A Paris, Issoufou devra expliquer ses dérives

Mahamadou Issoufou a quitté Niamey, le samedi 5 mai, pour Paris. Elhadj Malick Oumarou, de l’Université Senghor s’interroge, dénonce les dérives du régime

Pourquoi le président Mahamadou Issoufou casse-t-il tout et tout le monde dans ce pays ? Que cherche vraiment le Président Mahamadou Issoufou?

Un homme sincère et qui aspire à passer tranquillement le pouvoir dans deux ans et neuf mois ne se comporterait pas de cette manière. Tous ses actes n’ont qu’un seul et même dénominateur : la liquidation des acteurs socio-politiques qui refusent la pensée unique.Le Président Mahamadou Issoufou poursuit jusqu’à la déraison, la destruction du parti Lumana qui l’a pourtant aidé à conquérir le pouvoir. Tout dernièrement, il a mobilisé tout l’appareil de son parti sur le net et dans les médias contre le jeune parti de son ancien ministre des affaires étrangères, le MPN de Kiishin Kassa.

Emprisonnements en masse

Sur le plan des libertés, le Président Mahamadou Issoufou emprisonne à tour de bras, sans discernement. Tous les leaders de la société civile sont arrêtés et déportés, comme au temps de la justice coloniale méprisante à l’égard des sujets africains. Ils ne seront pas jugés avant très longtemps.

Le président Mahamadou Issoufou est décidé à liquider l’USN (Union des Scolaires Nigériens) en disant que c’est elle qui alimente les manifestations de la société civile. Les étudiants et les élèves ne sont plus les enfants du père de la nation mais ses ennemis. Il les a fait bastonner sauvagement. Il a fait emprisonner près de 270 étudiants, lycéens et collégiens, dont un grand nombre de mineurs.
Quand les nigériens se préoccupent de l’école, lui se préoccupe seulement et uniquement de détruire l’USN et faire exclure à vie des étudiants.

Les centrales syndicales sont domestiquées et ont perdu toute crédibilité. Les partis sont concassés et leur comportement défigure la démocratie.
Il a fait voter la loi la plus liberticide de l’histoire du Niger : pour la première fois de l’histoire démocratique du Niger, il est possible à une seule personne, en l’occurrence le président du CSC (Conseil Supérieur de la Communication), désigné par le président lui-même, de fermer un média privé.

Il fait voter une loi électorale et installe une CENI (Commission électorale nationale indépendante) honteuse où aujourd’hui sur dix membres, huit sont d’un seul et même parti politique.
Nous sommes vraiment au Gondwana, comme dit notre compatriote humoriste Mamane.

Le Président n’a aucune considération pour les vies des nigériens. Faites la comptabilité et vous verrez que ce régime est celui qui a le plus tué directement à l’occasion des manifestations, et cela sans aucune sanction. Il est aussi celui qui a fait tuer le plus grand nombre de nigériens indirectement à l’occasion des différents conflits qu’il a importés dans notre pays.

A côté, il claironne qu’il a fait des échangeurs routiers,des sokni, nyala, kollya, sakola et autres gorou banda. Or, tous ces projets ont été réalisés à coup de milliers de milliards fcfa, juste pour pomper des milliards et des milliards de corruption.

Je vous propose de voir les conditions indignes dans lesquelles se trouvent nos populations urbaines et rurales face à la santé, l’eau et l’éducation et vous me direz ce que vaut notre pays .Vous me direz si nous avons eu raison de mettre tout l’argent des écoles et des hôpitaux dans les échangeurs de la corruption.

Les Nigériens avaient, pendant longtemps, critiqué Hama pour la corruption de sa gouvernance. Et ils ont eu tout à fait raison. Mais aujourd’hui, on se rend compte que comparé au Président Issoufou et ses amis, Hama est un petit joueur de la 5ème division. Ceux qui nous dirigent n’ont ni hérité, ni n’avaient des revenus importants. Ils sont tous connus pour avoir vécu très pauvres, au seuil de la misère. Mais aujourd’hui, ils sont tous reconnus milliardaires. C’est une prédation sans nom et sans limite.

Tout dernièrement, les Nigériens ont découvert aussi que Bolloré est un champion de la corruption en Afrique de l’Ouest. Rappelez-vous que c’est le même Bolloré que le Président Mahamadou Issoufou a conduit dans une petite voiturette. C’est le même Bolloré qui dit avoir mis 1 milliard d’euros au Niger pour le chemin de fer de la honte, sans contrat ni convention .
Comme au Togo et en Guinée, au lendemain des élections, où il lui avait été concédé le port principal du pays, au Niger notre Président lui a concédé, de manière cavalière, contre l’avis des syndicats des commerçants et des transitaires, les magasins douaniers et le Port sec de Dosso. Curieuse coïncidence n’est-ce ce pas ?

Sur un autre plan, l’armée malgré les milliards qui semble t’il sont injectés, paraît démotivée et pas assez équipée ou assez formée pour affronter nos ennemis. L’Assemblée nationale est devenue l’ombre d’elle-même où un président, Brigi Rafini, sans personnalité a rabaissé une institution qui devait être la plus importante dans un système de représentation. Le gouvernement est dirigé par un homme qui en 7 ans n’a été que l’exécuteur des basses oeuvres d’Issoufou. Jamais il n’a été d’une quelconque contribution pour arrêter les dérives de son Président.

Les ministres les plus en vue (les sieurs Bazoum et Hassoumi Sidi ) du parti du Président ont les brevets de l’insolence alors qu’ils n’ont aucune base sérieuse, ni attache sociologique profonde avec ce pays.
Pour la première fois au Niger, un Président décroche le Nobel du népotisme en nommant son fils à une fonction officielle. Comme dans le film « bienvenue au Gondwana ».

Il pousse le népotisme et le mépris jusque dans l’armée où deux frères, même père, même mère (comme on dit chez nous ) sont chefs d’État major de l’armée de terre et de l’air.
J’ai vraiment un malaise. Je me pose toujours les mêmes questions qu’au début de mon texte et cela d’autant plus que le Président sait que les nigériens savent et comprennent parfaitement tout ce que je viens d’énoncer.

Alors pourquoi il continue ? Où est ce que le Président Mahamadou Issoufou veut conduire notre pays? Que cherche t’il au fond ? Pourquoi veut il tout détruire? Tout caporaliser? A t’il déjà oublié que lui même avait dit au Président Tandja que les nigériens ne sont pas des carpettes?

Je n’ai aucune réponse, mais je sais maintenant que si le peuple nigérien par des voies et méthodes démocratiques n’impose pas au Président le retour à un comportement démocratique et respectueux de notre nation, notre pays va connaître les jours les plus sombres de son histoire. A chacun de réfléchir et de chercher à comprendre là où le Président Issoufou veut amener notre pays.

Pour ma part, n’étant ni politicien, ni acteur de la société civile, j’ai fait mon devoir citoyen en nous demandant à tous d’ouvrir nos yeux. Avant qu’il ne soit TROP TARD !

Salut fraternel à tous !
Elhadj Malick Oumarou
Université Senghor d’Alexandrie.
Égypte.

2 Commentaires

  1. la brocante du président est peint dans ce tableau d’art que je ne saurais qualifier que le »brocantage » des institutions démocratiques au Niger. Quel tableau? il en manque des détails pour exprimer le dernier souffle d’un État qui se déconstruit.

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