La prise du pouvoir par l’armée qui vient de se produire était un événement prévisible compte tenu de la montée des périls. La crise et la violence se sont aggravées au cours du premier semestre 2020. Les violences inter-communautaires, les crimes des groupes armés signataires ou non des accords d’Alger, les exécutions extrajudiciaires ont flambé.
Cette année, les élections législatives, marquées par une abstention record et l’enlèvement du chef de file de l’opposition, n’ont pas permis d’apaiser le climat politique. Au contraire : la contestation post-électorale est en train de dégénérer en crise politique majeure, malgré l’intervention des partenaires extérieurs. Enfin, les accords d’Alger, sans surprise, sont toujours au point mort.
De quoi inspirer l’ancien Premier ministre Moussa Mara qui, dans cette chronique pour Mondafrique, qualifie son pays de « bateau dans la tempête » et appellait ses compatriotes à surmonter la crise interne pour affronter les périls extérieurs.
Le contexte international reste plus que jamais marqué par de grandes incertitudes quant à la marche du monde l’année prochaine. Des élections majeures sont prévues, les conflits larvés entre les géants persistent et la stabilité dans les relations internationales relève désormais du passé. Le multilatéralisme n’a jamais été aussi menacé depuis la fin de la seconde guerre mondiale, reléguant les organisations internationales à une impuissance dramatique.
Incertitude et imprévisibilité
L’incertitude et l’imprévisibilité semblent paradoxalement les seules données à considérer constantes pour l’année qui s’annonce. Cette incertitude est charriée sur le continent jusque dans notre voisinage avec des perspectives socio politiques inquiétantes au Burkina FASO, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Niger et même au Togo.
Face à un environnement qui tangue, chaque pays, comme un bateau en pleine tempête, doit essayer de renforcer ses armatures et bien orienter sa barre pour trouver la direction qui lui permettra de se sortir des turbulences. C’est tout le défi qui se posera au Mali les douze prochains mois. Saurons-nous surmonter nos déséquilibres internes pour faire face aux nombreux risques extérieurs ? Ou, au contraire, continuerons nous à saper le peu qui reste des fondements du Mali et faire sombrer notre pays, à la moindre alerte extérieure ou simplement par implosion ?
2019 aura été l’une des années les plus difficiles de l’histoire de notre pays avec son lot de violences, de pertes en vies humaines et de paupérisation de toutes les couches de la société malienne. Le tissu social national est déchiré en différents endroits. Le contexte social est tendu et des grèves sont annoncées en janvier. La situation sécuritaire reste précaire sur une bonne partie du territoire. Les difficultés financières aigues de l’Etat pénalisent l’activité économique et privent les autorités de moyens leur permettant d’amortir certains chocs. Les conflits politiques ne sont pas résorbés, loin de là ! La mise en œuvre des conclusions du dialogue (élections législatives, relecture de l’accord d’Alger et organisation d’un referendum notamment) est susceptible de les exacerber et de plonger le pays dans l’incertitude. Tout cela augure d’une année 2020 pour le moins mouvementée.
Il nous faut donc prier le seigneur pour donner à nos dirigeants la clairvoyance nécessaire afin d’apprécier à sa juste valeur l’inflammabilité de la situation de notre pays dans un environnement fort instable. Et, par la même occasion, de savoir prendre les mesures d’apaisement, de rassemblement et de renforcement interne indispensables à la traversée sereine de 2020 par le Mali.
Prions !
C’est, hélas, tout ce que nous pouvons faire.
Bonne année à tous
Moussa MARA