Plusieurs responsables religieux en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique se sont opposés à la déclaration papale qui autorise la bénédiction des mariages homosexuels par les prêtres.
Correspondance de Z. Bati Abouè
En Afrique, le clergé s’est donc raidi. La déclaration papale autorisant la bénédiction du mariage homosexuel par l’église catholique continue en effet de déclencher une vague de protestations un peu partout sur le continent. Prêtres, évêques ou simples religieux ont d’ores et déjà exprimé une position marquée contre la position du Vatican sur le sujet.
Un prêtre ivoirien a même souhaité la mort rapide du pape argentin âgé de 87 ans, espérant que son « départ » saura remettre les mœurs à l’endroit au siège de l’Eglise Catholique. « L’église est menacée depuis 2000 ans mais ces dernières années, ce sont les pasteurs eux-mêmes qui n’écoutent plus la voix de Dieu », a-t-il résumé sa déception. Le 18 décembre, dans une déclaration doctrinale publiée par le Saint-Siège, le Vatican déclarait qu’« il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales ».
Mais malgré cette dernière précaution de forme, la colère des catholiques a grandi les jours qui ont suivi, au point où le Vicaire général d’Abidjan, Jean-Pierre Thaddée Séka Séka demandait aux prêtres du diocèse d’attendre et de se conformer aux « dispositions » de l’Archevêque ivoirien, Jean-Pierre Kutwa, qui demeurait lui-même attentiste sur le sujet. Tout le contraire du populaire évêque auxiliaire suisse Marian Eleganti qui avait démissionné, il y a deux ans, en raison de son opposition au Pape François sur ce sujet et qui a réaffirmé, à la faveur de cette déclaration doctrinale, que « l’homosexualité est une pratique et une union pécheresse (qui) ne peuvent être bénies parce qu’elles contredisent l’ordre de la création et la volonté de Dieu », ajoutant que c’est ce que « l’Eglise a toujours défendu ».
Une chape pénale anti-gay tombe sur l’Afrique
La question de l’homosexualité irrite le monde africain et ses pasteurs ne se cachent plus derrière la discipline cléricale parce que cette pratique est contraire aux bonnes mœurs en Afrique. Evêques camerounais et Zambiens ont donc répondu au Pape qu’ils ne béniront pas une union homosexuelle. « Nous interdisons formellement toutes bénédictions des couples homosexuels » dans l’Eglise catholique, ont-ils décidé. D’autres voix, en revanche, comme celle du Cardinal guinéen Robert Sarah essayait toutefois de calmer le jeu en appelant les chrétiens catholiques à ne pas céder à la division. « Le diable essaie de nous faire douter de l’Eglise. Il veut que nous la voyions comme une structure humaine », a-t-il apaisé, évitant tout de même de se prononcer sur la décision qui provoque la colère des catholiques.
Moins nuancé, le prélat ivoirien Norbert Abékan soutient, lui, fermement la position du Vatican. Car pour lui, la colère déclenchée par cette décision relève d’une simple manipulation de médias anti-pape. Au contraire, le curé de la paroisse Notre Dame de la Tendresse de la Riviera Golfe invite ses confrères ainsi que les chrétiens ivoiriens à « bien lire entièrement le document Fiducia supplicans » qui appelle à bénir les unions homosexuelles.