Estimant que « les conditions n’étaient plus remplies » pour rester premier ministre, Sébastien Lecornu a remis sa démission, lundi, à Emmanuel Macron, quatorze heures seulement après avoir formé son gouvernement. L’Élysée lui a demandé de mener d’ici mercredi d’ultimes négociations sur une « plateforme d’action et de stabilité » et s’est dit prêt, selon son entourage, à « prendre ses responsabilités » si ces discussions, qui doivent débuter mardi matin, échouent.
Cinq Premiers ministres en trois ans, dont le dernier, Sébastien Lecornu, ne restera en fonctions que quelques heures dans la nuit de dimanche à lundi; un chef de gouvernement démissionnaire mais toujours en fonctions à Matignon et sommé de trouver en deux jours la formule magique introuvable en presque un mois; un Président qui se promène, solitaire, sur les bords de la Seine, mais accroché à son portable et filmé par les télévisions, dans une scénographie dénuée de sens politique; un parti de droite qui se réclame du gaullisme, mais qui invente la formule inédite de la participation gouvernementale sans soutien parlementaire, faute de compter suffisamment de ministres dans la dernière mouture proposée; l’incapacité congénitale de la classe politique française, divisée désormais en trois, voire quatre blocs irréductibles, et obsédée par l’échéance présidentielle, d’explorer les voies d’un parlementarisme à la française
La République est devenue un bateau ivre et le Président français, clé de voute des institutions politiques, l’ombre de lui même sauf dans l’énergie qu’il déploie sur le plan international dans des initiatives aussi louables que tardives, de la relance de la défense européenne à la création d’un État palestinien, deux grands desseins qui n’auront guère avancé au final sous son règne. .
L’Heure est venue d’une VIeme République qui ne soit plus cette monarchie républicaine reposant sur les prérogatives d’un seul homme, fut-il élu au suffrage universel. .« Ainsi va la France personnalisée, écrivait François Mitterrand en 1964 dans « le coup d’état permanent ». Je connais des Français qui s’en émerveillent, qui ne sont pas choqués de voir leur patrie réduite aux dimensions d’un homme… Ils ont du vague à l’âme dès qu’ils sont privés du frisson que leur procure le meilleur artiste de la télévision, le dernier des monstres sacrés… Ils ont hâte de voir une tête dépasser le rang et d’obéir à la vieille musique du droit divin tirée de la mythologie du moment. »
La cinquième République finissante nous fait revivre l’agonie de la IV eme République, mais sans un de Gaulle pour sauver les meubles et avec en prime la menace de voir les héritiers de Jean Marie Le Pen prendre le pouvoir lrsque Emmanuel Macron décidera enfin de dissoudre l’Assemblée Nationale, la seule sortie de crise qui lui reste.