L’ancien ministre des présidents Chadli et Boumedienne et grand diplomate Ahmed Taleb El Ibrahimi est décédé ce dimanche 5 octobre 2025 à l’âge de 93 ans. Fils du réformiste Mohamed Bachir El Ibrahimi, cette figure respectée s’était très tôt engagé dans la cause nationale, présidant l’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) dans les années 1950, avant d’être emprisonné par les autorités coloniales françaises.
À l’indépendance, il entama une longue carrière au service de l’État comme ministre de l’Éducation nationale, de l’Information et de la Culture sous l’ère Boumedienne, puis sous la présidence Chadli des Affaires étrangères entre 1982 et 1988. Défenseur de l’arabisation et de l’identité arabo-islamique, il fut l’un des principaux artisans de la politique culturelle et diplomatique de l’Algérie postcoloniale.
Écarté des cercles du pouvoir à la fin des années 1980, il tenta un retour sur la scène politique lors de la présidentielle de 1999. Mais il se retira à la veille du scrutin, dénonçant un processus électoral verrouillé. Par la suite et alors que son mouvement politique était interdit, Taleb El Ibrahimi demeura une voix critique et indépendante, appelant au dialogue et au respect de la souveraineté populaire.
Du coté du peuple
En 2019, au déclenchement du Hirak, il exprima son soutien au mouvement en signant des appels au changement pacifique et à une transition démocratique. Malgré son âge avancé, il figura parmi les rares acteurs de l’ère post-indépendance à se ranger clairement du côté des aspirations citoyennes.
Lors de ses funérailles, organisées aujourd’hui à Alger, plusieurs figures politiques de premier plan étaient présentes pour lui rendre hommage, parmi lesquelles l’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, l’ancien Premier ministre Ali Benflis, ainsi que l’ancien ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. La présence de ces trois hommes politiques d’envergure a souligné la portée symbolique de la disparition de celui qui fut à la fois acteur et témoin de l’histoire contemporaine de l’Algérie.
Auteur de plusieurs ouvrages, dont les « Mémoires d’un Algérien », Ahmed Taleb El Ibrahimi laisse l’image d’un intellectuel engagé et d’un témoin privilégié d’un demi-siècle d’histoire algérienne, partagé entre la lutte, l’exercice du pouvoir et la réflexion sur l’avenir du pays.