Cet été, place à la vibrante diversité des scènes africaines et arabes ! De Montréal à Cape Coast, d’Agadir à Baalbeck, la rédaction a sélectionné dix festivals qui font résonner les cultures, les mémoires et les voix du Sud avec audace, exigence et créativité. Musiques, danses, contes, théâtre ou rituels, chaque rendez-vous célèbre une forme d’hospitalité artistique et de résistance joyeuse. Entre patrimoine vivant et pulsations contemporaines, voici dix escales incontournables pour écouter battre le cœur d’un monde en mouvement.
Timitar Festival : Agadir vibre aux sons amazighs et du monde entier
À Agadir, du 2 au 5 juillet 2025, le Timitar Festival célèbre la musique amazighe en la mêlant à des sons venus des quatre coins du monde. Un rendez-vous culturel aussi identitaire qu’international, enraciné dans la diversité marocaine.
Depuis sa création en 2004, le Timitar Festival s’est imposé comme une vitrine de la culture amazighe, tout en incarnant un modèle d’ouverture aux musiques du monde. Organisé à Agadir, perle du sud marocain, il attire chaque année des dizaines de milliers de spectateurs, venus écouter un éventail d’artistes aussi variés qu’engagés. L’édition 2025, qui se tiendra du 2 au 5 juillet, promet une programmation audacieuse : fusion de sonorités berbères, rythmes subsahariens, électronique alternative, jazz nomade et rap marocain. Ce dialogue musical est au cœur de la philosophie du festival : faire dialoguer les identités culturelles sans les diluer, créer du commun sans effacer les différences.
Le choix d’Agadir n’est pas anodin. Ville reconstruite après le séisme de 1960, elle incarne une résilience qui fait écho à celle des musiques traditionnelles amazighes, longtemps marginalisées puis réhabilitées comme trésors du patrimoine national. À Timitar, cette mémoire s’exprime dans les chants poétiques d’artistes comme Fatima Tihihit ou Raïs Hassan Arsmouk, tout en se réinventant dans les expérimentations de la jeune garde, à l’image du groupe Ribab Fusion. L’édition 2025 s’annonce comme une passerelle entre générations : une scène sera dédiée aux jeunes artistes marocains qui mêlent langue amazighe, beat digital et engagement politique.
Mais le festival ne se limite pas à la musique. Depuis plusieurs années, des ateliers sont organisés en marge des concerts : initiation à l’écriture tifinagh, débats sur la place de la culture amazighe dans les médias, performances poétiques, expositions de photographies rurales, lectures de contes. En ce sens, Timitar est autant un espace festif qu’un laboratoire culturel. Cette volonté de croiser les formes artistiques est renforcée en 2025 par une collaboration inédite avec des artistes du Sahel, venus du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Au programme : rencontres autour de la musique touarègue, concerts partagés, jam sessions entre n’goni et ribab.
Le contexte géopolitique régional n’est pas étranger à ce choix. Alors que les tensions identitaires ressurgissent à travers le Maghreb et le Sahel, Timitar oppose une réponse pacifique et constructive : mettre en avant les langues minorées, les traditions orales, les rituels collectifs comme autant de formes de résistance et de fierté. Le festival rappelle que la culture amazighe, loin d’être folklorique, est un vecteur de pensée et de modernité. On y débat autant qu’on y danse. En témoigne la présence, cette année, de conférenciers et penseurs issus de la diaspora amazighe en Europe, venus parler des liens entre patrimoine et lutte écologique.
Le festival est aussi un enjeu touristique pour Agadir, qui voit ses hôtels se remplir chaque début juillet. Mais l’organisation veille à limiter l’impact environnemental de l’événement. Depuis 2022, des engagements concrets ont été pris : tri sélectif, limitation des plastiques, navettes collectives depuis les plages et les périphéries, sensibilisation à la pollution sonore. Les scènes principales – situées à la place Al Amal, à la marina et au théâtre en plein air – sont équipées de dispositifs acoustiques conçus pour minimiser les nuisances pour les riverains.
Dans un Maroc en pleine redéfinition culturelle et politique, Timitar conserve une portée symbolique forte. Les artistes invités – du rappeur Dizzy Dros à la chanteuse touarègue Fatoumata Diawara, en passant par les chœurs rifains de Chefchaouen – incarnent cette volonté de tisser des ponts. En 2025, le slogan du festival reste inchangé : « Les artistes amazighs accueillent les musiques du monde ». Une formule simple, mais toujours aussi nécessaire.
Informations pratiques :
Dates : du 2 au 5 juillet 2025
Lieu : Agadir, Maroc – Scènes principales : Place Al Amal, Marina, Théâtre de Verdure
Entrée : gratuite (certains événements sur inscription)
Transport : Navettes locales prévues depuis les hôtels, taxis collectifs
Hébergement : Hôtels partenaires à tarifs réduits via le site officiel
Contact & programme : www.timitar.org
Wassa’n Africa : Launac célèbre vingt ans de culture subsaharienne
Du 4 au 6 juillet 2025, le parc municipal de Launac révèlera sa 20ᵉ édition de Wassa’n Africa, un festival gratuit mettant à l’honneur musiques, danses, arts et échanges interculturels entre artistes africains et locaux dans un cadre convivial et engagé.
Depuis sa création en 2005, Wassa’n Africa s’est imposé comme un rendez-vous incontournable des cultures subsahariennes en Occitanie. Ce festival gratuit, implanté sur trois jours du 4 au 6 juillet 2025 dans le parc municipal de Launac (Haute-Garonne), est une invitation à voyager sans quitter la région. Au fil des années, son esprit convivial et sa programmation mêlant artistes de renom, jeunes talents et artisans ont fait de cet événement une halte culturelle majeure, fondée sur l’échange, le partage et la convivialité.
L’édition 2025 célèbre ses vingt ans avec une énergie renouvelée : concerts, contes, ateliers, marché artisanal et stages rythmeront ces trois journées. Sur la scène principale, le Sénégalais Bakh Yaye, pionnier de la scène folk locale, relancera les festivités le vendredi à 19h30, suivi du Rabie Houti Band du Maroc à 21h, avec leur fusion arabo-andalouse jubilatoire, puis SOFAZ, jeune groupe de maloya électro, pour clore la soirée.
Le samedi promet une journée rythmée, dès 10h, avec ateliers de percussions animés par Adama Dramé (Burkina Faso). À la tombée du jour, le Nigerien Fiac Sy proposera une performance hybride de rap et calebasse, suivi du maître de djembé Dramé en concert, avant de céder la scène à Manu Sissoko (Mali-France), figure de la world fusion, à 22h30. DJ Djib’Son et DJ Kalifa assureront les fins de soirée pour prolonger la fête.
Le dimanche sera l’occasion d’un marché permanent d’artisans africains, d’automatismes au Balafon, d’initiation au ngoni ou à la danse traditionnelle, d’un conte musical sous l’arbre à palabres animé par le griot sénégalais Aboubacar Ndiaye, et d’une grande fête des percussions avec PercuSound à 17h30. Les concerts de chorales gospel et de l’orchestre Balafon Kanazoé dès 19h30 marqueront la soirée, avant un nouveau set de DJ Djib’Son.
Wassa’n Africa ne se réduit pas à une programmation musicale : il incarne une démarche interculturelle, entre Occitanie et Afrique. Des expositions photographiques, des stages de sculpture ou de conte, un marché artisanal, un pôle jeune public, ainsi que des débats autour du vivre-ensemble enrichissent l’expérience du festival. L’ancrage local est complémentaire d’une ambition globale : faire circuler art et savoirs entre Toulouse et Bamako, entre Launac et Ouagadougou, entre solidaires et voyageurs.
Le festival a consolidé ses engagements : gratuité totale, accès facilité, animations pour tous les publics, accueil des familles, coopération avec les institutions locales (Mairie, Communauté de communes), partenaires sociaux et éducatifs. Il propose également du camping sur site, gratuit et accessible sur inscription, avec sanitaires disponibles, et favorise le covoiturage ou le train pour réduire l’empreinte carbone. Les bouteilles en verre, feux pyrotechniques et objets dangereux sont interdits, garantissant un espace sûr et respectueux.
Au fil des éditions, Wassa’n Africa s’est ouvert à la francophonie et aux diasporas, en intégrant au-delà de l’Afrique des spectacles caribéens ou afro-québécois, en encourageant jeunes créateurs et programmation inclusive. En 2025, le festival est un véritable chantier de co-construction culturelle, où bénévoles, public, institutions et artistes bâtissent un projet commun.
En un mot, Wassa’n Africa est un manifeste d’hospitalité. Un lieu où, pendant trois jours, Launac devient capitale de l’Afrique en Occitanie. Là où les frontières tombent, reste la musique, la parole, le geste. Trois jours pour apprendre, partager, vibrer ensemble. Trois jours pour réenchanter le monde, une tambour à la main, sous les arbres centenaires d’un parc du Sud-Ouest.
Informations pratiques :
Dates : du 4 au 6 juillet 2025
Lieu : Parc municipal de Launac (31330 Launac, Haute-Garonne, France)
Accès : 30 minutes de Toulouse – covoiturage, train + navette, stationnement parking du parc
Entrée : gratuite, sans réservation
Programme complet : concerts, ateliers et expos répartis sur 3 jours
Ateliers : percussions, danse, conte, balafon, ngoni — inscription à l’accueil
Camping : gratuit (sur inscription) avec sanitaires disponibles
Restauration : stands de cuisine africaine, marché d’artisanat
Restrictions : pas de bouteilles en verre, feux, objets tranchants
Contact et infos : info@wassanafrica.com ; tél. +33 6 70 38 92 50
Site officiel : www.wassanafrica.com
Nuits d’Afrique : Montréal, carrefour vibrant des diasporas sonores
Du 8 au 20 juillet 2025, Montréal vibre au rythme du Festival International Nuits d’Afrique. Musiques afro-caribéennes, concerts de rue, scènes urbaines et mémoires sonores de la diaspora tissent, au cœur du Québec, un patchwork culturel incandescent.
Depuis près de quarante ans, les Nuits d’Afrique ne dorment jamais. À Montréal, chaque été, elles réveillent les imaginaires, les corps et les mémoires. Du 8 au 20 juillet 2025, la métropole québécoise accueillera la 39e édition du Festival International Nuits d’Afrique, devenu au fil des décennies la plus grande célébration des musiques d’Afrique, des Antilles et d’Amérique latine en Amérique du Nord. L’événement se déploiera comme toujours dans le Quartier des Spectacles, au cœur de la ville, mais aussi dans les parcs, les clubs, les cafés et les artères culturelles, pour une quinzaine de jours d’effervescence populaire, joyeuse, revendicative et musicale.
Nuits d’Afrique est bien plus qu’un festival. C’est un manifeste sonore de la diversité. Un espace où les héritages diasporiques prennent scène et sens. Fondé en 1987 par Lamine Touré, originaire du Sénégal, l’événement est né de l’envie de faire entendre les musiques afrodescendantes dans une société québécoise encore peu familière avec ces rythmes. Aujourd’hui, c’est un incontournable du calendrier culturel de Montréal, une institution à la fois festive et politique. Chaque année, plus de 100 concerts, ateliers et spectacles sont proposés, réunissant près de 700 artistes issus de 30 pays, sur six scènes principales, entre salles de concert, places publiques et clubs.
L’édition 2025 mettra à l’honneur les rythmes afro-futuristes, avec une programmation tournée vers les croisements entre traditions africaines et musiques électroniques. Le Béninois Arnaud Dolmen ouvrira le bal avec un set de jazz créole électrisé, suivi du Camerounais Blick Bassy, qui présentera Mádibá, un projet mêlant bassa, électro et performance visuelle. Du côté des Antilles, la Martiniquaise Christine Salem fera entendre ses maloyas en fusion avec des textures urbaines. Le dancehall, le zouglou, l’amapiano, l’afrobeats et le gwo ka seront aussi représentés dans des formats hybrides, créatifs, et résolument tournés vers les jeunes générations.
Le cœur battant du festival, c’est la grande scène extérieure du Parterre du Quartier des Spectacles. Là, pendant onze jours, les concerts s’enchaînent en plein air, gratuits et accessibles à tous. L’ambiance y est unique : familles, danseurs, militants, touristes, nostalgiques, enfants, couples, communautés africaines, caribéennes, haïtiennes, maghrébines, tout le monde s’y retrouve. Le brassage n’est pas une stratégie, c’est une réalité. Entre deux concerts, on croise des stands de cuisine sénégalaise, des artisans ivoiriens, des tatoueurs peuls, des DJ de Kinshasa ou de Brooklyn. On ne célèbre pas seulement des musiques, mais des langues, des tissus, des gestes, des mémoires et des liens.
Au-delà de la scène, le festival propose aussi une série d’activités gratuites : conférences sur les cultures afrodescendantes, contes pour enfants, projections de documentaires, ateliers de percussions, d’écriture rap ou de danse sabar. En 2025, un cycle de tables rondes explorera la notion de « futur noir » dans les arts contemporains. À la Maison de la Culture Côte-des-Neiges, une exposition collective présentera des œuvres visuelles inspirées de l’afro-diaspora et des identités métissées. Ce volet réflexif, souvent ignoré du grand public, donne à Nuits d’Afrique sa profondeur rare : on y célèbre la joie, mais on y pense aussi le déracinement, l’injustice, la violence symbolique, et surtout la réparation par l’art.
Nuits d’Afrique est aussi une formidable rampe de lancement pour les artistes émergents. Chaque année, le festival organise un concours appelé Les Syli d’Or, où de jeunes talents s’affrontent lors de soirées live. Le public et un jury mixte votent pour désigner les lauréats, qui bénéficient ensuite d’un accompagnement professionnel, d’une tournée et d’un enregistrement. Plusieurs artistes aujourd’hui reconnus sont passés par cette scène tremplin. Cette dynamique d’accompagnement des artistes issus des communautés migrantes est au cœur de la mission du festival : transformer la visibilité en légitimité, et faire de la scène montréalaise un espace de reconnaissance durable.
Informations pratiques :
Dates : du 8 au 20 juillet 2025
Lieu : Quartier des Spectacles, Montréal, Canada
Accès : métro Place-des-Arts, navettes depuis les arrondissements périphériques
Billetterie : concerts extérieurs gratuits, spectacles en salle payants (tarifs variables)
Langues : français, anglais, créole, wolof, lingala (programmation multilingue)
Hébergement : hôtels partenaires, auberges et logements temporaires disponibles
Site officiel : www.festivalnuitsdafrique.com
Festival International de Carthage : dans l’arène antique, les musiques d’aujourd’hui
Du 17 juillet au 21 août 2025, le Festival International de Carthage célèbre sa 59e édition. Dans les vestiges d’un empire, musiques arabes, africaines et mondiales se croisent, entre mémoire classique et pulsations modernes.
Dans l’amphithéâtre romain de Carthage, chaque pierre semble porter en elle un millénaire de voix. Voix d’orateurs, de gladiateurs, de conquérants, puis, plus récemment, de poètes, de rockeurs et de stars de la scène arabe. Depuis 1964, le Festival International de Carthage fait résonner ces ruines de sons venus d’ailleurs, de rythmes enracinés et d’échos nouveaux. L’édition 2025, la 59e, se tiendra du 17 juillet au 21 août, et malgré les coupes budgétaires et les crispations politiques, elle promet une programmation dense, traversée par les grands courants artistiques du moment.
À Carthage, on ne choisit pas entre la tradition et l’innovation. On joue sur les deux tableaux. Le festival reste l’un des rares de la région à pouvoir accueillir aussi bien des orchestres symphoniques que des têtes d’affiche du rap arabe, des troupes de théâtre palestiniennes et des ballets venus de Cuba. Cette année encore, la diversité prévaut. La soirée d’ouverture sera confiée à l’Orchestre national tunisien, accompagné d’une troupe andalouse dans un spectacle intitulé Mémoire d’al-Andalus, hommage aux liens séculaires entre Maghreb et péninsule ibérique.
Viendront ensuite les grands noms : Cheb Khaled, toujours fidèle au site, proposera une soirée de raï fusion avec des artistes gnawa et des musiciens maliens. La chanteuse soudanaise Rasha prendra la scène pour une veillée acoustique à la lumière des tambours hausa. Côté hip-hop, le rappeur palestinien Saint Levant partagera l’affiche avec Balti, figure du rap tunisien, pour une soirée « Mashreq-Maghreb » très attendue. Une création inédite rassemblera également la Libanaise Tania Saleh, l’Égyptienne Dina El Wedidi et la Franco-Comorienne Imany pour un trio féminin intitulé Voix libres, mêlant folk, blues, et chant soufi.
Mais Carthage n’est pas qu’un festival musical. Le théâtre y garde une place centrale, en arabe, en dialectal, en français, parfois sans paroles. Le metteur en scène Fadhel Jaïbi y présentera Boussa el Watan, satire politique sur la mémoire et l’amnésie nationale. En partenariat avec l’Institut français de Tunisie, deux pièces contemporaines venues du Sahel — l’une nigérienne, l’autre burkinabè — viendront croiser les imaginaires postcoloniaux dans un diptyque percutant. Côté danse, la chorégraphe Faïza Kefi proposera un solo de 50 minutes sur la question de la transmission maternelle dans les sociétés rurales tunisiennes. À l’heure où la jeunesse tunisienne questionne ses racines, ses repères et son avenir, la scène devient miroir.
Le festival s’ouvre aussi aux esthétiques numériques. Plusieurs soirées « visuelles » sont prévues : mapping sur les murs du théâtre, installations sonores, DJ sets à la croisée de l’afrotech et de l’électro orientale. Un hommage à l’artiste plasticienne Safia Farhat sera présenté en projection immersive. Le festival veut parler aux jeunes, non par stratégie de communication, mais parce que la jeunesse tunisienne est aujourd’hui porteuse de tension créatrice. Elle est à la fois héritière, résistante, impatiente.
Dans un pays où les budgets culturels fondent, où les libertés artistiques sont parfois mises à l’épreuve, le maintien d’une telle édition est une déclaration. Le Festival de Carthage n’est pas un divertissement : il est un espace de souveraineté symbolique. Il rappelle que la Tunisie est une nation culturelle avant d’être un champ de bataille politique. Qu’un peuple qui chante, qui écrit, qui joue, ne cède pas facilement à l’effacement. Et que, même fragilisé, le théâtre antique de Carthage continue de porter haut les voix de ceux qui refusent la résignation.
La scène est immense, les gradins majestueux, mais c’est souvent dans les silences entre deux morceaux, quand les projecteurs se figent sur une voix nue, qu’on mesure la force de ce lieu. Carthage n’est pas un festival de masse, c’est une mémoire partagée.
Informations pratiques :
Dates : du 17 juillet au 21 août 2025
Lieu : Théâtre romain de Carthage, Tunisie (proche de Tunis)
Accès : 25 minutes de route depuis le centre de Tunis – taxis, bus ou train TGM
Billetterie : en ligne via festivaldecarthage.tn ou points de vente culturels à Tunis
Entrée : billetterie modulée selon les spectacles – tarifs réduits pour étudiants
Langues : arabe, français, anglais – certains spectacles traduits ou surtitrés
Hébergement : hôtels à Carthage, Sidi Bou Saïd et Tunis – partenariats hôteliers disponibles
Baalbeck International Festival : Carmen sous les colonnes, l’art debout au Liban
Du 25 juillet au 8 août 2025, le Festival International de Baalbeck renaît sous le signe de l’opéra. La première représentation de Carmen ayant été sold out, une seconde soirée a été ajoutée, preuve que l’art triomphe même dans l’incertitude.
L’an dernier, alors que la guerre entre Israël et le Hezbollah faisait rage au sud, le Liban entier retenait son souffle. À Baalbeck, dans la vallée de la Békaa, les colonnades romaines du temple de Bacchus semblaient attendre, stoïques et vulnérables. Il suffisait d’un missile mal orienté pour que deux mille ans d’histoire s’effondrent. Mais l’été passa, les pierres tinrent bon. Et en 2025, le Festival International de Baalbeck revient, plus vivant que jamais. Il s’ouvrira par Carmen de Bizet, les 25 et 26 juillet — non pas une, mais deux représentations : la première soirée ayant été vendue en quelques heures, les organisateurs ont décidé de doubler l’opéra pour répondre à une demande populaire inédite.
Ce succès n’a rien d’anecdotique. Dans un pays ravagé par les crises économiques, les coupures d’électricité et les menaces géopolitiques, cette ruée vers un opéra est un acte collectif de foi dans la culture. Sur les marches du temple de Bacchus, Carmen prendra une dimension nouvelle. Mis en scène par Jorge Takla, dirigé par Toufic Maatouk, l’opéra sera interprété par l’Orchestre national de la Radio roumaine, avec le chœur de l’Université Antonine et la mezzo-soprano franco-algérienne Amel Brahim-Djelloul dans le rôle-titre. La tragédie de cette femme libre, passionnée, insoumise, résonnera avec les tumultes d’un pays qui refuse de plier.
Carmen parle de désobéissance, de dignité, de fierté.
Ce choix de programmation n’est pas simplement esthétique. C’est l’histoire d’une femme, Carmen, qui choisit sa liberté jusqu’à la mort. À Baalbeck, ce récit devient une métaphore du Liban lui-même : menacé, déchiré, mais debout. En écho à cette ouverture lyrique, la clôture du festival sera confiée à Hiba Tawaji, le 8 août, pour un concert événement intitulé Stages – حقبات, retraçant en musique les grandes ères de la chanson arabe moderne, de Fairuz aux compositions Rahbani.
Entre ces deux temps forts, le festival offrira une série de rendez-vous hybrides : le 31 juillet, concert du duo franco-libanais Bachar Mar-Khalifé et Jeanne Added ; spectacles de danse contemporaine inspirés de la mémoire paysanne de la Békaa ; projections visuelles nocturnes dans les galeries du temple. En 2025, Baalbeck renforce sa volonté d’ouverture : il ne s’agit plus seulement d’un festival de musique classique, mais d’un espace de création vivante, polyphonique, indocile.
Ce qui frappe à Baalbeck, c’est la persistance du sublime dans un monde fracturé. Depuis 1956, le festival est un acte de résistance poétique. Même au plus fort de la guerre civile, il a tenu, migrant parfois vers Beyrouth, adaptant ses formats, mais refusant de disparaître. Aujourd’hui, alors que le Liban traverse une crise sans précédent, les organisateurs refusent de renoncer. Le festival s’auto-produit en grande partie, mobilise des mécènes privés, active des réseaux de bénévoles. Les techniciens dorment sur place, les artistes jouent parfois sans cachet. Baalbeck est devenu une affaire de survie culturelle.
Et le public suit à chaque fois que c’est possible. Les gradins se remplissent alors d’un mélange unique : familles de la région, diplomates de passage, membres de la diaspora, étudiants en arts dramatiques, touristes intrépides, enfants en robes blanches émerveillés par la musique. À Baalbeck, le silence entre deux notes n’est jamais vide : il est rempli de mémoire. C’est ce que comprend tout visiteur, en voyant Carmen s’avancer sur la scène, sa voix s’élever dans l’air chaud de la vallée, entourée de colonnes dressées comme des cierges millénaires. La beauté ne guérit pas le pays, mais elle le garde habitable.
En 2025, Carmen ne vient pas en décor. Elle vient en réponse. Et l’ajout d’une seconde soirée n’est pas une simple reprise de billetterie : c’est un signal. Dans un Liban qui doute de tout, y compris de son lendemain, plus de 2 000 personnes ont choisi de commencer leur été par une tragédie chantée, offerte aux dieux de pierre et au peuple qui persiste.
Informations pratiques :
Dates : Carmen les 25 et 26 juillet 2025 ; Hiba Tawaji – Stages le 8 août 2025
Lieu : Site archéologique de Baalbeck, vallée de la Békaa, Liban
Accès : navettes depuis Beyrouth (2h30 de route), parkings surveillés à l’entrée du site
Billets : disponibles sur www.baalbeck.org.lb et dans les points de vente agréés (tarifs variables selon les spectacles)
Hébergement : hôtels à Zahlé, maisons d’hôtes locales, logements temporaires proposés par le festival
Langues : spectacles en français, arabe ou multilingue selon les soirées
Festival International de Hammamet : théâtre et musiques à fleur de Méditerranée
Du 8 juillet au 12 août 2025, le Festival International de Hammamet revient sur la scène du Centre Culturel International. Musique, théâtre, danse et poésie s’y entremêlent, dans une Tunisie marquée par la transition mais fidèle à sa tradition artistique.
Perché au-dessus des vagues, au cœur d’un jardin d’eucalyptus, l’amphithéâtre du Centre Culturel International de Hammamet est bien plus qu’un lieu. C’est un geste architectural tourné vers la Méditerranée, une main tendue au dialogue, un bastion discret de la culture tunisienne. Depuis 1964, le Festival International de Hammamet y célèbre chaque été les arts vivants avec une élégance discrète et une programmation exigeante. En 2025, il se tiendra du 8 juillet au 12 août, et s’annonce comme un souffle de respiration dans une Tunisie en mutation, ballotée entre incertitude politique et soif d’expression.
La 57e édition de ce rendez-vous estival continue de miser sur la diversité des formes : théâtre d’auteur, concerts acoustiques, chorégraphies contemporaines, lectures poétiques, et rencontres transdisciplinaires. Ce qui distingue Hammamet des autres festivals du Maghreb, ce n’est pas l’ampleur des foules ou l’exubérance des scènes, mais l’intimité, le respect du texte, la fidélité au geste. Ici, la mer n’est pas une toile de fond, elle est un partenaire de jeu. Le vent du soir, les cigales et les silences font partie intégrante du spectacle.
L’édition 2025 rendra un hommage particulier à l’écrivain Albert Memmi, enfant de la médina de Tunis et penseur du double exil, disparu il y a cinq ans. Une lecture scénique de La Statue de sel par l’acteur Sami Bouajila ouvrira la saison, suivie d’une création musicale autour de ses textes par le compositeur Zied Zouari. L’ombre bienveillante de la pensée décoloniale planera sur l’ensemble du programme, sans jamais devenir pesante. Le théâtre sera représenté cette année par la Compagnie El Teatro, avec une relecture arabe de Médée signée Fadhel Jaïbi. Sur scène, la comédienne Ghalia Benali interprétera une Médée contemporaine, entre chant guttural et cri maternel, dans une performance saluée au Festival d’Avignon Off.
La musique, elle, sera portée par des figures fidèles au lieu : le chanteur libanais Charbel Rouhana viendra présenter un répertoire inédit de oud aux frontières du jazz, tandis que la Soudanaise Alsarah & the Nubatones donnera un concert afro-électro aux rythmes de transe urbaine. L’Algérien Sofiane Saïdi proposera un set raï digital, et la chanteuse tunisienne Emel Mathlouthi reviendra, le 2 août, pour une soirée attendue mêlant ses nouveaux titres et ses hymnes engagés. Ce moment s’annonce particulièrement symbolique : l’artiste, exilée entre New York et Paris, retrouvera pour la première fois depuis dix ans le public tunisien qui l’avait érigée en icône pendant la Révolution de 2011.
À Hammamet, la scène ne s’arrête pas aux gradins. Chaque matin, des ateliers sont proposés : écriture, marionnette, création sonore, photographie documentaire. Des rencontres avec les artistes ont lieu sous les pins, à l’ombre du café littéraire. Le festival s’adresse à un public large, mais refuse la vulgarisation. Il s’adresse autant aux familles en vacances qu’aux jeunes comédiens en formation, aux retraités mélomanes qu’aux militants culturels. Son équilibre repose sur une alchimie rare : ancrage local, ouverture internationale, liberté de ton.
Dans une Tunisie traversée par les tensions — chômage des jeunes, durcissement sécuritaire, pressions sur les libertés d’expression — Hammamet résiste, à sa manière. Sans slogans, sans effets, mais avec constance. Il offre chaque été une scène à ceux qu’on entend peu : femmes poètes du Sud, collectifs queer, artistes du rural, jeunes de la diaspora. Il ne prétend pas révolutionner le pays, mais le réconcilier avec lui-même, en douceur. Loin des festivals massifs et des programmations tapageuses, il est un luxe fragile, une oasis culturelle à défendre.
Cette année encore, les soirs de juillet et d’août verront le public se presser sur les gradins, un coussin à la main, les yeux tournés vers la mer, le cœur un peu suspendu. Le théâtre, la danse, la parole reviendront. Et avec elles, une forme de dignité tranquille. Hammamet n’élève pas la voix : il la fait entendre.
Informations pratiques :
Dates : du 8 juillet au 12 août 2025
Lieu : Centre Culturel International de Hammamet, Tunisie
Accès : 1h de route depuis Tunis – transports collectifs ou taxis recommandés
Billetterie : sur place ou via le site officiel festivaldehammamet.com
Entrée : billetterie variable selon les spectacles, certains événements gratuits
Langues : arabe, français, anglais selon les performances – programme bilingue
Hébergement : hôtels à Hammamet, auberges partenaires à tarif réduit
Giants of Africa : Kigali fait du basketball une scène culturelle panafricaine
Du 26 juillet au 2 août 2025, Kigali accueillera le Giants of Africa Festival. À la croisée du sport, de la musique et du leadership, l’événement transforme le basketball en levier culturel pour une jeunesse africaine avide d’avenir.
Ce n’est pas un simple tournoi, ni une simple célébration. Le Giants of Africa Festival, fondé par Masai Ujiri — président des Toronto Raptors et visionnaire du sport africain — est devenu en l’espace de quelques années un laboratoire de transformation sociale. Du 26 juillet au 2 août 2025, Kigali, capitale du Rwanda, accueillera la nouvelle édition de cet événement multidimensionnel, qui mêle basket, musique, art, développement personnel et leadership. Un festival conçu non pas pour le spectacle mais pour l’impact. Ici, le sport est un langage, un catalyseur, un espace d’apprentissage et de projection. Il n’est plus seulement question de gagner un match, mais de construire des trajectoires de vie.
Depuis sa création en 2003, Giants of Africa n’a cessé de s’étendre à travers le continent, de Lagos à Dakar, d’Abidjan à Nairobi, mais Kigali reste sa capitale symbolique. C’est là que Masai Ujiri a choisi de faire converger les talents du continent, non pour les sélectionner ou les recruter, mais pour leur transmettre une énergie : celle de croire en leur potentiel et d’imaginer un futur à leur mesure. L’édition 2025 réunira plus de 300 jeunes venus de 16 pays africains, sélectionnés pour leurs qualités sportives mais aussi pour leur engagement social et leur esprit collectif. Tous participeront à une semaine de bootcamp intensif, alternant entraînements sur terrain, sessions de mentorat, conférences sur l’entrepreneuriat, la santé mentale, l’art oratoire ou l’écologie.
Car Giants of Africa, c’est d’abord un projet d’éducation. Pendant huit jours, les jeunes vivent ensemble dans un village sportif temporaire à la périphérie de Kigali. Ils mangent, s’entraînent, débattent, écrivent, présentent des projets. Chaque journée commence par un cercle de parole où les coachs — parfois d’anciens champions NBA, parfois de jeunes militantes écologistes — viennent briser les barrières entre disciplines. En soirée, la ville se transforme : projections de films africains en plein air, concerts de rappeurs rwandais et nigérians, jam sessions entre DJ locaux et percussionnistes sénégalais. L’un des temps forts attendus est la performance live de Burna Boy sur le parvis du BK Arena, en clôture du festival.
Ce qui distingue Giants of Africa des autres festivals culturels du continent, c’est sa philosophie intégrée. L’art n’y est pas décoratif, le sport n’y est pas compétitif pour lui-même, et le développement personnel ne s’y réduit pas à des slogans. Tout est conçu pour accompagner les jeunes à devenir des « géants », non pas en taille, mais en vision. Certains repartiront avec des bourses, d’autres avec des réseaux professionnels, mais tous avec une expérience collective fondatrice. Masai Ujiri l’affirme dans chacun de ses discours : « Le basket m’a donné une voix, je veux qu’il leur donne un avenir. »
Le choix du Rwanda ne doit rien au hasard. Le pays s’est hissé en quelques années au rang de modèle régional en matière d’infrastructure, d’organisation et de résilience. Kigali, ville verte et connectée, offre un cadre sécurisé, moderne et dynamique. Le partenariat entre Giants of Africa et le gouvernement rwandais permet d’ancrer le festival dans des politiques publiques de jeunesse. Plusieurs ministères y sont associés : culture, sports, éducation, numérique. Des jeunes entrepreneurs rwandais interviendront cette année sur l’innovation agricole, les technologies vertes et l’industrie de la mode éthique.
En 2025, le thème du festival est « Own the Game. Own the Story. » Ce mot d’ordre en dit long : il ne suffit plus de jouer, il faut raconter le jeu, en devenir les auteurs.
Informations pratiques :
Dates : du 26 juillet au 2 août 2025
Lieu : Kigali, Rwanda (principalement au BK Arena et Kigali Arena)
Accès : vols internationaux vers l’aéroport de Kigali – navettes gratuites depuis les hôtels partenaires
Public : entrées gratuites sur inscription, certains événements accessibles uniquement aux participants sélectionnés
Langues : anglais, kinyarwanda, français (traduction simultanée possible)
Hébergement : hôtels et résidences universitaires à Kigali – réservation conseillée
Programme et inscriptions : www.giantsofafrica.org
Jerash Festival : théâtre antique et voix arabes sous les étoiles jordaniennes
Du 23 juillet au 2 août 2025, le Festival de Jérash redonne vie aux pierres antiques de la cité romaine jordanienne. Musique, théâtre et poésie s’invitent dans les ruines pour célébrer la culture arabe sous toutes ses formes.
Il y a des lieux où l’Histoire semble suspendue, et d’autres où elle vibre à nouveau sous les pas des artistes. Jérash est de ceux-là. Au nord d’Amman, cette ancienne cité de la Décapole romaine, célèbre pour ses colonnades, ses temples et son théâtre antique, accueille depuis plus de quarante ans un événement culturel majeur du monde arabe : le Jerash Festival of Culture and Arts. Du 23 juillet au 2 août 2025, la 39e édition de ce rendez-vous emblématique proposera dix jours de spectacles dans un cadre qui ne cesse de fasciner par sa majesté. Plus qu’un festival, c’est une rencontre entre les vivants et les vestiges, entre les cultures du Levant et les expressions contemporaines.
Créé en 1981 sous l’impulsion de la Reine Noor de Jordanie, le festival avait pour ambition de faire revivre le patrimoine gréco-romain de Jérash en y insérant une voix arabe. Depuis, des centaines d’artistes du monde arabe s’y sont succédé, de Fairuz à Marcel Khalifé, de Sabah Fakhri à Majida El Roumi. Mais Jerash n’est pas figé dans la nostalgie. L’édition 2025 mettra à l’honneur une nouvelle génération de créateurs et créatrices qui interrogent le rapport à la langue, à la mémoire et à l’identité dans un monde globalisé.
Au programme cette année, une ouverture lyrique avec le ténor jordanien Zaid Nasser et un orchestre symphonique régional, suivi d’un hommage poétique aux poètes martyrs de Gaza et de Bagdad. Les soirées suivantes accueilleront des performances de dabkeh revisitées, des concerts de oud électro et des lectures croisées entre poésie arabe classique et slam contemporain. Plusieurs artistes femmes seront mises à l’honneur, notamment la chanteuse libanaise Yasmine Hamdan et la Tunisienne Ghalia Benali, dont la voix habitée réconcilie Orient et jazz. Le festival s’ouvrira également à des formes non musicales : spectacles de marionnettes syriennes, théâtre palestinien, calligraphie en direct, et projection de courts-métrages autour du thème de la migration.
Ce qui fait la particularité du Jerash Festival, ce n’est pas seulement la qualité de sa programmation, mais l’alchimie entre cette dernière et son décor. Assister à un récital de qanûn sous les étoiles du théâtre sud, à une pièce de théâtre dans le forum ovale, ou à un concert soufi devant l’arc d’Hadrien, c’est vivre une expérience sensorielle et spirituelle rare. La ville de Jérash devient, l’espace de dix jours, une scène totale, où les frontières entre art et vie se dissipent. L’acoustique naturelle du site romain donne une profondeur particulière aux voix, aux percussions, aux silences.
Le public, lui, est aussi multiple que le festival : familles jordaniennes venues d’Amman ou d’Irbid, touristes arabes du Golfe ou du Levant, visiteurs occidentaux curieux de découvrir une autre facette du monde arabe, mais aussi jeunes artistes en quête d’inspiration. Cette diversité fait la richesse du festival, mais aussi sa responsabilité. En Jordanie, pays-refuge depuis des décennies, Jerash est un espace d’expression fragile, qui tente de maintenir la culture comme un rempart face aux crises régionales. En accueillant des artistes syriens, palestiniens, yéménites et soudanais, le festival affirme sa vocation à être une agora culturelle de tout le monde arabe.
Pour l’édition 2025, les organisateurs ont mis en place un dispositif renforcé d’accessibilité : sous-titrage en anglais, accompagnement pour les visiteurs à mobilité réduite, navettes spéciales depuis Amman, mais aussi billetterie solidaire pour les jeunes réfugiés vivant en Jordanie. Une application mobile permettra également d’avoir accès au programme complet, aux biographies des artistes, aux plans du site et à des traductions en temps réel pour certaines performances.
Informations pratiques :
Dates : du 23 juillet au 2 août 2025
Lieu : Jérash, Jordanie (à 50 km au nord d’Amman)
Accès : navettes quotidiennes depuis Amman (bus spéciaux organisés par le festival)
Billetterie : sur place et en ligne, avec des options gratuites pour certains spectacles
Langues : arabe, anglais (traduction simultanée disponible pour certaines performances)
Hébergement : hôtels et maisons d’hôtes à Amman, possibilité de campements temporaires à proximité du site
Site officiel : www.jerashfestival.jo
Le Durban International Film Festival célèbre le cinéma africain et mondial
Du 17 au 27 juillet 2025, le Durban International Film Festival propose une centaine de films venus d’Afrique et du monde. Un rendez-vous historique pour découvrir les nouvelles voix du continent, entre engagement social, fiction indépendante et mémoire en mouvement.
Depuis 1979, le Durban International Film Festival (DIFF) s’impose comme l’un des événements culturels majeurs du continent africain. Chaque mois de juillet, pendant dix jours, cinéastes, critiques, étudiants et spectateurs se retrouvent dans cette ville portuaire d’Afrique du Sud, le temps d’un dialogue ouvert entre les images et les peuples. L’édition 2025, qui se tiendra du 17 au 27 juillet, réunira plus de 200 projections issues d’une cinquantaine de pays, avec une attention particulière portée aux productions africaines et diasporiques.
La force du DIFF réside dans sa diversité de formats et de lieux : longs-métrages de fiction, documentaires, courts, animations, séries web, créations hybrides, le tout réparti dans plusieurs salles de cinéma de Durban mais aussi dans des quartiers périphériques, des campus, des centres communautaires et même en plein air. Cette volonté de décentralisation permet au festival d’atteindre un large public, y compris dans les zones où l’accès au cinéma reste rare. Car ici, le 7ᵉ art n’est pas un luxe réservé à une élite : il est outil d’émancipation, de mémoire et de lien social.
Le cinéma africain y est à l’honneur sous toutes ses formes : expérimentations visuelles, récits de femmes, fictions urbaines, archives réinterprétées. En 2025, les films attendus incluent des œuvres venues du Ghana, du Maroc, du Kenya, du Rwanda, d’Algérie, du Mozambique ou de Tunisie. À leurs côtés, des productions venues d’Inde, d’Iran, du Brésil, de Corée ou du Mexique rappellent que Durban, au bord de l’océan Indien, est une porte d’entrée vers le Sud global. Le DIFF est un lieu de circulation des imaginaires, un carrefour d’esthétiques contemporaines souvent absentes des grands festivals occidentaux.
Mais le DIFF, c’est aussi un espace de formation et d’accompagnement. Son programme « Isiphethu », destiné aux jeunes talents d’Afrique australe, propose des ateliers de scénario, des résidences d’écriture, des masterclasses avec des réalisateurs confirmés, et un accompagnement à la production. En parallèle, le Durban FilmMart, véritable marché du film panafricain, facilite les coproductions entre professionnels du continent et du monde entier. Cette dynamique fait du DIFF un incubateur majeur pour les cinémas du futur.
Engagé depuis ses débuts dans les luttes sociales, le festival n’oublie pas ses racines politiques. Né à l’époque de l’apartheid, il a toujours cherché à donner la parole aux sans-voix. En 2025, des débats porteront sur la justice environnementale, les violences de genre, les nouvelles formes de censure, la mémoire postcoloniale ou encore la résistance culturelle. Certaines projections seront suivies de rencontres avec les réalisateurs, de discussions avec des associations locales ou d’actions de sensibilisation dans les écoles. Le festival revendique son rôle d’agitateur doux, dans un pays où l’accès à la culture reste inégal.
Enfin, le DIFF est aussi un rendez-vous festif. Chaque soir, des concerts, lectures, performances ou DJ sets prolongent les projections dans une ambiance conviviale. Le festival se vit dans les salles, mais aussi dans la rue, les cafés, les universités. On y croise autant des réalisateurs primés que des jeunes curieux venus découvrir leur premier film. À Durban, le cinéma est une fête sérieuse, une manière de penser le monde tout en le vivant.
Informations pratiques :
Dates : du 17 au 27 juillet 2025
Lieux : Durban, Afrique du Sud – cinémas Suncoast CineCentre, Ster-Kinekor Gateway, campus universitaires, centres communautaires
Entrée : pass festival (6 tickets à R250 ou 8 tickets à R320), tickets à l’unité sur place
Langues : films en anglais ou sous-titrés – débats et ateliers majoritairement en anglais
Accès : vols réguliers vers King Shaka International Airport, transports en commun ou navettes locales
Hébergement : hôtels, guesthouses et résidences universitaires à proximité des lieux du festival
Programme complet : www.ccadiff.ukzn.ac.za
À Cape Coast, l’Afrique s’écrit en mémoire et en futur avec PANAFEST
Du 24 juillet au 3 août 2025, le Ghana accueillera PANAFEST, le Festival panafricain du théâtre et des arts. Un événement mémoriel et artistique qui interroge l’héritage de l’esclavage tout en célébrant la créativité du continent africain.
Il y a des festivals qui divertissent, d’autres qui éveillent, mais rares sont ceux qui relèvent à la fois de la mémoire, de la politique et de la culture. PANAFEST — acronyme de Pan-African Historical Theatre Festival — est de ceux-là. Du 24 juillet au 3 août 2025, le Ghana vibrera au rythme de ce festival unique, conçu comme un pont entre les peuples africains et leurs diasporas. Organisé alternativement entre Accra, Cape Coast et Elmina, il transforme les lieux marqués par l’histoire de la traite négrière en scènes vivantes où théâtre, musique, danse, conférences et rituels se répondent. En 2025, la thématique centrale — « Our Own Stories Shape Our Future » — insiste sur la nécessité de reconquérir le récit africain, de le réécrire avec ses propres mots, et de le transmettre à la jeunesse.
PANAFEST n’est pas qu’un événement artistique ; c’est une expérience initiatique. L’ouverture du festival se fait par une cérémonie de libation, à la mémoire des ancêtres déportés vers les Amériques. Puis vient la « Return Procession », marche silencieuse vers le fort d’Elmina, où les visiteurs traversent symboliquement la « Porte du non-retour » — le passage funeste par lequel des millions d’Africains furent arrachés à leur terre. Chaque année, cette marche provoque des larmes, des étreintes, des cris. Elle reconnecte les corps à une histoire souvent tue. À PANAFEST, la mémoire de l’esclavage ne se résume pas à une date ou un chapitre de manuel. Elle devient chair, rythme, danse et douleur.
L’édition 2025 prévoit une série de panels sur l’entrepreneuriat culturel, les industries créatives africaines, le panafricanisme numérique, et les luttes environnementales. Y participeront des figures telles que le Nigérian Akin Omotoso, la Rwandaise Sonia Rolland, le rappeur ghanéen M.anifest ou encore l’activiste jamaïcain Mutabaruka. La parole y est libre, ancrée, politique. Le festival fait le pari que la culture peut être un levier de souveraineté et non un simple outil de valorisation touristique. Ici, le griot côtoie le start-upper, la prêtresse vodou converse avec la sociologue afro-caribéenne, et les héritiers des résistants dialoguent avec ceux de la Black Panther Party.
La programmation musicale mêlera en 2025 rythmes traditionnels akan, afrobeat, spoken word, jazz créole et gospel militant. Les soirées se tiendront à l’Amphithéâtre National de Cape Coast, mais aussi sur les plages, dans les cours de maisons communautaires, et jusque dans les marchés. Ce choix de la décentralisation est volontaire : PANAFEST ne veut pas être un festival élitiste, mais une résonance populaire. L’ambiance y est électrique, entre ferveur militante et liesse carnavalesque. Les jeunes Ghanéens y côtoient des visiteurs venus d’Haïti, de Cuba, de la Barbade, des États-Unis ou du Brésil, venus retrouver une part d’eux-mêmes, dans ce continent qui les a vus partir, il y a des siècles, dans les cales d’un navire.
L’un des moments les plus forts du festival est sans doute le « Naming Ceremony », cérémonie symbolique par laquelle des membres de la diaspora reçoivent un nom africain et un certificat d’appartenance spirituelle au continent. C’est une manière de dire que l’exil ne brise pas le lien, que la généalogie peut transcender les siècles. Loin d’être folklorique, cet acte touche à l’intime, au droit à l’identité. Plusieurs invités de marque ont déjà confirmé leur présence cette année, dont des représentants du Smithsonian, des leaders rastafaris, et des artistes issus du mouvement Black Lives Matter. Le festival a aussi noué un partenariat inédit avec le Musée du Quai Branly à Paris pour une série d’échanges sur la restitution des œuvres africaines.
PANAFEST est, enfin, une invitation à la responsabilité. Il engage chacun, Africain du continent ou de la diaspora, à penser la mémoire non comme un poids, mais comme un socle.
Informations pratiques :
Dates : du 24 juillet au 3 août 2025
Lieux : Accra, Cape Coast, Elmina (Ghana)
Entrée : gratuite pour les cérémonies publiques, billetterie pour les spectacles
Langues : anglais, akan, français (traduction disponible sur site)
Accès : vols réguliers vers Accra, navettes locales vers Cape Coast
Hébergement : hôtels partenaires, guesthouses locales, logements universitaires
Programme complet : www.panafestghana.org