Il aura fallu la mort de 448 personnes (chiffres Iran Human Rights (IHR), pour que les ayatollahs fassent un geste en direction des manifestants qui arpentent le pavé de toutes les villes et régions du pays depuis presque trois mois.
Samedi 3 décembre, le procureur général d’Iran Mohammad Jafar Montazeri a annoncé que « le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient » sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi. Ils n’ont pas précisé l’étendue des concessions qu’ils entendaient réaliser.
La dialectique des mollahs
Le président Raissi a déclaré lors d’un point de presse : « Notre Constitution a des valeurs et des principes solides et immuables […], mais il existe des méthodes de mise en œuvre de la Constitution qui peuvent être infléchies », a-t-il dit.
Il sera intéressant de voir comment le principe du voile sera réaffirmé tout en étant assorti d’une multitude de dérogations. La question du maintien de la police des mœurs est également posée. D’après les témoignages en provenance d’Iran, deux femmes sur trois déjà ne portent plus le voile dans la rue.
Depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre, la mobilisation ne faiblit pas en Iran. La jeune femme de 22 ans était décédée trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique imposant notamment aux femmes de porter le voile en public.
L’obligation pour les femmes de sortir voilées est le résultat d’une loi votée en 1983, soit quatre ans après l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny. La loi de 1983 a institué également la police des mœurs pour « répandre la culture de la décence et du port du voile ». En juillet 2022, le président Raïssi a fait voter une loi « sur le voile et la chasteté du pays » qui avait durci le code vestimentaire féminin : non seulement, le foulard était obligatoire, mais il devait couvrir aussi le cou et les épaules