Après le Cameroun, où la réélection contestée de Paul Biya plonge le pays dans la violence et l’instabilité et que la situation politique en Côte d’Ivoire demeure incertaine, la Guinée s’engage dans une farce électorale aussi risquée que prévisible. De la Guinée au Mali, en passant par le Burkina Faso, les jeunes générations de putschistes prouvent qu’elles ont retenu la leçon de leurs aînés : savoir promettre la rupture tout en reproduisant les mêmes dérives autoritaires.
Après avoir solennellement promis de ne pas briguer de mandat, le président de la transition guinéenne, Mamadi Doumbouya, s’apprête désormais à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Pour tenter de sauver les apparences et ne pas donner l’impression de renier trop ouvertement les engagements pris au lendemain du coup d’État du 5 septembre 2021, il multiplie les mises en scène aussi théâtrales que maladroites.
Une scénographie bien huilée
Première étape du parcours du combattant qui conduit à se présenter à une Présidentielle, une caution de 900 millions de francs guinéens (environ 100 000 euros) est exigée tout candidat à la magistrature suprême. Cette somme exorbitante limite de facto le nombre de prétendants sérieux.
Ensuite, le pouvoir a orchestré une campagne prétendant que la caution de Doumbouya serait offerte par des femmes guinéennes, émues par son « sens du devoir » et désireuses de le « voir continuer son œuvre ».
Enfin, le 30 octobre, de grands rassemblements populaires sont programmés à travers le pays pour le supplier officiellement de se présenter.
Mais derrière cette scénographie, la réalité est bien moins spontanée : selon plusieurs sources, les forces de sécurité, les élèves, les enseignants et les fonctionnaires ont été priés — voire sommés — de descendre dans la rue en civil pour donner l’illusion d’un engouement populaire.
Un modèle qui s’enlise
Cette nouvelle farce démocratique en Guinée vient s’ajouter à celles qui se jouent déjà au Cameroun et en Côte d’Ivoire, révélant la persistance d’un modèle politique où la démocratie reste un simulacre. On ironise souvent sur l’âge avancé des dirigeants de Yaoundé ou d’Abidjan, mais l’exemple guinéen démontre que la confiscation du pouvoir n’est pas l’apanage des anciens.




























