Ali Bongo veut des élections « apaisées », mais…sous contrôle 


Le Gabon organisera fin août début septembre 2023 des élections présidentielles au suffrage universel direct et – c’est une première ! – couplées d’élections législatives. Des élections que l’on veut et promet « apaisées » mais dont la transparence ne semble pas préoccuper.

Par Jocksy Andrew Ondo-Louemba 

C’est Ali Bongo – chef de l’exécutif du Gabon – en personne qui avait dans son discours à la nation du 31 décembre 2023 annoncé sa volonté d’organiser des assises politiques qui devraient « définir les bases de la préparation de scrutins aux lendemains apaisés ».
Ali Bongo, soucieux de redorer son image et de se maintenir au pouvoir avait jugé bon de réunir une partie de la classe politique gabonaise en son palais en février 2023 avec pour mission au sein d’une « concertation politique » de lui proposer un ensemble de mesures pour organiser des « élections aux lendemains apaisés ».

Concertation…au ministère de la Défense.

Et la « concertation politique » voulue par Ali Bongo et acceptée par une frange de l’opposition complaisante se tint dans un endroit pour le moins insolite : la cour du ministère de la Défense à deux pas du Palais présidentiel du Gabon, sous haute surveillance militaire donc!
Au cours de ces assises, l’opposition  n’évoqua pas les fraudes commises par Ali Bongo et les moyens de s’en prémunir à l’avenir. Ils ne mirent pas sur la table l’impunité des auteurs des violences postélectorales qui ont fait plusieurs morts. Ils ne mirent  pas en cause la liberté qu’ont ceux qui proclament les élections au Gabon de proclamer des résultats qui ne cadrent pas avec les décomptes des urnes, ni celle de la Cour Constitutionnelle de proclamer un Ali Bongo vainqueur sur la base de résultats absurdes…
L’opposition se félicita d’avoir obtenu qu’Ali Bongo ne se fasse pas « élire » par le Parlement où son Parti détient plus de 90% des sièges…

Au Gabon, la fenêtre d’Overtone peut même devenir un portail !

Élections de façade

Les élections qui devront se tenir fin août ou début septembre au Gabon ne seront pas transparentes comme les précédentes et ne seront qu’une façade pour asseoir un régime qui est en réalité une junte militaire en costume cravate. La biométrie tant vantée au Gabon et installée à coups de millions d’euros il y a plus de 7 ans n’a jamais été effective. 

Le président de la nouvelle commission électorale est un membre de Parti Démocratique Gabonais, thuriféraire d’Ali Bongo passé par le renseignement ! 

Quant à la Cour Constitutionnelle du Gabon, elle est toujours dirigée par Marie-Madeleine Mbonrantsuo une femme aux états de service éloquents avec trois validations absurdes de « victoires » d’Omar (1993 et 2005) puis d’Ali Bongo (2016)
Quant à l’armée gabonaise, elle sera mise à contribution comme en 2016 pour soutenir les meetings, coller des affiches, assurer la logistique du Président-Candidat Ali Bongo « Le patron » comme ils l’appellent. Au  besoin, elle imposera Ali Bongo face à une contestation qu’elle a appris à étouffer avec une certaine efficacité.

Pas de mauvaise pub


En réalité, ce qu’Ali Bongo et son régime ne veulent pas, c’est d’avoir mauvaise presse. Même si de ce point de vue aussi, il bénéficie déjà de solides soutiens dans la presse occidentale et que seuls quelques rares médias – dont Mondafrique – décrivent son régime tel qu’il est.
Ali Bongo ne veut pas que sa « réélection » en 2023 soit contestée vivement. Il ne veut plus de photos de manifestants criblés de balles sur internet malgré la censure. Il ne veut surtout pas qu’un  média (comme Itélé jadis) évoque sa répression sanglante. Il ne veut pas des observateurs de l’Union européenne et de leurs « déclarations intempestives ».

Juste des élections 


Ali Bongo veut brouiller les cartes et désorienter l’électeur gabonais en organisant des législatives au même moment que la présidentielle. Il peut compter pour cela sur une opposition politique pour le moins conviviale quand elle n’est pas carrément amorphe.
Le but, c’est qu’il y ait des élections au Gabon, des « élections aux lendemains apaisés », pas transparentes, justes des élections. Des élections que bien sûr Ali Bongo remporterait avec des chiffres moins ridicules – on l’espère – que ceux de 2016.