Avec l’imposture des élections dites démocratiques, rarement dénoncées, l’enrichissement sans limite des dirigeants qui a pour corollaire la paupérisation grandissante de la population, l’explosion des églises dites du réveil, sous la direction de pasteurs multicartes n’ayant qu’une influence limitée, l’Église catholique qui est la seule organisation bien structurés dans toute l’Afrique reste une boussole indispensable
L’ Eglise catholique échappe, la plupart du temps, à toutes les tentatives d’inféodisation des pouvoirs locaux corrupteurs et donne de l’espoir aux populations abandonnées des pouvoirs publics. Les religieux catholiques reprennent en mains les écoles, les dispensaires de santé, les soutiens aux femmes et aux enfants et se sont engagés dans les processus de réconciliation nationale.
Le Pape François est le premier Pape à mettre l’Afrique dans les priorités de l’Église catholique romaine. Même Jean Paul II, trop préoccupé par l’avenir de l’Europe orientale et de la chute du communisme, n’avait pas eu cette vision stratégique. Désormais, les Africains viennent en mission d’évangélisation en Europe. Les curés africains sont de plus en plus nombreux en France, alors que les missionnaires en Afrique sont en
voie de disparition.
La légion des nonces apostoliques
Le Pape François compte évidemment sur les nonces apostoliques, en fait ses ambassadeurs, en poste dans ces pays, qui ont été renouvelés. Comme partout dans le monde, les Italiens proches de la Curie romaine sont progressivement écartés, au profit de nouveaux nonces davantage ouverts au monde.
Certains nonces présentent des profils diplomatiques exceptionnels qui feraient pâlir des diplomates français en poste en Afrique. Le nouveau nonce à Bruxelles, l’Ougandais Augustine Kassujja et le Nigerian Jude Thaddeus Okolo, nommé à Dublin, sont les premiers nonces africains en Europe.
Mgr Okolo, en poste à Bangui de 2008 à 2013, a purgé l’Église de Centrafrique de ses dérives bozizeennes et a mis un pied à l’étrier au futur cardinal Nzapalainga. En revanche, les nonces en situation d’échec sont mutés, comme celui du Cameroun, peut être suite à l’assassinat de Mgr Balla et de sa proximité avec le régime en place.
Des conférences épiscopales, ultime recours
De même, dans sa nouvelle politique africaine, le Pape François s’appuie sur les conférences épiscopales nationales. Que ce soit en RDC, avec la CENCO qui est à l’origine de l’accord du 31 décembre 2016 pour la tenue d’élections en 2017 et qui le rappelle sans ménagements à Kabila, en Centrafrique avec le cardinal Nzapalainga, qui supplée une présidence devenue inaudible et des politiciens totalement discrédites par des années de pouvoir, ces Conférences épiscopales sont devenues incontournables pour tenter de sauver ces pays. Elles sont devenues les seuls véritables contre-pouvoirs aux régimes en place. Le Saint-Siège a d’ailleurs signé des accords diplomatiques pour protéger ses représentations locales.
Le Vatican peut aussi s’appuyer sur ses prolongements tels que des organisations caritatives, comme Caritas, le Secours catholique, des structures laïques comme la Communauté Sant’Egidio, qui vient de tenter une nouvelle médiation entre les Centrafricains, et l’Ordre de Malte, remis au pas par le Pape François.
Une fois de plus, la célèbre apostrophe de Staline : » le Vatican, combien de divisions ? » montre à quel point ce micro-Etat de 44 ha etait peu pris en compte par beaucoup de logiciels, même ceux de grandes puissances. Il est possible que ce soit encore le cas pour des Etats qui pensent bien connaître l’Afrique