Le puissant séisme de magnitude 7.8, qui a frappé le sud-est de la Turquie et en Syrie voisine, a été suivi quelques heures plus tard par une très forte réplique de magnitude de 7.5, des secousses enregistrées jusqu’au Groenland.
Ce bilan, très provisoire, ne cesse de s’alourdir, un très grand nombre de personnes restant piégées sous les bâtiments effondrés qui se comptent par milliers. La pluie et la neige, tombée à certains endroits en abondance et la baisse attendue des températures, vont rendre encore plus difficile la situation des personnes se retrouvant sans abri, ainsi que le travail des secours.
La première secousse est survenue à 4H17 locales (1H17 GMT), dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne.Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7.5, à 10H24 GMT, toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d’Ekinozu.
Et les bilans ne cessent de grimper!
Un désastre archéologique
Des sites archéologiques syriens, qui commençaient à peine à être réhabilités, ont également été touchés. Selon la direction générale des antiquités et des musées de Damas, la citadelle d’Alep, qui n’avait miraculeusement pas subi de dommage pendant la guerre, a vu chuter une partie du moulin ottoman. Des grandes parties du dôme du phare de la mosquée Ayyoubide sont également tombées. Les entrées du château ont aussi été endommagées.
Dans les villes de Hama, Salamyieh et Tartous, d’autres bâtiments historiques ont été touchés et l’inventaire des destructions n’est pas terminé…
En Syrie par ailleurs, le séisme a provoqué des scènes de panique, les habitants se sont ruant dehors, à pied ou en voiture, malgré les pluies torrentielles.
A Hama (centre-ouest), les secouristes et civils extraient à la main, aidés d’engins lourds, les corps des victimes sous les décombres, dont celui un enfant, a constaté l’AFP.
» Nous avons reçu des rapports sur l’effondrement d’un bâtiment de sept étages, où vivaient entre 100 et 150 personnes. Nous avons retrouvé 40 à 45 personnes. Il y a des rapports faisant état de 15 à 25 morts « , a précisé le coordinateur de la gestion des catastrophes pour le Croissant-Rouge arabe syrien à Hama, Alaa al-Chaker.
45 pays venus en aide
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont la réaction à ce drame sera très probablement suivie à la loupe avant l’élection du 14 mai qui s’annonce très serrée, a appelé à l’union nationale. » Nous espérons que nous sortirons de cette catastrophe ensemble le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts possible « , a-t-il tweeté, précisant par ailleurs que la Turquie avait reçu l’aide de 45 pays.
Du monde entier affluaient les condoléances, du président américain Joe Biden à ses homologues russe Vladimir Poutine au encore chinois Xi Jinping, en passant par le pape François qui s’est dit » profondément attristé « , ainsi que les propositions d’aide humanitaire et médicale.
La Grèce a notamment promis » de mettre à disposition (…) toutes ses forces pour venir en aide à la Turquie voisine « , avec laquelle elle entretient des relations orageuses.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui annoncé avoir approuvé une demande d’aide à la Syrie, avec laquelle l’Etat hébreu n’entretient pas de relation diplomatique.
L’Union européenne a activé son » mécanisme de protection civile » et » des équipes des Pays-Bas et de Roumanie sont déjà en route « , l’Azerbaïdjan, pays frère de la Turquie, a annoncé l’envoi immédiat de 370 secouristes, et l’Inde celui d’équipes de secours et médicales et de matériel de secours.
En Syrie, la citadelle d’Alep et plusieurs autres sites archéologiques ont été endommagés, selon la Direction générale des antiquités et des musées
En Turquie, les dégâts les plus importants ont été enregistrés près de l’épicentre du séisme de la nuit, entre Kahramanmaras et Gaziantep, où des pâtés de maisons entiers étaient en ruine, sous la neige.
Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz a affirmé l’organisme public Botas.
Le Kurdistan d’Irak a annoncé avoir suspendu » par sécurité » ses exportations de pétrole vis la Turquie.
Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, l’ont également été au Liban et à Chypre, selon des correspondants de l’AFP, ainsi qu’au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n’a été signalée. Selon l’institut géologique danois, les secousses ont été ressenties jusqu’au Groenland. La Turquie est située sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde.
Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.