Depuis 2018, les réfugiés ont le droit de travailler et accèdent gratuitement à la santé et à l’éducation.
Le décret n° 2017-410/PR/MI, promulgué en 2018 par la République de Djibouti est un modèle du genre. Afin de faciliter l’intégration locale, notamment des Yéménites, arrivés en masse à partir de 2014, en raison de la guerre, le pays permet aux réfugiés et aux demandeurs d’asile de travailler légalement et d’accéder à différents services publics, en particulier l’éducation et la santé. Résultat, le camp de Markazi, situé au milieu d’un plateau aride et désertique, ne compterait plus qu’un millier de Yéménites. Les autres se sont installés, d’abord à Obock, où ils sont devenus pêcheurs, commerçants, restaurateurs, puis à Djibouti Ville (*).
Seul pays stable de cette région, Djibouti attire également des Ethiopiens, en raison des combats qui n’ont pas cessé, et des Somaliens, chassés par le terrorisme. Ce sont au total autour de 200 000 étrangers qui séjournent à Djibouti, sans forcément s’enregistrer comme réfugiés. Le laisser-aller institutionnel permet, en fait, à tous les étrangers, même clandestins, d’occuper de petits boulots. 200 000 personnes, c’est énorme pour une population de seulement 1,1 million d’habitants. Certes, en raison de sa position stratégique, Djibouti accueille des bases française, américaine, chinoise, qui lui versent des loyers substantiels (autour de 300 millions de dollars). Mais pourra-t-il, malgré tout, continuer indéfiniment à offrir gratuitement tous les services publics à des étrangers dont le nombre ne devrait pas cesser d’augmenter en raison de l’instabilité de la région ?
(*) « Djibouti au XXIe siècle », Aden Omar Abdillahi, Jean-Nicolas Bach, éditions Karthala, juillet 2023.