« Que les Palestiniens partent ou qu’ils meurent », Benyamin Netanyahou

En imaginant de façon volontairement outrancière l’argumentation du Premier minstre israélien refusant de laisser entrer les secours alimentaires alors que la population de Gaza meurt de faim, notre chroniqueur ivoirien Venance Konan tente de parler au nom et place de Benjamin Netanyahou. Jusqu’à l’absurde.

Que faire d’autre face à une situation insoutenable que de réagir par la dérision pour ne pas céder au désespoir?

« Que veulent-ils finalement, ces Européens ? Surtout la France et la Grande-Bretagne ? Et maintenant le Canada qui les a rejoints ! Trump a bien raison de vouloir annexer ce pays. Que veulent-ils ? Que je donne à manger à ces gens-là avant de les bombarder ? A quoi bon ? Puisqu’ils seront bombardés et mourront de toutes les façons.

Moi, Benjamin Netanyahou, je crois que ces pays occidentaux préfèrent qu’ils meurent le ventre plein plutôt que vide. Mais pourquoi ? N’est-ce pas du gaspillage de nourriture ? Savent-ils combien de pauvres affamés partout dans le monde auraient besoin de toutes ces nourritures qu’ils veulent que j’aille donner à des gens qui vont mourir ? Qu’ils regardent donc l’Afrique, ce continent qu’ils aiment tant. Ils sont des milliers à mourir de faim là-bas. Ou l’Ukraine, tiens ! Là-bas, oui, ils ont besoin de nourritures, de médicaments, d’eau.

Même dans leurs propres rues en Europe, ils ont tous ces migrants qui meurent de faim et ont besoin de nourriture. Mais pas ceux-là. Non, certainement pas eux. Nous l’avions dit dès le début. Ce sont des animaux malfaisants et il faut les éradiquer de la surface de la terre. C’est tout.

Il y en a parmi ces Européens qui vont jusqu’à me demander d’arrêter de les bombarder. Mais comment feront-ils pour mourir si j’arrête de les bombarder ? Qui n’a donc pas encore compris ma stratégie ? Ou ils s’en vont, ou ils meurent. C’est pourtant simple à comprendre. Il faut qu’ils dégagent tous, pour que mon ami Trump et moi nous transformions cette terre qui me revient de droit en Riviera. Qu’ils dégagent. Soit en partant, soit en mourant. S’ils meurent de faim, ce serait une mort naturelle. Une mort bio, si l’on veut.

Une bombe, non seulement çà coûte cher, mais en plus ça pollue. En les laissant mourir de faim et de soif, on économise sur la nourriture et sur les bombes. Fallait y penser. Comme ils ne se regroupent plus en grand nombre dans un même endroit, il faut désormais plusieurs bombes pour tuer seulement quelques-uns. Parfois trois, deux, ou un. Ce n’est pas rentable. C’est mieux de détruire les hôpitaux, les réserves d’eau, les centrales thermiques et de les laisser mourir de faim, de soif, de maladies. Collectivement ou individuellement, peu importe.

« Je veux juste récupérer ce qui m’est dû, c’est tout »

Il y en a qui parlent de génocide. Qu’ils fassent très attention. Il y a des mots qui sont réservés et que l’on ne saurait se permettre de galvauder. On ne se réclame pas peuple victime de génocide aussi facilement. Ce n’est pas parce que je leur envoie des tonnes de bombes sur la tête et qu’ils meurent en masse, ce n’est pas parce que je veux qu’ils dégagent par tous les moyens de cette terre qui m’a été promise depuis des millénaires que l’on va employer un mot aussi lourd de sens. Je veux juste récupérer ce qui m’est dû, c’est tout.

S’ils étaient partis depuis le début, en 1948, il n’y aurait rien eu de tout cela. Nous leur avons par la suite fait beaucoup d’autres guerres pour qu’ils comprennent qu’ils doivent partir, mais apparemment ils sont bouchés. Ou bien font-ils exprès de ne pas comprendre ? Eh bien tant pis pour eux. Ils n’auront que ce qu’ils méritent.

J’en entends d’autres qui me demandent carrément de reconnaître leur Etat. Si cela n’est pas de l’antisémitisme, je ne sais ce qui peut encore l’être. Un autre Etat que le nôtre sur cette terre ? Qu’ils aillent bien lire le livre de l’Alliance et qu’ils viennent me montrer la partie où IL a parlé de partager cette terre avec ces gens-là. N’importe quoi !

Et d’ailleurs, dès qu’ils ont dit cela, quelqu’un a tué deux Juifs à Washington. Emmanuel Macron, Keir Starmer et Mark Carney porteront pour toujours ce crime sur la conscience.