L’article « Boukrouh, berbériste de la 13° heure », paru la semaine dernière, a valu à Mondafrique de nombreuses réactions d’approbation. Certains internautes apportent des compléments d’informations qui font découvrir un autre Boukrouh sensiblement différent de l’image soigneusement lissée qu’il cherche à donner de lui-même dans les médias éradicateurs et auprès des « décideurs » dont il sollicite en permanence la protection. .
Un ancien du PRA révèle l’écart entre la réalité et la version servie aux médias du conflit qui a opposé Boukrouh à un de ses adjoints, Fodil Boumala, qui rendra l’ex-président du PRA malade de jalousie quand il sera chargé de l’émission télévisée « El Djaliss », où est passé tout le gratin politico-historique, sauf Boukrouh. Celui-ci a donné au conflit une explication poltico-sécuritaire en inventant des « menaces » émanant d’un « colonel des services, proche du général Mohamed Betchin », que Boukrouh avait étrillé dans une série d’articles parus dans El Watan sur ordre de ses maîtres éradicateurs. En fait, il s’agissait d’une affaire strictement privée. Le conflit entre les deux hommes est né d’une prosaïque dispute pour une jeune (et belle) traductrice présentée par Boumala à la demande de Boukrouh qui reconnaissait ses faiblesses en langue arabe.
Un autre internaute informé assure que lorsqu’il s’est présenté à l’élection présidentielle de novembre 1995, Boukrouh a donné l’ordre de ne plus citer le nom de Malek Bennabi. Boukrouh avait peaufiné son image de lettré cherchant à faire obéir la politique à des exigences morales et intellectuelles. Pour ce faire, rien n’est plus convaincant que les références récurrentes à Malek Bennabi dont il se dit le dauphin presque désigné par le grand penseur lui-même. En 1995, suite à un des virages à 180 degrés dont il a le secret, Boukrouh découvrit soudain en Bennabi un « fondamentaliste » qui « fait perdre des voix ».(modernistes) aux élections qu’il se croyait en mesure de gagner, malgré les messages que lui faisait passer le général Toufik via un généreux oligarque d’Oran lui prédisant un score infinitésimal. Boukrouh était encore sous le choc de sa débâcle historique du 26 décembre 1991. Il n’a obtenu que 104 voix dans une circonscription surpeuplée couvrant des quartiers européanisés où il n’y avait pratiquement pas de mosquées permettant au FIS de faire campagne. Son tombeur s’appelle le Dr Hammi Tabet qui militait avec d’autres membres de la « Djaz’ara », à l’association « al Bina al Hadhari » (l’édification civilisationnelle) se réclamant ouvertement de Bennabi. A la demande des « décideurs » éradicateurs, qui jugeaient la « Djaz ‘ara » plus dangereuse (parce que moins manipulable) que la Salafyia, , Boukrouh a mené campagne pour tenter d’attirer à lui des lecteurs de Bennabi en vue de créer une « Djaz’ara » d’Etat opposable à celle qui a causé sa perte après s’être rapprochée du FIS. Cette cuisante défaite lui a fait perdre la foi dans la démocratie. Comme Saïd Saadi (admiré pour cela par Chevènement), Boukrouh parlait plus de « république » que de « démocratie », en participant activement aux campagnes cherchant à prouver qu’on peut rester un « démocrate » tout en étant hostile aux élections-que l’on annule quand on les perd..Dans toute sa prose datant de cette période sombre, Boukrouh s’est efforcé de désislamiser au maximum la pensée de Malek Bennabi en faisant croire que celui-ci aurait soutenu comme lui les généraux éradicateurs avec l’électorat hostile et généreux avec leurs plumitifs obéissants. .
Un connaisseur des Carnets de Bennabi accuse Boukrouh de les avoir charcuté en fonction de ses calculs de carrière et sans aucun souci d’impartialité. Ces notes qui devaient servir de support à une réécriture en vue de la suite des « mémoires d’un témoin du siècle », dont deux volumes furent publiés par Bennabi de son vivant. Mais l’héritier putatif de Bennabi les a publiés tels quels après son limogeage du gouvernement en procédant à des sélections dictées par les calculs de carrière plus que par la méthode historienne. C’est ainsi qu’il a passé sous silence les jugements sévères de Bennabi sur Boutéflika- à qui il prétend avoir expliqué la Constitution ! Ce charcutage sert à ménager les chances de se faire à nouveau nommer ministre. De façon très peu chevaleresque, il s’acharne contre Ahmed Taleb Ibrahimi, qui a quitté la politique. Notre bennabiste médiatique l’accuse hâtivement d’avoir mis fin à la carrière administrative de Bennabi, qu’il aurait souhaité continuer à naviguer dans les eaux du pouvoir en étant persuadé qu’il lui aurait rapporté quelque nomination. Or, Bennabi lui-même a dit à un intellectuel libyen son soulagement d’avoir été « libéré » des tâches administratives pour mieux se consacrer à son œuvre. C’est donc moins l’écrivain qui intéresse Boukrouh que le protecteur sur qui il comptait pour avoir un poste, sur la base de quelques articles de presse publiés sur intervention du Dr Khaldi (un ami proche de Bennabi) et avant même d’avoir achevé ses études. Boukrouh est, sur ce point, presque sur la même ligne qu’un autre disciple qui fut autrement plus proche de Bennabi que lui. On sait maintenant que ce disciple espérait se faire nommer secrétaire d’Etat à quelque chose, grâce aux soutiens de Bennabi et de Khaldi. Mais ces calculs de carrière furent contrariés par l’incontinence du bennabiste intéressé qui en annonçant à ses proches sa nomination prochaine fut rayé des listes des ministrables pour incapacité à garder le secret. Déçu par la politique algérienne, cet orateur loquace et violent a adhéré au chiisme dont il est devenu le sergent-recruteur. Au vu des faibles résultats de sa propagande destinée à créer un courant chiite pro-iranien en Algérie, cet agitateur agité explique à qui veut bien l’entendre que Bennabi aurait été un « chiite » non déclaré, parce que pratiquant la fameuse « taqyia » (dissimulation). Si le néo-berbériste Boukrouh cherche à mettre le prestige de Bennabi au service de son plan de carrière, ce chiite de la 13° heure veut exploiter l’aura du grand penseur au profit de la diplomatie religieuse iranienne. Même s’ils ne s’entendent pas, les deux agitateurs desservent la pensée de Bennabi et portent atteinte à sa mémoire.
Boukrouh a été très loin dans la provocation calculée quand, en 2015, il a fait la stupéfiante proposition de changer le classement des sourates du Coran . Selon un internaute qui a bien connu l’ex-ministre du commerce, Boukrouh n’a pas fait cette proposition surmédiatisée sur un coup de tête. Il a réagi froidement et posément à un appel dans le Monde de la Fondation El Kawakibi, qui voulait convoquer une sorte de « Concile » musulman à Paris destiné à « réformer » le pauvre Islam. C’était la période où le juppéiste « recteur » de la mosquée de Bordeaux (coresponsable de la débâcle électorale de Juppé) Tarek Oubrou faisait de l’Ijtihad » avec les seuls journalistes des chaînes d’information continue où il sommait les musulmans de France de « changer de théologie ». De son côté, Abdennour Bidar, actionné par l’islamologue islamophobe Rémy Brague, et sans doute désireux de complaire aux Loges, prescrivait doctement l’abrogation des sourates et versets du Coran qui déplaisent au laïcisme militant et médiatisé. Appliquée selon les singuliers critères de Michel Onfray (qui dit n’avoir trouvé dans le Coran qu’un seul verset intéressant), cette injonction conduirait à faire interdire la lecture de presque tout le Coran !
L’appel de la Fondation Kawakibi était signé notamment par l’ancien premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, qui a ajouté une citation de Bennabi dont il avait lu l’œuvre (plus attentivement que Boukrouh) quand il était étudiant au Caire. Considérant que tout ce qui touche à Bennabi devrait d’abord passer par lui, Boukrouh a sauté sur l’occasion pour mettre son grain de sel, qui est vite devenu un grain de sable. Il choisit de se lancer dans une surenchère destinée à déborder Oubrou et Bidar en matière de laïcisme, juste pour se faire inviter à ce Concile », il a fait sa sortie en proposant le reclassement des sourates du Coran. Ce faisant, il a repris à son compte les séculaires chicayas chiites reprochant au 3° Calife Othman d’avoir « manipulé » la recension du Coran. Ce qui devrait le rapprocher de son rival converti au chiisme dans la course pour le monopole du discours sur Bennabi, ainsi que Abbas Moezzi qui a su enrober, à l’intention de l’orientalisme désislamisant, dans un jargon linguistique moderne les injures faites à Othman par le chiisme radical. L’envie de Boukrouh de participer au « Concile » était d’autant plus grande qu’à la lecture du nom de Marquart (ancien collaborateur du grand banquier Soros) comme organisateur, il se voyait déjà dans les circuits du capitalisme financier, avec des avantages plus importants que les commissions prélevées aux ministères des PME et du Commerce. Mais l’ex-converti à l’Islam Marquart (qui aurait apostasier suite à des déboires conjugaux) a dû jeter l’éponge et le projet de Concile à Paris fut abandonné. Moyennant quoi, Boukrouh a perdu une bonne partie de ce qui lui restait comme crédibilité et beaucoup d’« amis ».
Ainsi vont les « affaires » de celui qui voulait incarner l’aile « pensante » des protégés du DRS. Aux lecteurs d’El Watan, de « Soir d’Algérie » et, plus récemment, du site Oumma, il sert une phraséologie sur « la politique de civilisation » préconisée par Bennabi. Mais il parlait flicaille avec Toufik, et prêts non remboursables avec les protégés de Larbi Belkheir à qui il octroyait un prêt non remboursable quand il privatisait à leur profit des entreprises publiques au dinar symbolique. Ses récentes excentricités reflètent à se maintenir en équilibre dans ce grand écart.
Une internaute révèle l’existence d’un magasin de chaussures tenu par dans une petite ville de province par une proche de l’ex-ministre du Commerce de Ouyahia. Cela montre qu’en matière de retour d’épices les apprentis-penseurs du DRS appartiennent seulement à une sorte de « deuxième collège » dont les bakchichs suffisent à peine à investir dans le petit commerce. A sa décharge, Boukrouh ne semble pas avoir eu accès au « premier collège », réservé à ceux qui, comme Bouchouareb, placent leurs importantes commissions dans des paradis fiscaux …
A ce prosateur, s’applique la formule du général De Gaulle au sujet de Raymond Aron, même si comparaison n’est pas raison : « il est professeur à la Sorbonne quand il est au Figaro, et journaliste au Figaro quand il est à la Sorbonne ».
Boukrouh joue à l’intello avec les généraux qui ont peu de temps à consacrer à la dialectique. Il se présente comme un politique quand il croise les vrais intellectuels, comme ce fut le cas avec le regretté Arkoun qu’il avait essayé d’utiliser quand le PRA-Immigration lui a organisé une conférence avec cet homme de dialogue, juste pour améliorer son « standing intellectuel »….