Nous assistons incontestablement à un tournant historique au Moyen-Orient : la fin tonitruante de la dominance chiite. Sous l’impulsion conjointe de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite (avec l’appui décisif des États-Unis), la main repasse à la communauté sunnite. L’islam politique à la manière d’Erdogan semble désormais s’imposer durablement dans le Levant.
Une chronique de Roula M. Merhej, chroniqueuse et analyste géopolitique, Connaisseuse du Moyen-Orien, Rédactrice stratégique et éditoriale
Deux leçons essentielles se dégagent. D’abord, l’ennemi d’hier peut devenir l’allié de demain : qui aurait imaginé, il y a encore quelques années, qu’un président américain accueillerait au Bureau ovale un ancien membre d’Al-Qaïda ? L’impossible n’est décidément pas américain.
En l’espace d’une semaine, la participation du président Mohamad Al Charaa à la COP30 au Brésil a conduit à la levée des sanctions personnelles le visant, ainsi que celles de son ministre de l’Intérieur Anas Khattab.
Reçu à Washington de manière plus discrète que d’autres chefs d’État, Al Charaa a signé l’adhésion de la Syrie à la coalition internationale contre l’État islamique, devenant ainsi le 90ᵉ pays à la rejoindre.
À PETITS PAS !
Cette adhésion reste toutefois strictement politique et non militaire, selon les termes du communiqué officiel. Les États-Unis prévoient d’installer une base militaire près de Damas, tandis qu’une suspension de 180 jours de la loi César a été actée, prélude à une levée définitive par la Chambre des représentants. Cette évolution ouvrirait enfin la voie aux investissements étrangers nécessaires à la reconstruction syrienne, même si le texte officiel ne précise pas encore les secteurs concernés ni les modalités concrètes de cette reconstruction.
Lors de sa visite, Al Charaa a également rencontré Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, pour évoquer l’assistance financière et les programmes de redressement possibles pour la Syrie.
Enfin, un projet de réouverture de l’ambassade syrienne à Washington a été évoqué dans plusieurs médias, mais aucun communiqué officiel américain ne l’a encore confirmé.
L’omniprésence nouvelle de la Syrie
Quant à l’adhésion aux accords d’Abraham, objectif ultime de Donald Trump, observé avec nervosité par Benjamin Netanyahou…elle devra attendre encore. Mais l’omniprésence nouvelle de la Syrie sur la scène internationale, son retour dans le jeu diplomatique et les signaux d’ouverture envoyés par Washington laissent clairement présager, à terme, une signature des accords d’Abraham.
Reste enfin à Al Charaa de continuer à démontrer sa volonté d’un gouvernement plus inclusif, avec une plus grande représentation des minorités, et la résolution des conflits internes encore en cours, notamment avec les Kurdes.
La nouvelle « lune de miel » syro-américaine



























