« La France, un pays que j’aimais », confesse Djamel Beghal dans cet entretien exclusif qu’il a donné à Mondafrique, alors qu’il était incarcéré en 2015. Cette tendresse pour la patrie supposée des droits de l’homme n’est plus de mise. Celui que les services ont surnommé « le Ben Laden français » a été en effet condamné en 2005 et en 2013 à dix ans de prison par la justice française.
« Le bénéfice du doute »
Dans la mesure où cet islamiste algérien a exécuté sa peine, il est légitime pour un journaliste de le rencontrer pour mieux comprendre la nature de ses engagements. Le déni de justice dont il est apparemment victime justifie lui ausiis que « Mondafrique » donne la parole à Djamel Beghal, privé aujourd’hui de sa nationalité française et que les autorités françaises vont, après sa libération le 16 juillet, expulser vers l »Algérie.
Le juge anti terroriste qui a instruit son dossier, Jean François Ricard, a lui même reconnu dans un entretien avec des diplomates américains révélé par Wikileaks, que la condamnation de Beghal reposait sur un dossier ma lficelé. Le 9 mai 2005, l’ambassade américaine narre une rencontre avec Jean-François Ricard. Celui-ci explique que les magistrats tels que lui, spécialisés dans l’anti terrorisme, bénéficient du « bénéfice du doute ». Le juge français prend comme exemple le dossier Djamel Beghal, arrêté en 2001 et soupçonné d’un projet d’attentat contre l’ambassade américaine à Paris. « Les preuves [contre lui et ses complices], explique en substance Jean-François Ricard aux diplomates américains, ne seraient pas suffisantes normalement pour les condamner, mais mes services ont réussi à le faire condamner grâce à leur réputation. »
De nouvelles lignes jaunes
Son engagement passé en faveur d’Al-Qaida va de pair aujourd’hui avec une dénonciation de « Daech » et des GIA algériens s’en prenant aux populations civiles et un refus de toute forme d’antisémitisme.
Même s’il s’agit pour Mondafrique comme pour d’autres de combattre la vision du monde qui est celle de Beghal, le propos structuré qui est le sien est un témoignage unique et passionnant qui mérite d’être connu pour mieux comprendre la genèse du terrorisme mondial.
Notre entretien avec Djamel Beghal, « le Ben Laden français »