Le massacre de 2000 civils à El Facher ,ce 26 octobre, à l’extrémité du Darfour, a révolté l’opinion internationale et braqué les projecteurs sur l’interminable guerre civile du Soudan. Milices, massacres, aides extérieures en armes et argent, pillages et destructions, réfugiés et déplacés : tous les ingrédients de la crise sont connus, sans que l’on voit pour l’instant une solution au conflit.
Après le reversement d’Omar El Béchir en 2019 , un des pires autocrates africains, un bref « printemps soudanais » a été détruit dans le sang par deux militaires autrefois complices, et qui depuis lors se combattent. Le général Al Burhan tient la capitale, Khartoum, et l’essentiel du pays ; son rival le général Hemedti essaie à partir de sa base du Darfour( où il a été partie prenante du sanglant génocide de 2003 à 2020) de gagner du terrain vers l’Ouest .
C’est ce que viennent de faire ses milices des « Forces de réaction rapide »(FSR) à El Facher, en massacrant avec férocité 460 patients d’un hôpital, puis 2000 civils ; faute de journalistes, les observateurs scrutent les corps depuis les photos satellites, et surveillent les vidéos, notamment celle du chef de guerre « Abdu Lulu », qui se targue de tuer sans limites ni distinction.
L’Etat déliquescent dans ses fonctions de gouvernance et de protection, ne reste effectivement que la loi des milices, souvent à base ethnico religieuses, de prédation et de violence.
La situation humanitaire est une des pires de la planète : sur 48 millions d’habitants, plus de 4 millions sont réfugiés à l’extérieur, déstabilisant notamment le fragile Tchad ; tandis 13 millions sont déplacés à l’intérieur du pays, triste record mondial.
Certes, des matières premières sont en jeu, cause de la prolongation du conflit . Ainsi de la zone aurifère du Darfour ; mais l’or se retrouve aussi dans la zone contrôlée par El Burhan, qui comprend en outre des zones pétrolifères.
Mais c’est principalement des aides extérieures que dépend la guerre : armement le plus récent, jusqu’à des drones, sont livrés des deux cotés, ce qui explique l’extermination à l’aveugle des civils.
Sommes importantes venant notamment du Golfe , mais pas uniquement, qui permettent aux chefs de milice de détourner e distribuer. Ainsi les Émirats arabes unis sont ils l ‘appui principal des milices FRS, tandis que le général Al Burhan est appuyé par les Saoudiens et la Turquie, mais aussi l’Égypte et l’Iran.
Cependant , si ces facteurs géopolitiques autour des matières premières et des alliances diplomatiques sont importants, ils ne sont par forcément déterminants : la guerre devient pour ses acteurs un mode de vie et de subsistance.
Le « factionnalisme », qui explique mécaniquement des affrontements entre groupes armés, sans idéologie autre que celle de la rivalité pour du pouvoir central, est peut être ici plus explicatif.
Nul contingent onusien ni international- et surtout pas américain( dont l’armée est encore traumatisée par le massacre de Mogadiscio en 1993) ne se profile, tandis que ls « pourparlers de paix » restent lettre morte. Devant le massacre d’El Facher un boycott , et peut être des pressions occidentales, contre le Qatar se dessinent. Si elles étaient effectives, elles ne pourraient être efficace qu’à terme.




























