Le 14 novembre 2022, Mondafrique publiait un portrait de Brice Oligui Nguema alors commandant en chef de la Garde Républicaine du Gabon, la garde prétorienne d’Ali Bongo fondée par Léon M’ba le premier président du Gabon et développée par Omar Bongo qui en a fait un véritable instrument de conservation du pouvoir.
Mondafrique republie cet article intitulé à sa parution : Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, la nouvelle pièce-maîtresse du pouvoir gabonais. Un article qui est le premier portrait de l’homme qui a fini par renverser Ali Bongo le 30 août 2023 et qui a pour auteur Jocksy Andrew Ondo-Louemba.
Installé à la tête de la Garde Républicaine du Gabon – la puissante garde prétorienne du régime – en avril 2020, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema fait partie désormais des personnalités incontournables du Gabon. Mondafrique propose un portrait de cet officier gabonais aussi puissant que secret.
Au Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema est un homme puissant, très puissant. Actuel commandant en chef de la Garde Républicaine – la garde prétorienne d’Ali Bongo, chef de l’exécutif gabonais – depuis deux ans, il a su s’imposer comme la clé de voûte de l’appareil sécuritaire du régime et plus encore.
Aide de camp d’Omar Bongo
Fils d’un Officier Général gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema est né le 3 mars 1975 à Ngouoni dans le Haut Ogooué au Gabon et choisit lui aussi le métier des armes très tôt en intégrant l’actuelle Garde Républicaine du Gabon. Formé à l’académie royale militaire de Meknès (où il est admis en 1997) au Maroc et ayant suivi le stage d’aguerrissement commando du Centre d’entraînement commando en forêt équatoriale du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema est vite remarqué par la hiérarchie militaire de la garde prétorienne et devient l’un des aides de camp d’Omar Bongo et le restera jusqu’à sa disparition en juin 2009.
Maître-espion
À l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir, Brice Clotaire Oligui Nguema est d’abord nommé à la tête du Groupement d’intervention parachutiste de la Garde Républicaine (GIP) avant d’être envoyé en diplomatie en 2014 où il restera pendant près de 5 ans. Ainsi, il est attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc puis au Sénégal et selon certaines sources, il le vit comme un exil.
Un an après l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) d’Ali Bongo survenu à Ryad en Arabie Saoudite en octobre 2018, le colonel Brice Clotaire Oligui Nguema est rappelé au Gabon où il remplace un autre colonel – Frédéric Bongo – à la tête du service de renseignement de la Garde Républicaine : la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS).
À la tête de la « G.R. »
Six mois après, Brice Clotaire Oligui Nguema est encore promu, mais cette fois-ci à la tête de la Garde Républicaine où il remplace le général Grégoire Kouna. À la tête de la « G.R. », il impulse des réformes en vue de la rendre plus efficace dans sa mission fondamentale : le maintien du régime.
Pour cela, il renforce le dispositif de protection d’Ali Bongo, mais sa réforme la plus marquante est sans doute le développement de la Section des Interventions Spéciales (S.I.S – une unité spéciale placée sous l’autorité directe d’Ali Bongo, ndlr.) qu’il fait passer d’une trentaine à plus de 300 éléments (avec près de 100 tireurs de précision !), qu’il dote d’équipements de pointe et dont il compose même le chant ! Un chant qui dit entre autres : « Je défendrais mon président avec honneur et fidélité », tout un programme !
Des propriétés d’un million de dollars !
Mais Brice Clotaire Oligui Nguema est aussi dans les « affaires ». Ainsi, il dispose de plusieurs propriétés aux États Unis d’Amérique d’une valeur de plus d’un million de dollars selon une enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) de 2020. En 2018, par exemple, il a acheté – en cash ! – une propriété à Silver Spring dans le Maryland à 447. 000 dollars !
Protecteur du régime Bongo?
À un an des élections présidentielles au Gabon dont le vrai enjeu est la préparation de « l’après Ali Bongo », Brice Clotaire Oligui Nguema a donc la charge de maintenir le pouvoir d’Ali Bongo « quoi qu’il en coûte » et prend son rôle très au sérieux.
Mais cet officier qui, contrairement à ses prédécesseurs, soigne de plus en plus son image dans les médias tout en clamant sa « fidélité au président de la République » restera-t-il fidèle ou sera-t-il tenté d’aller plus loin ?
Lui qui ne se trouve qu’à un pas du pouvoir suprême…