Il fallait sauver le soldat Patrice Talon

À Paris, comme dans les capitales régionales, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Sierra Léone ou au Nigéria, les événements de dimanche ont pris tout le monde de cours.  Il y avait urgence. Il fallait sauver Patrice Talon 

Leslie Varenne

La France a tout fait pour empêcher à n’importe quel prix qu’e Patrice Talon soit le 6ème président d’Afrique de l’Ouest renversé au cours de ces cinq dernières années. D’autant qu’il est un allié de la France et des pays précités. En outre, le Bénin héberge les derniers soldats français présents dans la région, ils assistent l’armée nationale dans la lutte contre les groupes djihadistes.

Conséquences et inconséquence

L’histoire est loin d’être terminée. En revendiquant publiquement son aide et son rôle dans le maintien au pouvoir de Patrice Talon, Emmanuel Macron, renoue ainsi avec le passé de « gendarme de l’Afrique » qu’on pensait définitivement révolu depuis l’échec de la France au Niger en 2023. Toujours en panne de stratégie et de vision sur le continent, il réagit au gré des situations ponctuelles et des opportunités.

Quid des conséquences ? Déjà les réseaux sociaux s’affolent et dénoncent l’implication de l’ancien colonisateur dans une affaire interne. Autre question, et non des moindres : quid des relations entre les soldats béninois et français après que Paris a sollicité des frappes sur leurs frères d’armes ? Dès le 8 novembre, le Parti communiste béninois a publié un communiqué condamnant l’intervention franco-nigériane et demandant le départ immédiat des forces étrangères.

Comme un air de déjà-vu…

La Cedeao à la manoeuvre

L’organisation sous-régionale, la CEDEAO, a réagi, elle aussi, avec une célérité inédite. Dès le milieu de la matinée, elle a prévenu qu’elle allait déployer sa force en attente afin de rétablir l’ordre constitutionnel. Il s’agissait avant tout de légitimer l’action militaire du Nigéria en préparation. Officiellement, Bola Tinubu  a agi à la demande de Cotonou. En réalité, le président nigérian a surtout répondu aux sollicitations d’Emmanuel Macron qui assume  ce rôle de « coordination » et « d’échange d’informations » avec les avec les pays de la région. » 

A 16 h, les avions nigérians frappent la base militaire de Togbin et la télévision nationale. Certains mutins sont arrêtés, d’autres se rendent, d’autres encore comme Pascal Tigri réussissent à s’enfuir. Quelques heures plus tard 300 soldats en provenance d’Abuja et d’Abidjan débarquent à Cotonou et s’installent dans la base militaire de Togbin.

A 20 h, Patrice Talon apparaît à la télévision. Le putsch a échoué. Tout est sous contrôle. Tout est bien qui finit bien ?