A proximité de Baalbek, principale ville de la plaine de la Bekaa, gouvernorat dominé par l’organisation chiite Hezbollah, la tête de Vladimir Poutine s’affiche sur le bord des routes.
Par Ian Hamel, à Baalbek
En avril dernier, Courrier International évoquait l’arrivée de 220 combattants du Hezbollah libanais en Ukraine, aux côtés de l’armée russe. Selon le site Ici Beyrouth, « les Russes auraient demandé au Hezbollah de tenir prêts 800 soldats parmi ses unités d’élite ». Ils seraient rémunéré 1500 dollars par mois. De son côté, l’état-major de l’armée ukrainienne assurait que les Russes ne recrutaient pas seulement des soldats de l’armée syrienne, mais aussi des combattants du Hezbollah libanais qui « ont l’expérience de la guérilla urbaine ». Hassan Nasrallah, le secrétaire général de l’organisation chiite, a vivement démenti, affirmant qu’« aucun partisan, militaire ni expert du Hezbollah n’est parti combattre ».
Les positions pro russes du Hezbollah
Néanmoins, le Hezbollah ne cache guère ses sympathies pour Moscou. Il dénonce régulièrement la position du Liban officiel qui, lui, condamne l’invasion russe de l’Ukraine. Mais pourquoi afficher le portrait de Poutine dans la plaine de la Bekaa ? Les militants du parti de Dieu, qui proposent des T-Shirts de leur organisation aux rares touristes, étaient un peu embarrassés pour nous répondre. En fait, il s’agirait d’affiches remontant aux élections législatives du 15 mai 2022 qui ont vu le Hezbollah, le Mouvement Amal et ses alliés n’obtenir que 41 sièges sur 128. Elles n’auraient pas été collées par l’organisation chiite mais par le Parti communiste libanais (PCL).
On oublie que cette formation politique, créée en 1924, a été autrefois très influente, avant de devenir un groupuscule. En 1992, le PCL avait totalisé 18 % des suffrages. Depuis, beaucoup de militants communistes ont rejoint le Hezbollah. Et le Parti communiste libanais lui-même, tout en demeurant marxiste-léniniste, est devenu un appendice du Parti de Dieu. Plus curieux encore, il soutient Vladimir Poutine, qui n’est pas véritablement communiste. De quoi désorienter quelque peu ses derniers électeurs.