Essy Amara s’en est allé sur la pointe des pieds dans la nuit du 8 avril 2025. Tout au long de sa carrière, ce diplomate dans l’âme aura œuvré en faveur de la paix et de l’unité africaine. Né à Bouaké, en 1944, Amara Essy est est un fidèle du premier président de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny. À ses côtés, il se forge une carrière solide dans la diplomatie : d’abord en tant que président du groupe africain aux Nations unies, à Genève, puis en tant que représentant permanent de la Côte d’Ivoire à l’ONU à New York, de 1981 à 1990, puis en tant que ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1993, portefeuille que le chef de l’État Henri Konan Bédié lui confie également, de 1993 à 2000.
Dans sa longue carrière de diplomate, Essy Amara a connu l’âge d’or de la Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny. Une époque où la voix de ce pays appelé alors « la locomotive d’Afrique de l’Ouest » comptait sur la scène internationale. Il en fut un digne représentant. Cet homme frêle à la voix douce aimait se souvenir de ces temps-là et racontait volontiers sa vie qui se conjuguait souvent avec la grande Histoire.
Le président Houphouët Boigny ne s’était pas trompé en envoyant en 1975, ce jeune diplomate en mission aux Nations Unies où il officia une grande partie de sa carrière. Après avoir présidé le Conseil de sécurité dans les années 1990, il sera élu à la tête de la 49ème Assemblée générale de l’ONU en 1994, il deviendra ainsi le premier africain francophone à occuper ce poste. Il aimait se rappeler son discours à cette occasion diffusé sur tous les écrans de la planète et vu par plus d’un milliard d’êtres humains. Dans ces fonctions à New-York, il aura connu tous les grands de ce monde, parmi lesquels un certain Sergueï Lavrov, qui alors conseiller de la représentation permanente de l’URSS, avait déjà fait des garanties de sécurité collectives son cheval de bataille.
La naissance de l’Union Africaine
Mais ce dont ce grand diplomate était le plus fier était sans conteste son rôle en 2001 dans la transformation de l’Organisation de l’Unité africaine en Union africaine avec pour objectif de renforcer le multilatéralisme africain et d’être un instrument de paix. Si les résultats n’ont pas été au rendez-vous, il en avait néanmoins posé toutes les bases. En tant que premier président de cette nouvelle organisation, il joua un rôle prépondérant de médiateur pour résoudre les crises au Libéria et en Angola.
Malade depuis quelques années, il n’aura pas eu le temps de terminer son autobiographie, d’autres peut-être reprendront le flambeau pour écrire les pages de cette grande histoire de la diplomatie ivoirienne.