Le samedi 14 septembre 2024, le GRAL (Groupe de Réflexion sur l’Algérie), un think-tank basé à Paris, a organisé, en partenariat avec AlternaTV, une chaîne algérienne basée à Montréal (Canada), une conférence où Adam Shatz, historien et journaliste américain, a présenté son dernier livre intitulé « The Rebel’s Clinic : The Revolutionary Lives of Frantz Fanon », publié chez Farra, Straus et Giroux en 2024, et traduit en français sous le titre de « Frantz Fanon : une vie en révolutions », publié chez La Découverte, Paris, en 2024. Assistaient à la conférence, outre les membres du GRAL, Alice Cherki, la militante de la lutte de libération algérienne qui a, elle-même travaillé avec Fanon à l’hôpital de Blida et écrit sur Frantz Fanon.
Lors de cette conférence, Adam Shatz a présenté les différentes facettes de la vie de Fanon—Fanon le psychiatre, Fanon le militant de la lutte algérienne de libération nationale, et Fanon l’auteur. En tant que psychiatre, Fanon avait révolutionné l’hôpital psychiatrique de Joinville (Blida, Algérie) où il était affecté comme chef de service. Pendant son séjour dans cet hôpital, il avait remis en question les méthodes utilisées par le système colonial dans le traitement des malades psychiatriques où ces derniers étaient attachés, nus, aux pieds des lits et placés à même le sol tapissé d’herbes séchées. Il avait introduit, entre autres, des matchs de football, des classes de théâtre, de musique, etc. Il faut dire que, parmi ses malades, un certain nombre était constitué par des militants du FLN et de l’ALN qui avaient subi des traumatismes lors des séances de torture et autres sévices appliqués par les forces armées et les services de police coloniaux.
À cette occasion, il avait connu certains parmi les plus grands révolutionnaires algériens : Krim Belkacem, Abane Ramdane, et autres. Fanon était aussi un militant de la lutte armée et psychologique algérienne. Il avait été non seulement actif à l’intérieur du pays mais aussi en tant que diplomate représentant l’Algérie, notamment en Afrique.
Cependant, Frantz Fanon est surtout connu comme auteur, notamment avec ses deux œuvres-clés, « Peau Noire et Masques Blancs » et « Les Damnés de la Terre ». Dans le premier ouvrage, Fanon s’est attaqué à un des grands problèmes de l’époque (et d’aujourd’hui), le racisme, dont il avait souffert lui-même en France en tant que Martiniquais. Dans son deuxième ouvrage, Fanon s’est attaqué au problème des disparités socioéconomiques et idéologiques existant entre les nations faisant partie de ce qu’on appelle aujourd’hui le Sud Global et celles qui appartiennent au Nord Global, ainsi que des disparités existant au sein de chaque pays dans chacune de ces deux parties de la planète. En dépit du fait qu’il ait consacré une bonne partie de sa vie à militer en Algérie, Fanon n’est pas très connu du grand public algérien.
A l’opposé, il est très connu dans des pays comme les Etats-Unis où ses œuvres sont traduites dans plusieurs langues et étudiées au sein des départements d’histoire, de science politique et de littérature dans la plupart des universités américaines. Il faut rappeler que Fanon est mort d’une leucémie et qu’il avait été transféré à Bethesda (Etat du Maryland, aux Etats-Unis) où il était traité. Son engagement vis-à-vis de la cause algérienne peut être résumé par la déclaration qu’il a faite sur son lit de mort à l’hôpital de Bethesda où il avait dit qu’il n’aurait pas aimé mourir à Washington, mais qu’il aurait préféré mourir comme soldat et en martyr dans les maquis algériens.
le samedi 14 septembre 2024 , à 18 heure de Paris, et à 17 heure d’Alger.
