Dada Masilo, chorégraphe sud-africaine de génie qui a révolutionné le ballet en y insufflant l’âme africaine, nous a quittés le 29 décembre 2024 à seulement 39 ans.
Dada Masilo, figure incontournable de la danse contemporaine, s’est éteinte le 29 décembre 2024 à l’âge de 39 ans, des suites d’une brève maladie. Née le 21 février 1985 dans le township de Soweto, près de Johannesburg, cette enfant prodige a marqué de son empreinte indélébile l’univers du ballet, bousculant les codes et repoussant les limites de cet art millénaire.
Dès son plus jeune âge, le talent de Dada Masilo éclate au grand jour. À seulement 11 ans, elle se produit devant la reine Beatrix des Pays-Bas, une consécration précoce pour cette jeune danseuse issue d’un milieu modeste. Formée à la Dance Factory de Johannesburg, puis à l’École nationale des arts, elle perfectionne son art en Belgique aux Performing Arts Research and Training Studios. C’est là qu’elle développe sa vision unique, alliant la rigueur de la technique classique à l’énergie brute des danses africaines.
L’année 2008 marque un tournant décisif dans sa carrière. En remportant le prestigieux Standard Bank Young Artist Award, Dada Masilo s’impose comme une étoile montante de la scène chorégraphique. Cette reconnaissance lui ouvre les portes de la création, donnant naissance à trois œuvres majeures : Romeo and Juliet (2008), Carmen (2009) et Swan Lake (2010). Ces relectures audacieuses des grands ballets classiques bousculent les codes et imposent son style novateur sur la scène internationale.
La singularité de Dada Masilo réside dans sa capacité à faire dialoguer deux univers a priori opposés : la danse africaine et le ballet classique. En revisitant les chefs-d’œuvre du répertoire, elle y insuffle les rythmes envoûtants et l’énergie communicative des traditions africaines. Mais sa démarche va bien au-delà de l’esthétique. À travers ses créations, Masilo explore des thèmes universels tels que le genre, la sexualité et l’identité, transcendant les frontières culturelles pour toucher à l’essence même de l’humanité.
Perfectionniste jusqu’à l’obsession, Dada Masilo abordait chaque création avec une intensité rare. Alliant virtuosité technique et profondeur émotionnelle, elle utilisait la danse comme un outil pour dénoncer les injustices et briser les tabous. Ses œuvres, d’une vitesse d’exécution et d’une énergie inégalées, éblouissaient le public tout en l’invitant à une réflexion profonde sur la société.
Quelques semaines avant sa disparition, la ville de Johannesburg lui rendait un hommage appuyé en lui dédiant une étoile sur le mur du Théâtre de Soweto. Une reconnaissance ultime pour celle qui, tout au long de sa carrière, a porté haut les couleurs de la danse africaine sur les scènes du monde entier. En septembre 2024, elle recevait le Prix Positano Léonide Massine pour l’ensemble de son œuvre, confirmant son statut d’icône incontestée.
Au moment de son décès, Dada Masilo travaillait sur un projet très personnel, une pièce autobiographique explorant le thème de la perte des êtres chers. Ce dernier opus inachevé témoigne de sa capacité à puiser dans son vécu pour nourrir son art et toucher au plus profond l’âme du public.