Un adolescent gabonais de 15 ans a été interpellé pour « atteinte à l’image du chef de l’État ». Un reportage d’une télévision gabonaise montre clairement qu’il a « fait l’objet de traitements dégradants », ce qui, en principe, est proscrit par la législation en vigueur au Gabon.
Tout est parti d’une vidéo postée dans l’après midi du 23 septembre 2024 sur internet et devenue virale. On y voit un adolescent montrer un tee-shirt sur lequel figure la photo de Brice Oligui Nguema en grand uniforme de général, bardé de toutes ses décorations, avant de s’essuyer le postérieur avec.
L’adolescent, qui vit à Omboué, une commune située près de Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, a été retrouvé par des agents de la Direction Générale des Recherches (DGR-Gendarmerie), une direction placée sous l’autorité directe du Président de la République du Gabon.
L’adolescent, dont le crâne a été partiellement rasé lors de sa garde à vue, a ensuite été exhibé à la télévision, en pleurs, demandant pardon au président de la Transition, s’agenouillant et implorant le pardon du gouverneur de la province de l’Ogooué-Maritime, le tout sous les commentaires surréalistes d’une journaliste locale, qui a déclaré qu’il était « finalement sorti de sa folie », tout en rappelant que certains préconisent qu’il subisse « une bonne correction ».
Interrogé sur ses motivations, l’adolescent, toujours en pleurs, a expliqué qu’il s’agissait d’une plaisanterie destinée aux réseaux sociaux pour obtenir des vues.
Crime de lèse-majesté
Rappelons qu’au Gabon, le code pénal sanctionne ce qui s’apparente à un crime de lèse-majesté. En effet, le TITRE IX du code pénal, intitulé : « DES OUTRAGES ENVERS LES DÉPOSITAIRES DE L’AUTORITÉ ET DE LA FORCE PUBLIQUE», dispose :
– Art 157 : Toute atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne ou d’un corps dépositaire de l’autorité publique, commise par des paroles injurieuses, diffamantes ou menaçantes, des écrits, dessins, images de toute nature ou des gestes, constitue un outrage.
– Art 158 : L’outrage envers le Président de la République, commis en quelque lieu, en quelque occasion ou par quelque moyen que ce soit, est puni d’un emprisonnement de cinq ans au plus et peut être assorti d’une amende d’un montant de 5.000.000 de francs au plus. Si l’outrage a été commis par voie de tracts, de tout moyen électronique, de bulletins ou papillons, distribués ou exposés au regard du public, ou détenus en vue de la distribution, les auteurs et complices sont punis de deux ans d’emprisonnement au plus et d’une amende de 2.000.000 de francs au plus.
Cependant, la Charte de la Transition du Gabon, qui remplace la constitution depuis le coup d’État du 30 août, dispose dans son article 11 : « Nul ne peut faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels, dégradants ou inhumains »…