Michel Sapin dénonce « le communautarisme » belge. Mais il ne dit rien sur les accords, en 2010, de ses amis mauritaniens avec AQMI.
Michel Sapin, ce ministre français des finances sans éclat ni charisme et dont on ignorait les compétences sur les réalités sociales belges, n’a pas été franchement très élégant en taclant « le communautarisme » de la Belgique. Ce pays et allié de la France, en état de choc après les attentats du mardi 22 mars, attendait surement plus de bienveillance de Paris.
Echappées belles
On n’a guère entendu notre ministre, lui qui aime tant les échappées belles à dos de chameau dans le désert de Mauritanie, sur « le communautarisme » de ses amis mauritaniens. Pas un mot de notre nouvel expert ès islamisme, Michel Sapin, sur la salafisation de ce pays, lui qui a toujours présenté le régime du président Aziz, notamment au sein du groupe d’amitié franco-mauritanien, comme un grand allié de la France.
Rien surtout, ces derniers jours, sur la confirmation d’un accord en bonne et due forme en 2010 entre le régime mauritanien et les dirigeants djihadistes. Ce sont les Américains qui ont déclassifié des pièces saisies au domicile de Ben Laden et qui ont confirmé l’existence de ce pacte honteux.
Plus récemment et au moment où les attentats à Bruxelles ensanglantaient l’Europe, Mahfoudh Ould Walid, l’ancien n°3 de l’organisation terroriste Al-Qaïda et qui plus est de nationalité mauritanienne, a confirmé l’existence d’un accord de « non agression » entre les autorités de Nouakchott et l’organisation terroriste Al Qaeda au Maghreb Islamique. Ces révélations ont été faites lors d’un entretien qu’Ould Walid a accordé à la chaine privée «Mourabitoun ».
« Allo? Monsieur Sapin? »
Selon l’ancien N°3 de Al Qaida, cet accord est l’une des raisons qui poussé Aqmi, ces dernières années, à ne pas cibler la Mauritanie, effectivement épargnée par le djihadisme. Michel Sapin, qui reste un des ministres importants du gouvernement qui a déclenché l’opération Serval au Nord Mali en 2013, avait sans doute noté le refus du président Aziz d’envoyer le moindre contingent aux cotés des soldats français.
Aujourd’hui, on attendrait plus de vigilance de sa part. On sait maintenant que l’étrange neutralité mauritanienne à l’époque s’inscrit dans la logique de ces arrangements scandaleux avec le coeur du djihadisme.
Allo, monsieur Sapin?
Crédit Photo @Frid Armel Louzaia