L’aide internationale au Sahel victime de la guerre en Ukraine

Les fonds des ONG ne sont pas extensibles et toutes ces organisations souhaitent être présentes sur un conflit très médiatisé où elles ont une plus grande visibilité.

Comme on l’a constaté pour la pandémie de Covid 19, les organisations humanitaires réorientent leurs aides en fonction des urgences et déshabillent Paul pour habiller Jacques. Les grands bailleurs agissent de la même manière, la directrice d’OXFAM pour l’Afrique de l’Ouest interrogée par la BBC s’en inquiète :  «  Pour l’instant, on n’a pas encore d’aperçu global d’une réduction des financements. Il y a simplement certaines ONG qui ont reçu des retours de bailleurs leur signifiant déjà le besoin de couper 50 ou 60 %, voire plus, les propositions de projets qui sont en train d’être finalisées pour l’année 2022 ». 

Une telle réduction des budgets pour les pays du Sahel serait catastrophique. Pour le seul mois de janvier le Burkina Faso a enregistré 160 000 déplacés supplémentaires portant le nombre total à plus de 1.7 millions de Burkinabè qui ont dû fuir leurs villages, soit quelques 8.5% de la population de cet Etat. Au Mali, on assiste à un phénomène inverse, où quelques 2000 déplacés en Mauritanie sont de retour au pays. Cela est néanmoins marginal et la situation sécuritaire reste très volatile.

Vers une pénurie d’engrais

Cette diminution de l’aide arriverait au pire moment puisque la guerre en Ukraine fait s’envoler les prix de l’énergie et des céréales, la Russie et l’Ukraine étant les deux plus grands exportateurs de blé. Autre grand sujet d’inquiétudes : les engrais. Moscou représente 20% de la production mondiale et les sanctions prises contre le Kremlin impactera fortement la demande et les prix.

A l’issue du sommet de Versailles, Emmanuel Macron a déclaré que l’Europe et l’Afrique «seront très profondément déstabilisées sur le plan alimentaire». C’est juste, néanmoins, les Européens ont fait en sorte que l’énergie venue de Russie ne soit pas touchée par les sanctions, il aurait été préférable qu’ils réfléchissent aussi aux conséquences de ces mesures sur les céréales et les engrais…