C’est une effrénée et inexorable descente vers les abysses. Jamais, les relations entre Paris et Rabat n’avaient atteint un niveau aussi bas qu’aujourd’hui, même pas du temps de l’affaire Mehdi Ben Barka (opposant marocain enlevé en France en 1965) ou de « Notre ami le roi » (livre paru en 1990 et écrit par Gilles Perrault sur Hassan II).
esUn article de Karim Douichi, éditorialiste
Si les relations diplomatiques entre les deux pays n’ont pas été coupé, les contacts entre diplomates sont réduits à leur plus simple expression. Cela malgré les échanges téléphoniques sporadiques et très glacials entre Mohammed VI et Emmanuel Macron.
Les seuls liens qui survivent à cette crise profonde sont qui persistent entre les Forces armées royales et les armées françaises à travers des manœuvres programmées depuis des années déjà. Même si la France n’est plus un fournisseur principal des Forces armées marocaones, les généraux des deux pays continuent à entretenir de bonnes relations, apprend Mondafrique de sources bien informées à Rabat.
Paris désormais zappé
Cette proximité n’est de mise entre les deux gouvernements. Peu de ministres français osent aujourd’hui s’aventurer au Maroc, faute d’invitation ou de projets à lancer ou à suivre. En revanche, leurs homologues ont « zappé » Paris de leurs pérégrinations européennes. La France n’est plus une escale obligée comme par le passé pour les officiels marocains. L’ambiance y est jugée « froide et peu amicale ». D’ailleurs, la chancellerie du royaume dans la capitale française est toujours gérée par des seconds couteaux depuis le départ de l’ambassadeur Mohamed Benchaâboun il y a six mois.
Christophe Le Couturier, nouvel ambassadeur de France au Maroc fait face à une étrange solitude. Même s’il n’est l’objet d’aucun ostracisme , le chef de la représentation française a bien du mal à se concocter un agenda officiel digne de ce nom. Il ronge son frein dans sa belle résidence de Souisi en attendant des jours meilleurs.
Une brouille sans précédent
Qu’est ce qui se cache derrière cette brouille sans précédent entre les amis d’autrefois ? Des sources marocaines baffirment à Mondafrique que « les Français n’ont pas pu comprendre que le Marocain n’a jamais été un Français contrairement à d’autres pays. Le royaume, même sous protectorat est resté un pays souverain et ses monarques, son makhzen et ses oulémas tiennent jalousement à leur indépendance ». Décryptage : cela voudrait dire oui à une coopération amicale, mais non à l’ingérence et aux attitudes paternalistes.
Ce qui irrite indéniablement Rabat, c’est le comportement « cavalier » que le locataire de l’Elysée resté un banquier d’affaires décomplexéadopte face à une monarchie multi-centenaire. A cela s’ajoute, comme on le rappelle à satiété dans la capitale marocaine, les positions « clairement hostiles » de certains cercles diplomatiques et sécuritaires envers les institutions de souveraineté marocaines.
Une ligne rouge que Paris a souvent franchi ces dernières années.