Ce lundi 10 juin, Emmanuel Macron semble bien isolé en décidant dans la solitude du pouvoir et à la surprise générale de dissoudre l’Assemblée Nationale, au vu des résultats des élections européennes où les partis d’extrême droite frôlent la barre des 40% des électeurs. Pour la plupart des éditorialistes, il s’agit d’un coup de poker plus qu’un coup de tonnerre.
Le tweet qu’Emmanuel Macron a trouvé bon de publier ce lundi au petit matin affirmant « sa confiance » dans le vote à venir des Français tout comme sa décision de reprendre la parole dès cette semaine lors d’un déplacement à Oradour-sur-Glane dans le Sud Ouest du pays où un village tout entier avait été massacré lors de la guerre de 1939-1945 par les nazis témoignent d’une extrême fébrilité au plus haut niveau de l’État français.
Dans les rangs du mouvement « Renaissance » où on voit les premiers de cordée du macronisme afficher un soutien de pure forme à la décision « courageuse » et à l’attitude gaullienne du Président français, le scepticisme semble immense sur le résultat à venir des élections législatives qui vont avoir lieu dans la plus grande précipitation.
Une élection pliée d’avance
C’est un peu comme si le résultat du futur scrutin, à savoir une victoire du Rassemblement National et des ses alliés, était plié d’avance. Comment la minorité présidentielle pourrait convaincre en trois semaines les électeurs français de changer leur fusil d’épaule? Pourquoi le vote en faveur du Rassemblement National qui a gagné des publics majoritairement hostiles, retraités ou « CSP plus », changerait-il après une campagne électorale bâclée? Le vote traditionnellement protestataire en faveur du mouvement populiste de Marine le Pen et de Jordan Bardella est devenu un vote d’adhésion. Le Rassemblement National est désormais majoritaire dans tous les territoires français, y compris dans une Bretagne historiquement réfractaire à la droite extrême. Le débat télévisuel entre le Premier ministre, Gabrile Attal et la tète de liste du RN, Jordan Bardella, où le premier aura été plus percutant que le second, n’a pas réussi à faire bouger les lignes d’un petit pour cent de l’électorat.
Pourquoi précipiter en France le séisme qui n’a pas eu lieu en Europe? Les progrès de l’extrême droite qui devaient être spectaculaires dans toute l’Union Européenne sont finalement réels (l’AFD en Allemagne en deuxième position par exemple), mais restent contenus dans certaines limites. Les deux principaux partis restent le PPE (droite) et les sociaux démocrates. Le scrutin ne devrait pas provoquer de changement de majorité au sein du Parlement européen qui a toujours privilégié les coalitions consensuelles entre les partis au pouvoir.
En France en revanche, les élections législatives à venir ont toutes les chances de provoquer un séisme et d’ouvrir les portes du pouvoir à l’extrême droite française. Ce qui serait un tournant historique. Les sondages les plus sérieux émanant de l’IPSOS voici six mois sur l’hypothèse de législatives anticipées donnaient une majorité relative ou absolue au mouvement de Marine Le Pen.
Un coup de poker avec une simple paire en mains, voici le pari insensé d’Emmanuel Macron, comparé à Jupiter hier et à Néron désormais Le pouvoir est définitivement coupé des réalités du peuple français en totale sécession avec ces élites que le Président français dans son arrogance et sa solitude incarne plus que quiconque.
Emmanuel Macron, la vraie tète de liste « Renaissance » aux Européennes
Le 9 juin, c’est l’extrême droite qui débarque !
40% des voix pour l’extrême-droite: Jordan Bardella, Marion Marechal