Jusqu’à présent, l’influence de l’extrême droite a été relativement faible au sein de l’hémicycle de Strasbourg. Mais avec cette « France » RN qui « revient » – selon les mots de la liste mariniste – l’Europe suivra-t-elle? En d’autres termes, une éventuelle victoire de Jordan Bardella et un succès d’estime pour Marion Marechal, les deux réunissant autour de 40% des voix, signifie-t-elle que l’extrème droite aura la latitude nécessaire pour appliquer son programme au niveau de l’Union européenne? Sans doute pas, mais cette force de frappe extremiste devrait perturber le fonctionnement très consesuel (et de ce fait ppeu mobilisateur) de ce Parlement assoupi.
Le Parlement de Strasbourg (dont les commissions se réunissent à Bruxelles) a un fonctionnement différent de celui de l’Assemblée nationale française. Les eurodéputés sont bien en charge de se prononcer sur les textes soumis par la Commission en première lecture, puis en deuxième lecture, après examen par le Conseil de l’Union européenne, à l’instar de la navette parlementaire faite entre Assemblée et Sénat.
Strasbourg, l’école du compromis
Mais contrairement au Palais Bourbon, où l’opposition donne particulièrement de la voix face à la majorité relative des macronistes, l’hémicycle européen est le lieu du compromis et de la négociation.
« L’hémicycle européen post-9 juin, écrit Jean Michel Lamy dans le journal français « le Nouvel Économiste », sera le théâtre de cette grande hésitation entre les solutions allant vers davantage d’intégration ou celles misant sur le détricotage institutionnel. Attention tout de même, malgré un coup de vent électoral vers les extrêmes, ce jeu binaire est trop réducteur. À Bruxelles la recomposition des alliances n’affiche aucun agenda alors qu’en réalité, la machine à compromis s’apprête à tourner à plein régime. Quel contraste avec la France où la recomposition politique interne occupe les tréteaux, alors que constitutionnellement il n’y a aucune conséquence à attendre au lendemain du vote ».