La légion du déshonneur remise par Macron à Michel Houellebecq

Alors que l’écrivain Michel Houellebecq persiste et signe dans ses déclarations haineuses à l’égard de la communauté musulmane, souvenons nous que le 18 avril 2019, l’écrivain islamophobe recevait la Légion d’honneur des mains d’Emmanuel Macron, le président de la République française. Cherchez l’erreur !

Mondafrique publiait alors une chronique indignée de Louis-Georges Tin, Premier ministre de l’Etat de la diaspora africaine, et Hamid Chriet, éditorialiste

L’annonce avait été faite le 1er janvier, et la cérémonie effective a eu lieu quelques mois plus tard. Pour ceux qui l’ignoreraient, Michel Houellebecq est cet écrivain très médiatique, qui a reçu le prestigieux prix Goncourt en 2010, pour son roman La Carte et le Territoire. Depuis plus de quinze ans, l’auteur s’est spécialisé dans la haine des Arabes et des musulmans. 

Ainsi, dès 2001, le narrateur de Plateforme déclarait : « l’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire -pardonnez-moi- que d’enculer leurs chameaux. » Mais, dira-t-on, c’est de la fiction ; le narrateur n’est qu’une construction littéraire, et ne saurait être confondu avec l’auteur. Certes.

Dans les pas de l’extrème droite

On pourrait dire la même chose de Soumission, publié en 2015, qui évoque une France gagnée progressivement par l’islamisation. Le roman joue sur la peur du « Grand Remplacement », une théorie développée par des penseurs d’extrême-droite selon lesquels la population française sera bientôt « remplacée » par les musulmans, ce qui justifierait donc la « remigration », c’est-à-dire la déportation de ces musulmans à l’extérieur des frontières nationales. Mais après tout, pourrait-on dire là aussi, n’est-ce pas une fiction ? Il ne faut la lire comme un discours politique, mais comme une œuvre littéraire.

    Or, au-delà de la fiction, l’auteur lui-même n’hésite pas à dire très clairement son sentiment dans les entretiens qu’il prodigue à la presse. Dès 2001, dans le Magazine Lire, il affirmait : « La religion la plus con, c’est quand même l’islam ». Quelques années plus tard, en 2015, dans un entretien au journal anglais, le Guardian, de son propre aveu, il affirmait : « Suis-je islamophobe ? Probablement, oui. » Dans une autre interview, à la question « Pour l’islam, ce n’est plus du mépris que vous exprimez, mais de la haine ? », il a répondu sans fard : « Oui, oui, on peut parler de haine. »

    A la parution de Soumission, Ali Baddou, journaliste de télévision se présentant comme musulman laïc, a dénoncé l’islamophobie de l’ouvrage, et a ajouté : « ce livre m’a foutu la gerbe. » Edwy Plenel, auteur d’un essai Pour les musulmans, a dénoncé la violence raciste de l’auteur. Plusieurs associations l’ont poursuivi au tribunal, mais l’écrivain a été relaxé. 

L’audimat avant tout

    Dans un contexte où l’extrême-droite progresse en France, comme partout en Europe, dans des territoires où les musulmans sont sans cesse humiliés et discriminés, Michel Houellebecq est partout invité, partout honoré, partout célébré, malgré ses propos islamophobes, et peut-être bien en raison de ces propos. Les journalistes qui souscrivent à ses thèses le reçoivent volontiers, et bien d’autres, indifférents au racisme, sont contents du parfum de scandale et des audiences médiamétriques qu’il assure à leurs émissions régulières. 

    Désormais, il a reçu la Légion d’honneur, la plus haute distinction française, et l’une des décorations les plus connues dans le monde. Elle a d’ailleurs servi de modèle dans de nombreux autres pays. Sur le site de la Légion d’honneur, cette récompense est présentée comme « un emblème national ». Plus encore, elle «  illustre l’esprit civique français, le sens de l’intérêt commun. » Mais comment peut-elle être attribuée à un auteur islamophobe, reconnu comme tel, et qui l’avoue lui-même ? La haine à l’égard des musulmans, à laquelle il contribue si puissamment peut-elle illustrer « l’esprit civique français et le sens de l’intérêt commun » ?

Colère et indignation

    La décision du président français ne peut que susciter la perplexité, pour le moins, pour ne pas dire la colère et l’indignation. Il ne nous appartient pas de spéculer sur les raisons qui l’ont poussé à faire ce choix. Que Michel Houellebecq reçoive des prix littéraires, soit. Nous ne portons pas de jugement sur l’écrivain et sur son style. Mais le citoyen Houellebecq qui, au fil de ses entretiens, ne cesse d’inciter à la haine, ne saurait recevoir une distinction civile comme la Légion d’Honneur. C’est pour nous tous une insulte inacceptable, un crachat, et il salit l’idée que nous nous faisons de ce pays. La France que nous aimons est à l’opposé de celle de Michel Houellebecq. 

    C’est pourquoi en France, dans les pays musulmans et dans le monde entier, nous appelons celles et ceux qui sont sensibles au respect des droits humains à se réunir pacifiquement devant les ambassades de France le 14 juillet 2019. A l’occasion de la fête nationale française, la nouvelle promotion de la Légion d’honneur sera annoncée, et ce sera pour tous l’occasion de demander au président français de lui retirer cette Légion du déshonneur.