Dimanche 3 juillet à Accra la CEDEAO réunie en sommet a levé toutes les sanctions économiques et financières prises à l’encontre du Mali.
Seule réserve, l’organisation ouest-africaine exige la non-participation des autorités de transition à la prochaine élection présidentielle. La junte au pouvoir avait cru bon de faire sauter cette clause qui était pourtant inscrite dans la charte de la transition. Ce bémol mis à part, cette décision est une victoire. Bamako a gagné son bras de fer avec les institutions sous-régionale. Mais Assimi Goïta et Choguel Kokala aurait tort de croire que ce succès leur revient, il est à mettre sur le compte des opinions publiques africaines qui se sont rangées derrière le Mali contre les chefs d’Etat de la sous-région. Leur impopularité était telle qu’ils ont été obligés de reculer. En outre, ils ont bien été obligés de reconnaître que ces sanctions, outre qu’elles nuisaient à leurs propres économies et au peuple malien, n’avaient permis aucune avancée politique.
Pour la CEDEAO, il n’y avait que des coups à prendre. Le camp des durs a perdu. Selon des sources au sein de l’institution, même Alassane Ouattara, un des plus fervents partisan de cette tendance a été obligé de mettre de l’eau dans son vin. La France, qui était encore dans une position de fermeté à l’encontre de Bamako doit aussi manger son chapeau.
Redorer son blason
Le vent de panafricanisme qui souffle sur le continent vient d’obtenir une autre victoire; c’est le jeune Emballo Sissoko, chef d’Etat de la Guinée Bissau qui a obtenu la présidence en exercice de la CEDEAO, contre l’avis du président ivoirien. Ce dernier avait même songé à se faire élire à ce poste, en vain. La CEDEAO avait besoin de redorer son blason vis-à-vis des opinions publiques vent debout contre ceux qu’elles soupçonnent de vendre leur souveraineté à l’Occident.
Preuve de la force de ce courant, la junte guinéenne qui ne bénéficie pas de ce soutien, est la seule perdante de ce sommet d’Accra. Elle n’a obtenu qu’un mois de délai avant de prochaines sanctions si elle ne réduit pas la période de transition, qu’elle a maintenu à 36 mois.
Au Burkina Faso, Paul-Henri Damiba, qui joue au bon élève et tente de passer en dessous des radars a donné des gages en libérant immédiatement le président Marc Roch Christian Kabore et en réduisant la transition à 24 mois. Une manœuvre habile puisque celle-ci commence à partir du 1er juillet 2022, ce qui au final revient à obtenir 30 mois sur les 36 demandés… Il aurait toutefois tort d’oublier que c’est au peuple burkinabè qu’il doit donner des gages, car au final c’est lui qui remporte les bras de fer. Le monde est en train de changer et c’est plutôt une bonne nouvelle…