Les voix qui pourraient le plus cruellement manquer au candidat anti Hezbollah, l’ancien ministre Jihad Azour, pour obtenir ce mercredi 14 juin la majorité des voix au Parlement, sont celles des élus sunnites, privés de leadership depuis le retrait de Saad Hariri et marginalisés par leur parrain séoudien et prince héritier, MBS, absorbé par ses ambitions régionales. Soit une petite trentaine sur les 128 que compte le Parlement libanais.
Sans leadership depuis le retrait de Saad Hariri, fils du grand Rafik, leur leader historique, les Sunnites libanais ne savent plus à quel Imam se vouer. Face à la bagarre présidentielle entre les deux camps chrétien et chiite, cette communauté semble très en retrait. On devrait assister, ce mercredi au Parlement, à une dispersion de leurs coix, une grande partie d’entre ex préférant même voter blanc.
Rien qu’à Tripoli, la capitale du sunnisme au Liban, seul un député sur onze, le général Achraf Rifi, un ancien haut cadre des services qui a l’espoir de devenir Premier ministre, a affiché son soutien pour Jihad Azour. En revanche, ils sont cinq élus sunnites, tous plus ou moins fondamentalistes, à soutenir le candidat du Hezbollah derrière l’homme d’affaires Fayçal Karamé, héritier d’une grande famille sunnite de la ville, ministre de la jeunesse et des sports en 2011 et fédérateur des islamistes de tous poils.
Neutralité séoudienne
Par ailleurs, les bouleversements régionaux qui ont vu la Syrie réintégrer la Ligue Arabe et le président Assad être reçu avec les honneurs en Arabie Séoudite ont contribué à déboussoler les Sunnites du Liban. Le prince héritier séoudien, qui aurait en d’autres temps combattu le candidat du Hezbollah, s’est tenu à l’écart de l’actuelle Présidentielle. Un président libanais, l’aumône faite à Damas, compte si peu face aux rêves de grandeur au Proche Orient. À tels point que son ambassadeur à Beyrouth, dit-on de bonne source, compte recevoir bientôt les élus du Hezbollah et n’a pas distribué, cette fois, quelques prébendes à ses obligés au Liban. « Quand les Séoudiens prennent un dossier au sérieux, ils paient, affirme un habitué de l’Ambassade de l’ArabieSaoudite. Ce qu’ils n’ont pas fait cette année pour la Présidentielle ». .