Emmanuel Macron: les morts français ne se valent pas tous au Moyen Orient

Pour tenter d’exister sur le dossier moyen oriental, Emmanuel Macron a organisé, ce 7 février, une célébration  à Paris en mémoire des quarante deux victimes françaises de l’antisémitisme et du terrorisme lors de l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre dernier (1). »Il ne faut rien céder à l’antisémitisme rampant », a indiqué le Président français qui a affirmé, alors qu’il organise une cérémonie sélective où seuls les franco-israéliens ont droit à la compassion de la Nation Française, que « toutes les vies se valent ».

Seul un « geste mémoriel », a promis l’Élysée, est annoncé, sans autre précision, pour les franco palestiniens qui ont été tués lors de bombardements dont on ne dit pas l’origine, à savoir l’armée israélienne. Aucune date n’est même annoncée pour l’instant pour l’organisation de cette commémoration.

La France d’Emmanuel Macron se grandirait en prenant de la hauteur face à des postures extrémistes de l’extrême droite israélienne et des groupes terroristes palestiniens. Avec 30000 tués à Gaza sous les bombes, l’argument gouvernemental israélien visant à présenter ces victimes comme des dégâts collatéraux d’actes de guerre est juste grossier. Tout comme il est scandaleux de présenter encore l’appareil militaire du Hamas, après les tueries du 7 octobre, comme un mouvement de résistance

Deux poids, deux mesures

On regrettera que la cérémonie qui a eu lieu aux Invalides, ce mercredi, n’ait pas été organisée en mémoire de l’ensemble des victimes françaises de la terrible tragédie qui se joue depuis si longtemps dans cette région du monde. C’est comme si pour le président français, il existait deux poids, deux mesures face aux morts français au Moyen Orient et plus généralement face aux victimes selon qu’elles soient palestiniennes ou isaéliennes!

Ce n’est pas le ministre français des Affaires Étrangères, Stéphane Séjourné, qui termine une tournée sans surprise ni annonce au Moyen Orient, qui va rendre audible la diplomatie française. Ses premières apparitions où on le découvre lisant péniblement ses notes dans la moindre de ses interventions font regretter le charisme d’un Dominique de Villepin ou la hauteur de vue d’un Hubert Vedrine. Le niveau baisse!

Beaucoup d’ailleurs au Quai d’Orsay s’interrogent sur la marge de manoeuvre du nouveau ministre français des Affaires Étrangères sans expertise particulière et face à ses deux prédécesseurs, Jean Yves le Drian et Catherine Colonna. Le premier est chargé par l’Élysée d’une mission sur la Présidentielle au Liban et la seconde, tout récemment, est nommée à la tète d’un comité chargé d’enquêter sur les liens de l’UNRWA avec le mouvement Hamas (2). 

(1) Plusieurs Franco-israéliens ont été assassinés au festival Nova, une rave party qui battait son plein avant de tourner au bain de sang, comme Avidan Torgeman, né à Bordeaux, qui était l’un des organisateurs de Nova. Ou Céline Ben David-Nagar, une jeune mère qui a laissé son bébé de six mois avec son mari pour aller faire la fête quelques heures mais n’est jamais revenue.

(2) L’ancienne ministre des affaires étrangères française préside un groupe chargé de déterminer si l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens fait le nécessaire pour « assurer sa neutralité », après qu’Israël a accusé douze de ses employés d’avoir participé aux attaques du Hamas, le 7 octobre 2023.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)