Qui attend François Hollande à Bamako ce vendredi 13 janvier? Sans doute personne. A trois mois des élections présidentielles, cette grand messe aurait du mettre en scène un Hollande en chef de guerre « sauvant » le Mali, pour reprendre l’expression de Laurent Fabius, épargnant à la Centrafrique la guerre civile et pacifiant l’Afrique entière. Voici quelques mois, l’Elysée avait imaginé ce sommet de Bamako comme un des temps forts de la campagne du président sortant.
On en est loin, et à Bamako aujourd’hui, le Roi est nu. « La journée la plus importante » de François Hollande se rendant à Tombouctou sous les vivats d’une foule africaine bigarrée et chaleureuse est enfouie à jamais dans les sables. « Merci Papa Hollande », proclamaient les pancartes brandies sur son passage, en faisant croire au chef d’Etat français que la mise sous tutelle politique du Mali lui valait quitus pour l’ensemble d’une politique africaine guerrière, sans ressort ni imagination.
Affaires courantes
A quoi bon aller à Bamako pour voir un Président sortant expédier les affaires courantes? François Hollande renonçant à un nouveau mandat, même les chaouchs de l’Elysée en Afrique- le tchadien Déby, le malien IBK, le nigérien Issoufou- ont les yeux rivés vers l’élection de mai 2017 et se détournent de leur ancien mentor. Du coup le bilan du président français apparait désormais pour ce qu’il est. A savoir une présence strictement militaire sans mémoire, sans épaisseur, sans projet.
Les résultats strictement militaires contre le terrorisme obtenus par Jean Yves Le Drian, le bon élève de la classe gouvernementale, sont moins glorieux que ne le raconte le story telling permanent de l’armée dans les médias français. Qui aujourd’hui peut nier le retour en force des djihadistes au Nord du Mali, l’insécurité au Sud et au centre du pays, la vulnérabilité accrue du Tchad, du Niger et de la Mauritanie, la militarisation de l’Afrique centrale, au coeur du pré carré français?
L’addition est lourde pour la France, plus que ne l’écrivent généralement les chroniqueurs militaires embarqués avec l’armée. Les 10000 soldats présents à un moment donné sur les théatres d’opération français, que ce soit en Irak, en Syrie ou surtout en Afrique, supposent qu’au total quatre fois plus d’hommes (soit 44000 exactement) soient mobilisés pour assurer la rotation du contingent et la logistique de ces militaires. Autrement dit, la présence militaire française est formidablement couteuse pour des résultats pmus que mitigés.
Attention, on solde
En matière de politique africaine, l’heure des soldes est bien là. La conseillère Afrique de Hollande a démissionné. « Valls l’africain » également. Hélas les contacts nombreux de l’ex Premier ministre avec de nombreux chefs d »État africains ne laissent pas entrevoir chez le candidat Valls la proclamation de nouvelles perspectives franco-africaines. Espérons pour lui que tant d’efforts, tant de contacts à Abidjan, Nouakchott ou Brazzaville lui ont valu quelques facilités pour sa campagne présidentielle. Reste que son missi dominici franco-mauritanien est au chômage technique.
André Vallini, l’ancien secrétaire d’État au développement, a été nommé aux Relations avec le Parlement, alors qu’il était la cheville ouvrière française du Sommet de Bamako. Peu importe que Jean Marie Le Guen, son successeur, ne connaisse rien à l’Afrique. Plus inquiétant, l’organisation du sommet a pris beaucoup de retard ces dernières semaines notamment pour faire face aux risques sécuritaires, désormais considérables à Bamako, malgré la présence de 2000 soldats français.
La petite sauterie de Bamako précède de peu le sommet de l’Union africaine à Addis Abeba, autrement important, où se jouera la question épineuse de l’élection d’un président. C’est dire que dans les coulisses du sommet France-Afrique on préparera les vraies échéances africaines, sans que la voix de la France ne soit vraiment audible.