Sous le titre « Le fantôme de Khaled Nezzar hante toujours la justice suisse », la presse helvétique révèle que l’ancien ministre algérien de la Défense, peu avant sa mort, tentait encore de récuser le magistrat qui devait présider son procès pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Ian Hamel, à Genève
Né le 25 décembre 1937 à Seriana (Algérie), le général Khaled Nezzar est décédé le 29 décembre 2023 des suites d’une longue maladie. Il aura occupé la justice suisse pendant douze années, sans finalement pouvoir être jugé. Un article du quotidien Le Temps daté du 12 février rapporte une décision du 20 novembre 2023 de la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral. Malgré son âge (86 ans) et son état de santé déclinant, le général se montrait toujours aussi pugnace. Il reprochait à la Cour des affaires pénales d’avoir demandé à l’un de ses avocats de « l’informer quant à l’état de santé de ce dernier [Khaled Nezzar] compte tenu des différentes informations circulant dans la presse ».
Le 16 octobre 2023, par la voix de ses avocats, Khaled Nezzar refusait de fournir le certificat demandé, « considérant les informations relatives à sa santé comme trop intimes pour être exposées, en particulier aux parties plaignantes ». Et le 25 octobre 2023, il demandait que le juge-président soit récusé. Ce qui aurait permis de repousser le procès de plusieurs mois, sinon aux Calendes grecques. Finalement, la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral rejette la demande de récusation le 20 novembre 2023. Toutefois, elle s’étonne « d’une requête visant à obtenir un certificat médical devant attester d’une aptitude future à prendre part à un procès », mais ajoute : « on ne saurait pour autant y voir ici un soupçon de partialité ».
Un procès « inadmissible » et « intolérable »
Dans des articles précédents, Mondafrique soulignait que l’Algérie avait toujours fait savoir à la Suisse qu’elle ne voyait pas d’un bon œil la tenue d’un procès impliquant un ancien ministre de la Défense. En août 2023, apprenant que le général Nezzar devait finalement être jugé, Ahmed Attaf, le ministre algérien des Affaires étrangères, avait déclaré : « cette affaire a atteint les limites de l’inadmissible et de l’intolérable. Le gouvernement algérien est déterminé à en tirer toutes les conséquences, y compris celles qui sont loin d’être souhaitables pour l’avenir des relations algéro-suisses ». Son homologue suisse a vraisemblablement poussé un « ouf » de soulagement en apprenant le 29 décembre la disparition de l’ancien ministre algérien de la Défense.