Lors du sommet de N’Djamena qui se tient les 15 et 16 janvier, le président français, qui ne s’est pas déplacé sur place, a repris en vidéo conférence les mêmes rengaines sur « les succès » de l’armée française contre le terrorisme, en renonçant à tirer les conclusions de l’impasse où se trouve l’engagement des militaires tricolores en Afrique
Du temps au temps! On attendait un discours gaullien, ce fut une intervention digne d’Henri Queuille, le Président du Conseil de la IVeme République qui croyait aux vertus de la non décision. Face au nouveau positionnement qu’appelle aujourd’hui le recul des forces armées françaises face aux groupes terroristes dans le Sahel et au delà en Afrique de l’Ouest, le président français a estimé qu’il était urgent d’attendre.
Le dictateur Idriss Déby, l’allié insubmersible
Contre toute attente et alors que des confidences ciblées venues de l’Elysée ces dernières semaines indiquaient le contraire, le Président français a indiqué qu’il n’y aurait pas de baisse « dans l’immédiat » des effectifs militaires français au Sahel, c’est-à-dire de l’opération antijihadiste française Barkhane, qui compte actuellement quelque 5100 hommes- sans compter les effectifs nécessaires pour assurer la logistique de l’opération militaire et les rotations de postes indispensables.
Un Emmanuel Macron qui a oublié que la France était la patrie des droits de l’homme a, dans la foulée, salué la décision annoncée la veille par le président tchadien Idriss Déby Itno d’envoyer 1200 soldats dans cette zone des « trois frontières ». Peu importe que ce dernier, autocrate reconnu, aie profité de l’opportunité que lui donnait le colloque du G5 Sahel à N’Djanema pour réprimer brutalement les manifestations qui ont eu lieu, ces derniers jours, au Tchad et pour baillonner tout opposition.
C’est « une décision forte et courageuse des Tchadiens qui viendra conforter la force du G5 Sahel », a-t-il commenté.
Par ailleurs, « la mobilisation internationale en faveur du Sahel n’a au fond jamais été aussi puissante », a osé avancer le chef de l’Etat français en remerciant les pays européens participant au nouveau groupement de forces spéciales Takuba. À l »en croire, les alliés de la France » auraient accepte de mutualiser le risque du sacrifice ultime que prennent nos soldats ». La réalité, la voici: quelques centaines d’estoniens et de suédois sont venus en renfort sans que l’Union Européenne ne veuille, au delà, endosser la responsabilité de l’intervention française au Sahel.
Au-delà du volet militaire, le président français a insisté sur la nécessité de « donner une perspective aux populations du Sahel », en appelant à un « deuxième sursaut: celui du retour de la sécurité et des services aux populations » et en réclamant « une impulsion au plus niveau de l’Etat » pour réinvestir les territoires délaissés de la région. Autant d’engagements parfaitement vains alors que la présence française dans cette région, ces neuf dernières années, ne s’est traduite par aucun grand chantier ou investissement structurant permettant d’ouvrir d’autres horizons que strictement militaires en faveur d’une population de plus en plus hostile à la France
« C’est par le collectif et l’action concrète sur le terrain que nous réussirons. La France continuera d’y prendre sa part parce que je sais que chacun est ici mobilisé », a-t-il conclu.
Le sommet de N’Djamena a lieu un an après celui de Pau, qui, devant la menace d’une rupture sous les coups de boutoir jihadistes, avait débouché sur un renforcement militaire dans la zone des « trois frontières » et l’envoi de 600 soldats français supplémentaires, les faisant passer de 4500 à 5100.
Quels que soient les succès tactiques revendiqués par un pouvoir français démuni de tout plan B, le tableau demeure très sombre au Mali, au Niger et au Burkina Faso, comme commencent à le constater, avec un temps de retard, des médias de plus en plus nombreux.. Plus de huit ans après le début de la crise, quasiment pas un jour ne passe sans une attaque armée, l’explosion d’une mine artisanale ou des exactions contre les civils. La barre des deux millions de déplacés a été franchie en janvier.
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