Présidentielle, les chefs d’Etat africains partagés sur Emmanuel Macron

L’élection présidentielle française qui a lieu ce dimanche est suivie avec une grande attention dans de nombreux palais présidentiels africains. Les attentes sont partagées entre ceux qui votent Macron, ceux qui applaudiraient son départ. Mondafrique vous propose un passage en revue du vote des chefs d’Etat africains. 

Cela ne fait aucun doute : le Malien Assimi Goïta et le Centrafricain Faustin Archange Touadera applaudiront de deux mains la défaite d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle française des dimanches. Avec ses homologues malien et centrafricains, Macron a entretenu des relations exécrables. A Bamako et à Bangui, les sorties enflammées du président français contre la présence russe au Mali et en Centrafrique n’ont guère été appréciées. Un départ de Macron de l’Elysée ne serait pas vécu comme un malheur dans ces deux capitales africaines. 

La colère des dinosaures: Sassou, Obiang, Bya  

Pour des raisons différentes d’autres chefs d’Etat africains, ne bouderont pas leur plaisir en cas de défaite du président sortant français. Tant leurs relations avec lui n’ont jamais été chaleureuses pendant la durée du quinquennat. On citera dans cette catégorie les chefs d’Etat qui affichent une bonne longévité au pouvoir et qui n’ont jamais compris comment leur âge et leur « ancienneté » n’ont pas été pris en compte dans les rapports que Macron a entretenus avec eux.

Signe de sa colère avec le quinquennat, le Congolais Denis Sassou Nguesso boude désormais ouvertement Paris depuis l’arrivée de Macron à l’Elysée . Il préfère désormais l’Espagne pour ses vacances et la Turquie, le Golfe ou Cuba pour ses soins médicaux.En dépit d’un déjeuner au forceps organisé en 2019 sur le Bassin du Congo par Jean Yves Le Drian, le courant n’est jamais bien passé entre Sassou et Macron.

Autre dinosaure en colère contre le président sortant français : le Camerounais Paul Biya au pouvoir depuis 39 ans n’a jamais vraiment « gobé » Macron, jugeant même que la sortie « du jeune président français » contre lui en février 2021 sur la crise anglophone était un manque de respect dû à son âge.

Mais c’est pourtant à Malabo, la capitale de la Guinée-Equatoriale, que toute défaite de Macron sera fêtée en grandes pompes. Bien que parfait francophile, Teodoro Obiang Nguema, dont le pays appartient à la zone CFA, n’a jamais été reçu à l’Elysée pendant le quinquennat de Marcon. Un affront pour « cet émir » africain du pétrole. Pire, son fils, le vice-président Teodorin Obiang a été condamné à 4 années de prison par la justice française dans l’affaire dite des biens mal acquis (BMA). Sans avoir de préférés parmi les candidats en lice, ceux-là sont dans le « tout sauf Macron ». 

Les bons amis 

Dans le camp opposé, il y a ceux qui applaudiront des deux mains la réélection de Macron. Tout le long du quinquennat, le Sénégalais Macky Sall est apparu comme un des plus grands « macron-compatibles » parmi les chefs d’Etat africains. Avec lui, la différence d’âge est moins grande mais surtout la proximité idéologue libérale est plus forte. Malgré la différence d’âge et des divergences passagères, l’Ivoirien Ouattara votera sans hésiter Macron, méfiant envers « l’extrémisme » de Marine Lepen ou « le gauchisme » de Jean-Luc Melanchon.

Mohamed Bazoum en pré-campagne dans la région de Dosso le 10 juillet 2020. Crédit photo: Cabaneprod.

 Avec d’autres raisons, le Tchadien Mahamat Idriss Deby votera également pour Macron qui était non seulement venu aux obsèques de son père Idriss Deby Itno en avril 2021 mais qui l’a surtout adoubé pour prendre sa succession. C’est sans doute plus rassurant pour lui que Macron soit reconduit pour lui permettre de dérouler son agenda de rester au pouvoir. Bien qu’il soit beaucoup moins « macroniste » que son prédécesseur, le Nigérien Bazoum devrait également voter Macron au nom du principe de réalité. Même si sa proximité idéologique est bien plus forte avec Jean-Luc Melanchon qu’il n’a pas hésité à citer lors d’une intervention publique. Le chef de l’Etat nigérien avait par ailleurs décrit Eric Zemmour comme « un marchand d’illusions ». 

L’Egyptien Al-Sissi et l’Algérien Tebboune ne verraient pas d’un très mauvais œil le maintien de Macron à l’Elysée. Mettant au crédit de Macron la réconciliation avec son pays, le Rwandais Paul Kagamé ne serait pas non plus défavorable au maintien du président sortant à l’Elysée. Sans doute pour consolider les acquis du rapprochement entre Paris et Kigali. Malgré sa prise de distance avec la France, Ali Bongo Ondimba votera sans doute Macron.

Brigitte Macron en visite officielle à Rabat visite le musée d’art de la capitale marocaine en début de quinquennat

  Les chefs d’état indifférents 

D’autres chefs d’Etat du continent accommoderont du résultat de la présidentielle française, quel qu’il soit.  C’est le cas du Mauritanien Ould Ghazouani qui n’a pas d’atomes crochues avec Macron. On pourrait en dire autant du roi Mohamed VI qui n’a pas tant entretenu des relations particulièrement chaleureuses avec Macron pendant son quinquennat.

Cette catégorie de « ni Macron, ni les autres » se recrute surtout parmi les chefs d’Etat anglophones, malgré la volonté du chef d’état françaos de s’ouvrir sur ces pays qui n’appartiennent pas à la zone d’influenc frannçaise : le Sud-Africain Ramaphosa, le Nigérian Buhari ou le Ghanéen Afufo-Addo. 

A coup sûr, l’Afrique sera donc le continent où les résultats de la présidentielle de dimanche seront scrutés avec un vif intérêt.