Abidjan, l’activiste Johnny Patchéco menacé

En Côte d’Ivoire, un célèbre activiste proche de Ouattara quitte le RHDP en raison des menaces qui pèsent sur sa vie.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

 Chris-Yvon Koukougnon, célèbre activiste ivoirien connu sous le pseudonyme de Johnny Patchéco, qui avait d’abord défendu sur les réseaux sociaux le régime de l’ancien président, Laurent Gbagbo, avant de rallier le camp de son adversaire le président Ouattara, a de nouveau retourné sa veste. Puisqu’il affirme avoir quitté le parti présidentiel parce qu’il est menacé de mort par le général Apalo, commandant supérieur de la gendarmerie nationale, et parce que la Présidence ivoirienne a refusé de lui octroyer une prise en charge médicale pour le traitement d’un mal dont il souffre sans en préciser la nature.

Johnny Patcheco a pour habitude de n’accorder aucun égard à ses adversaires. Malheureusement depuis quelques jours, c’est le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), parti au pouvoir, qu’il rallia, il y a quelques années, après avoir cessé de défendre le régime de Laurent Gbagbo sur les réseaux sociaux, qui en paie le prix.

La raison est que le célèbre activiste généralement stipendié pour défendre de riches personnalités proches du parti au pouvoir a décidé de quitter le RHDP parce que le commandant supérieur de la gendarmerie l’aurait menacé de mort. Mais aussi parce que la présidence ivoirienne aurait refusé de lui accorder une prise en charge médicale pour soigner le mal qui le ronge et dont il a refusé de préciser la nature.

L’histoire un tantinet tourmentée de ce sous-officier de la gendarmerie est liée à la vie politique ivoirienne sous tension où tout le monde se regarde en chien de faïence. Né de parents bhété, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, et donc de la même ethnie que Laurent Gbagbo, l’ancien président de la République de Côte d’Ivoire, Johnny Patcheco qui à l’état-civil s’appelle Chris-Yvon Koukougnon a été obligé de fuir la Côte d’Ivoire pour se réfugier en France après la crise postélectorale qui s’est terminée par l’arrivée au pouvoir du président Ouattara.

 

Le roi des réseaux sociaux

En France, Chris Koukougnon se reconvertit d’abord en chauffeur de Stéphane Kipré, l’ex-gendre de Gbagbo, avant de devenir le visage de la contestation du pouvoir de M. Ouattara sur les réseaux sociaux. Johnny Pacthéco multiplie alors les vidéos accusatrices contre le nouveau régime. Celles-ci sont d’autant plus suivies par des milliers d’Ivoiriens que la solution du recomptage des voix proposée par Gbagbo pour dénouer la crise n’a pas été acceptée et qu’à la fin il est accusé de crimes contre l’humanité devant la Cour pénale internationale.

Mais avant l’année 2020, année du troisième mandat, Johnny Tatcheco rallie le RHDP et défend la position du candidat Ouattara qui brigue un troisième mandat, illégal du point de vue de la Constitution ivoirienne. Ses « directs » qui sont ses moments de prise de parole sur les réseaux sociax sont alors très appréciés par les militants du parti au pouvoir qui se délectent de ses diatribes contre l’ancien président Gbagbo qu’il se gargarise de « déconstruire » dans des vidéos polémiques.

Johnny Patchéco semble tellement bien accueilli dans son nouveau parti qu’il est accueilli à Abidjan par des pontes du régime Ouattara. Malheureusement, son principal « recruteur », directeur du Fonds d’entretien routier (FER) est débarqué lorsqu’il est accusé d’avoir détourné 33 milliards de francs FCFA de cette entreprise publique.

Lors des législatives, Johnny Patchéco brique la circonscription de Gagnoa sous-préfecture mais il est battu à plate couture par le Secrétaire exécutif du PDCI, Maurice Kakou Guilahué. Il retourne alors en Finlande où il vit avec une Finlandaise depuis qu’il a quitté la France. Il est pourtant désillusionné quelques années plus tard.

Johnny Patchéco explique qu’on ne l’a jamais accepté au RHDP parce qu’il ne vient pas du nord de la Côte d’Ivoire. En conséquence, il affiche désormais une position de neutralité et dit travailler pour le seul bénéfice de la Côte d’Ivoire. Le célèbre blogueur dit aussi vouloir créer un parti politique et critique la stratégie du ministre du tourisme, Fofana Siandou, qui a obtenu à prix d’or que les candidates au concours Miss France 2025 se préparent en Côte d’Ivoire dans le but d’obtenir 8 minutes d’antenne sur TF1, le jour de la finale.