielle

Mascarade n.f. dans le  Petit LAROUSSE illustré (2006, p.669) est définie comme étant un terme péjoratif signifiant “Mise en scène trompeuse; comédie, imposture. Ex: Ce procès n’a été qu’une mascarade

Fanirisoa ERNAIVO

L’Association ADM, Action pour le Droit et le Développement de Madagascar, présidée par Fanirisoa ERNAIVO, prone le respect des principes fondamentaux de la démocratie. L’ADM soutient les revendications du  Collectif des candidats pour l’annulation de cette élection mascarade. Le peuple malgache a droit au respect de ses droits fondamentaux à savoir la libre expression, le droit à manifester et la liberté de choix en des élections vraies, justes et démocratiques  selon les lois et règles édictées par la Constitution.  

Il ne s’agit pas ici d’un “procès” mais de l’élection présidentielle à Madagascar du 16 novembre 2023. Election “mascarade”  boycottée par plus de 75% des électeurs. Election “trompeuse” par les chiffres publiés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) quant au taux de participation, quant au nombre de bureaux de votes, quant au recensement effectif de l’electorat, quant à la prise en compte de votants ayant effectivement et officiellement la carte d’identité nationale et la carte d’électeur. Siteny Randrianasoloniaiko, l’un des 3 candidats à avoir fait campagne, a déclaré contester les résultats et demande l’annulation pure et simple de ces élections.Les autres candidats au nombre de 10 ont constitué le Collectif des Candidats (CC) dès le 23 Septembre 2023 pour demander l’invalidation de la candidature de Andry Rajoelina, ex-président ne jouissant plus de la nationalité Malgache depuis novembre 2014 selon l’art. 42 du code de nationalité du pays. Et qui, en vertu de cet article n’aurait pas dû se présenter, non plus, à l’élection de 2018.

D’où la dénonciation d’imposture de la candidature de Andry Rajoelina par le CC relayée par nombre d’associations, de la société civile, de citoyens lambda et de partis politiques majeurs ou mineurs.

D’où la  remise en question, par le CC, de l’existence même de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), réputée être sous la coupe de Andry Rajoelina, et qui se complait à dire que la question de nationalité n’est pas de leur ressort juridictionnel.

La communauté internationale par des communiqués signés par les représentations et délégations diplomatiques présentes à Madagascar n’a eu cesse de signifier “leurs inquiétudes” quant au déroulé de la période pré-électorale. Période qui a baillonné la voix de toute opposition au diktat du gouvernement collégial mis en place après la “demission” et  la “destitution” (sic) du président du Sénat légitimement élu à la présidence de la Haute Chambre.

L’on constate que les évènements politiques à Madagascar  ont été commentés dans divers medias francophones et anglophones. De concert, la presse écrite et les interventions radio ou télévisuelles parlent de drôle d’élection.

Election “tronquée” puisque le public n’aura eu droit qu’à la partition de 3 candidats. On lit dans “Le Monde Afrique” (25 novembre 2023) que “ Le président sortant est le seul candidat à s’être présenté à la CENI samedi, il était assis à côté de chaises vides inoccupées pour écouter la proclamation des résultats.”

Or déjà le 14 novembre 2023, deux auditeurs nationaux ont rendu leur “Avis sur le fichier électoral de la CENI de Madagascar” dont la conclusion est sans ambiguïté : “… Par conséquent, nous estimons que le fichier électoral à son état actuel ne peut pas être utilisé pour permettre la tenue d’élections crédibles.”

Dix jours après, le vendredi 24 novembre, à l’issue de la réunion à huit clos avec la Présidente de l’Assemblée Nationale et de la plateforme de médiation pour des élections libres, transparentes et inclusives, le CC a réitéré leur dénonciation d’une élection mascarade et de leur non-reconnaissance des résultats de votes.

Election, qui selon la CENI, aurait eu un taux de participation de plus de 42% avec la victoire “pressentie” de  Andry Rajoelina, alors que de nombreux observateurs avaient noté la faible affluence de la journée du 16 novembre.

Le conditionnel est de rigueur en attendant l’officialisation des résultats par la HCC d’ici à 9 jours.

La lutte de l’opposition va continuer et rallier tous les ressortissants malgaches de tout le pays et de la diaspora à travers le monde.